Le départ.

Je me réveille d’un doux rêve, celui d’un monde bon. Celui où les gens ont un cœur, une âme céleste et belle. Celui dont je rêve n’a pas de crétinerie, la stupidité est laissée au chien, au coq qui braille à six heures du matin, croyant bien faire.

Je me réveille et je vois mon ami Eldahin, l’elfe très petit, mais au cœur immense, bien plus grand que tous ceux que j’ai croisé, peut-être trop grand pour le porter. Puis Chimeric divine de sensibilité. Qu’est-ce qu’ils sont beaux ces deux là.

Etrange, son regard me ressemble, celui de Chim aussi.

Le soleil brille, c’est une belle journée qui commence. Bien sur on a mal au crane, la nuit a été agitée, enivrante, festive. L’ordinaire.

Raihmy est la, comme toujours, fidèle. Un ami, mon frère.

Boadicea sourit, son regard s’illumine, elle vibre déjà de cette impatience qui fait d’elle une personne superbe. Mon amie, l’amie de tous.

Lylou dort encore à mes cotés. Magnifique. Elle baille, s’étire, me sourit.

Eldahin se lève, je vois ses intentions, ce sont les mêmes que les miennes, les mêmes que celles de Chimeric, si belle, si tendre. Mon amie, ma sœur.

Sans un mot, sans une parole, nous nous levons tous, ramassons quelques affaires et ensemble nous quittons le campement. Laissant les Ithryn Luin et leur histoire derrière nous.

Un ailleurs nous attend, mais plus ici, peut-être plus loin.

Y croire n'avait rien d'inhumain, bien au contraire... Un rêve, un cauchemar... La limite est tellement mince. Oui, j'y ai cru.

Le soleil continue de briller, imperturbable, imperturbé.

Certains matins, vous vous levez avec l'envie d'aider, d'être utile...
Certains matins, vous n'en avez pas le courage. Tout change, et tout tourne, la vie est faite ainsi.

Je me souviens d'hier, je me rappelle... Saltimbanque, voila notre vie. Nous voulions divertir, nous voulions raconter. La poésie était pour moi un moyen de m'exprimer, un moyen d'expliquer. Je n'ai pas la prétention de savoir trouver les mots justes, de savoir impressionner, mais j'ai celle de parler avec le coeur, pour dire en toute franchise ce qui me déplait.

Ma vie au milieu du monde s'arrete ici, il est temps de partir, je l'ai senti.
J'aurai voulu crier, comment raconter une histoire, quand personne ne veut vous écouter? Voila ce que nous proposions au gens, de les écouter. Mais la mort est si importante sur ces terres, que les histoires glorieuses ont perdu la place qu'elles tenaient. Personne n'a cherché a comprendre, personne n'a cherché a discuter. C'est ainsi que ce monde est fait.

Ce mot "Communauté" n'a pas lieu d'être, puisqu'il est si fermé que personne ne veut y participer. Tant qu'on peut faire mieux que son voisin...


J'ouvre doucement les yeux, et je la vois, a coté de moi... Je vois Arlequin, j'entends ses pensées... Serait ce les miennes que j'entends? Je ne sais plus, je suis perdu.

Je me lève, calmement, je prends des habits, ma cape, mon baton... Et je regarde l'horizon... La bas, il faut que nous y allions. Mes amis... Je n'ai qu'eux, je n'ai que vous... Moi je vous écouterai.

J’ai l’impression de m’éveiller pour la première fois depuis longtemps. Je vois Arlequin, mon frère, mon ami. Il me regarde, amicalement, amoureusement. Eldahin le regarde aussi… Je ne peux rien dire ! Le silence qui règne en dit long. Ce silence m’explique comme le temps à défilé, comme les gens ont changé, comme certains liens se sont renforcés.

Ils vont s’en aller… Ensemble. Un grand homme qui a apprit à un autre à être ce que chaque personne humble voudrait être ; Une personne honorable, sage, qui derrière un tempérament de joyeux luron, sait cacher une sensibilité sans égale, qui sait offrir son attention et sa tendresse à ceux qui le méritent, à ceux qui l’ont écoutés, qui savaient lui apporter un minimum d’attention quand il hurlait de douleur… vous voyez, vous ne l’avez jamais entendu.

