L'atelier du capitaine.

Le matin est tranquille sur le campement Ithryn Luin, la rosée a fait son oeuvre sur la flore, et les reflets des goutelettes sur les feuilles exposées au soleil donnent à l'ensemble une atmosphère féérique. Vegas se lève, il a bien dormi, protégé par quelques couvertures et allongé sur un confortable tapis de mousse, il se lève aux aurores, il est de bonne humeur.

Cela fait quelques jours déjà que ses compagnons ne font que le croiser, quelques jours qu'il s'agite, allant et venant d'un pas excité dans le campement à la recherche de matériaux et outils divers.. Il avait même emprunté une petite hache à Ashkrrr, la plus petite, la seule qu'il pouvait manipuler.

Il ne cachait pas qu'il avait un projet en tête, tous les Ithryn savaient bien qu'il ammenageait toute ou partie de la minuscule caverne sur la butte au nord du campement, Vegas en avait plus ou moins interdit l'accès aux regards curieux.

Ca fait maintenant quelques semaines que les Ithryn Luin lui ont ouvert leur univers, lui ont ouvert leur coeur, Vegas se sent desormais bien parmis eux. La multitude de talents réunis ici rendent le felys heureux et comblé, il a enfin trouvé une troupe où poser ses sacoches, une famille où s'épanouir en ces contrées si inhospitalières. Le capitaine les aime desormais et ils le lui rendent bien.

Aussi, ayant maintenant trouvé ses marques au sein du campement; Vegas compte t-il bien y apporter son univers, développer son jardin à lui, faire partager à ses amis son univers, apporter ce qu'il a, il a tant pris qu'il compte bien donner.

C'est là l'objet de son mystérieux projet. Il a trouvé en cette petite caverne l'endroit idéal où monter son atelier. Un endroit où entreposer ses oeuvres, où se livrer à son activité favorite, où travailer ses pigments et laisser libre cours à sa créativité, une aire d'échange avec ses camarades.
Ce projet a pris forme, Vegas fignole les derniers détails de son petit repère.

L'endroit est chaleureux, l'entrée de la caverne est desormais couverte d'un grand rideau, preservant l'interieur du froid et des intempéries, c'est une étoffe épaisse de couleur pourpre, de la toile agéable au toucher. Lorsqu'on passe ce rideau, le spectacle est tout autant surprenant. Une structure de bois habille les parois, afin d'en consolider certaines parties, au milieu de ce cude de bois campe un tente, ou plutôt un barnum assez imposant, de couleur jaune ocre, lui, la lampe à huile éclairant l'intérieur laisse entrevoir les ombres chinoises d'un vaste cafarnaum..
Il suffit de passser l'entrée pour se rendre compte que les ombres chinoises trompent la réalité, c'est apocalyptique à l'intérieur !! Des amas de papiers, de parchemins, des pinceaux en vrac, des pots de terre cuite ayant manifestement contenu des dizaines de teintes différentes, un trépied de chêne, on y trouve aussi quelques bouteilles de liqueur.

Ici, Vegas travaille.

Ici, c'est l'atelier du Capitaine

Fin d'après midi, il a fait un temps maussade toute la journée, ce début d'hiver pèse sur les humeurs et les sourires, pas sur l'éxcitation pré-créatrice de Vegas.

C'est pour ce soir, il occupe son atelier depuis le matin, il doit préparer son coup à la perfection pour éviter de se retrouver cantonné au titre d'oeuvre d'art lui même, d'oeuvre d'art brutal, une longue trainée de sang et d'organes déchiquetés sur la plaine, au bout de laquelle on trouverait une masse difforme de poils et quelques pinceaux..
Oui, il lui a fallu préparer son coup...

Il farfouille dans son bric à brac de couleurs en vrac, d'outils minutieux et de parchemins, il prépare son paquetage en vue de son expédition colorée programmée.. Le strict minimum, des pinceaux, quelques bambous taillés en biseau, ceux là même qu'il ramena d'une expédition mouvementée chez une communauté de sages scribes à l'est, loin à l'est..
Il enfouit également dans son sac quelques boites de terre cuite, ses précieux pigments, ainsi que deux gourdasses emplies de liquides nécessaire à sa tambouille.
Quelques parchemins sont de la partie, des notes et des croquis, pour éviter au maximum de perdre la moindre seconde en hésitations..
Plus qu'une chose à prendre, celle qui parachèvera l'effet escompté, son costume de nuit, sa peau de caméléon.

Lorsque Vegas quitte enfin son atelier, la nuit ne mettra plus longtemps à tomber, quelques uns de ses compagnons s'affairent déjà à allumer le feu autour duquel la soirée sera festive, comme d'habitude.
Il évite de les croiser pour ne pas avoir à se perdre en longues explications.. Alors il file à travers le bois, se perd dans la nuit, qui promet d'être mouvementée..

On l'avait croisé depuis quelques jours déjà, sa présence avait commencé à planer sur le campement.
Les interrogations allaient arriver à grands pas, il était temps de tomber le masque.

L'anonymat est confortable pour agir sans être inquiété,mais il n'est pas une fin en soi.
Le capitaine avait préparé son coup, fait des repérages, s'était avisé des heures et tours de gardes des repères de ses victimes, torché pas mal de parchemins préparatoires...

Pour finalement passer à l'acte cette nuit..
La Luciole est une identité parallèle, un masque dérisoire avec pour seul but d'aller titiller ceux que le capitaine désire provoquer..

car il n'est pas aisé de sortir ces gens là de leur confortable situation, le stratagème ainsi pensé est peut être un moyen de les forcer à se découvrir..

La Luciole est Vegas, Vegas est La Luciole, le jeu de pistes est lancé, la perspective de la chute effraie vegas, mais son orgueil de vétéran, son égo de vieux pirate prend le dessus sur sa peur, et il sait qu'il sera soutenu dans sa démarche.

Le voilà donc attendant le retour de bâton, la réplique après son acte jubilatoire... les clés laissées derrière lui devaient conduire les agressés jusqu'ici afin qu'ils sachent la vérité, que le dérisoire masque tombe...

Tout doit se régler dans cette taverne dorénavant...