Quand je regarde autour de moi, je vois l’empire qu’à lui seul il a créé, pour nous, mais si vous n’êtes pas d’accord, surtout pour moi. Il m’a offert une famille, … et de l’amour… , Cet amour platonique, cet amour noble… Il a embelli bien des vies, la mienne en premier, mais comment moi-même être reconnaissante alors que je peste et rage contre tous les ingrats, ces idiots qui ne savent que bafouer son travail, qui cherchent à l’humilier…

Il n’y avait plus rien a dire, plus rien à faire…
Il partait, et je le suivais… par amour.
Ma main dans celle d’eldahin… mon cœur battant
Ma raison brûlée par les blessures d’Arlequin
Mes larmes remplaçaient cet éternel sourire.

Je savais que non sans mal il allait bientôt dire adieu a cette vie, pour en construire une autre. Il est persévérant pour ce qu’il juge bien. Il veut notre bonheur à tous, et c’est ce que j’ai compris.
Mon petit elfe aussi l’a compris…
Il nous veut à ses cotés.

Nous ne savons pas où il va nous emmener, nous ne savons pas combien de temps nous allons errer, mais avec lui, avec eux, je sais que je sourirais.

Il est temps maintenant… il faut y aller.

Ainsi c’est la fin, moi qui n’ai intégré ce clan que j’ai tant admiré qu’au cours de ces derniers jours. Moi le paladin perdu sur ces terres que j’ai pourtant choyées. Que n’ai-je fait pour voir un pareil spectacle.

Un peu maussade, je rassemble mes affaires, range ma cithare, cadeau de ma chère et tendre disparue depuis si longtemps. J’en caresse les cordes, le bois exotique, mes doigts parcourent ses formes si sensuelles.
Toi qui t’ai tu depuis trop longtemps. Maintenant lance ton crie, un hommage, peut-être le dernier.

Un regard dans le ciel encore indécis, fera t’il jour ou nuit ? Fera t’il beau ?
Puis un autre regard à l’étoile qui brille si haut dans le ciel, peu à peu elle s’éteint pour laisser place à un jour nouveau.
L’étoile, mon Etoile Céleste… qu’il en soit ainsi.
Une larme coule sur ma joue, impudique, je n’ai aucune honte à montrer mon chagrin. J’observe les hommes et les femmes qui partent vers un ailleurs incertain, probablement plus accueillant que les Terres Argentées. Un lieu où les artistes, conteurs, saltimbanques de tout ordre ne seront jugés et où la populace reconnaître leur génie créatif.

Je n’éprouve aucune de haine, juste une profonde déception.
Pourquoi ce rejet ? Qu’ont ils fait à part tenter d’apporter un peu de gaîté ici bas ?
Moi non plus je n’ai plus rien à faire ici.
Un regard, je comprends, m’assois contre un arbre, un saule.
Etonnante ironie du sort, c’est sous un saule que j’ai rencontré ma femme, et sous un arbre identique que je cesse sa recherche.
Mes doigts volent au-dessus des cordes. Je voudrais chanter, mais ma gorge n’est que trop nouée.

Je me laisse quelques instant, ne les regarde plus, je n’y arriverais pas. Une dernière pensée à mes amis, vivants, morts. Je repasse la suite des évènements qui m’ont amenés sur les terres Argentées, l’armée Céleste, le grand désastre, la perte de toutes ces personnes… Puis cette assemblée dans laquelle je projetais de rester parmi eux.


Je me lève finalement, décidé à ne pas me retourner, à bientôt mes amis… Je ne sais quelles surprise nous réserve la vie, mais nos chemins se recroiseront, je l’espère…
Qu’importe où me mèneront mes pas, désormais plus rien ne me retient ici. Mes pensées vous accompagnent, nous avions un rêve… ce ne sera pas ici qu’il se réalisera… Ce sera donc ailleurs…

Tombé de rideau… Ici, s’arrête la fête pour nous…

Je vois alyss, toi que je n’ai pas encore nommé, par orgueil ou par cette sottise que je reproche à tous, cette foutue colère qui me fait enrager parfois et aussi prendre les mauvaises décisions. Mais cette fois, je sais au plus profond de moi, que nous devons reprendre la route et continuer à marcher, à découvrir de nouveaux horizons, plus loin encore que le ciel nous poussera.

Je saisie naturellement Alyss par la main, un geste banal pour le commun des mortels, un geste anodin, futile, dérisoire. Et pourtant si emblématique et qui nous ressemble tellement. Je n’ai pas besoin de regarder ses yeux, je sais qu’ils sont mouillés. Je partage ces larmes d’incertitudes mêlées à celles de la certitude. Nous avons terminé notre temps ici.

Je regarde avancer chimeric, Eldahin qui lui tient la main. Décidément, ils sont beaux ces deux la. Ils m’ont tant apporté. Je ne sais même plus si je leur ai dis, ce qu’ils représentent à mes yeux, à mon cœur. C’est étrange, à force de se côtoyer on oublie de se dire les mots qui font du bien, ces mêmes mots qui réchauffent quand on a si froid, parce que la vie peut-être si cruelle que rien ne peut en effacer les sacres d’une cicatrice d’un temps passé et qui revient gifler les convictions.

Au fond, je crois qu’ils l’ont toujours su, mais je promets de leur dire encore et encore, une fois que nous serons loin.

Je sais notre campement disparaître derrière nous, bouffé par les arbres majestueux. Et curieusement, je pense à une allumette, non, à une boite d’allumette. Je me retourne et hâte le pas, mais pas assez, alors je cours, je la rattrape.

Devant elle, je perds les mots que j’aurais du lui dire. J’en cherche d’autres, rien ne sort. Je m’énerve de ne pas savoir les trouver, je me déteste de ne pas dire les mots que je prononce avec tant de facilité, devant n’importe qui. Mais en face d’elle, tout m’échappe ; verbe après verbe, les paroles s’étouffent dans ma gorge.

Une larme remplace les mots perdus. Pourvu qu’elle la comprenne, ma petite boite d’allumettes.

Je voudrais lui dire, la prendre dans mes bras, lui raconter une blague idiote à l’oreille et nous en aurions rit ensemble. Mais je reste la, pantin stupide et suspendu par une fierté grotesque, bouche fermée.

Il y a cette lassitude qui règne dans le campement, une atmosphère lourde de tristesse.

Je suis toujours dans ma chambre, je place mes vêtements avec regret dans mon sac, je ramasse les souvenirs amassés avec tendresse. J’ai du mal à voir ce qui m’entoure, ma vision est brouillée par des larmes que je tente de retenir.

Fichu orgueil… Combien de fois ais-je raté une occasion de dire mon amour à mes compagnons. Maintenant il est trop tard, le campement est vide, il y a un silence désagréable dans ce lieu qui était pourtant toujours animé de rire et de blagues.

Je prends mon sac et essuie du revers de ma main les larmes qui ont coulé, je sort à l’extérieur. Dernier regard vers la roulotte d’Arlequin, au loin mes camarades s’éloignent… Je retiens un sanglot en voyant qu’ils ne partent pas tous dans la même direction, j’ai envie de crier, mais je n’en ai pas la force. Je m’éloigne lentement pour aller je ne sais où…

Brynn, petit être aux boucles blondes, non loin du campement, les regarde partir main dans la main sans un regard pour elle, et elle ne les en blâmera pas.... coeur lourd, regrets.

Pince sans rire, grincheuse. Elle ne rit pas elle grogne. Elle ne parle pas, elle râle... En bref, elle n'a jamais eu cet esprit bien connu de joie de vivre qu'ont ses compagnons. La petite naine les a envié de faire pétiller d'étoiles le regard des spectateur. Oh oui ! ils ont une telle facilité, une telle spontanéité à rendre le sourire au plus malheureux des mortels.

Malentendu ou l'envie de faire mal délibérément, chacun interprètera comme bon lui semble certains faits. Mais le regard des autres, leurs reproches silencieux, ça elle ne le supportera pas. Aussi reste-t-elle là, se retenant de leur courir après, pestant comme de coutume contre cette réserve qu'elle a toujours haïe.

Elle aurait tant de chose à leur dire mais elle ne les dira pas. Elle a envie de leur crier un je vous aime sans râler, mais le coeur n'y ait plus... celui-ci est las, las de devoir se justifier par des mots alors qu'un simple geste, un simple regard aurait suffit à faire passer le message.

Le regard dans le vague, elle les voit s'éloigner, dans sa tête des souvenirs qu'elle n'oubliera pas, jamais, défilent pour former un kaleidoscope d'images de joie, d'émotion, de pleurs.

Silence. Il est là et la regarde. C'est une relation étrange qui les unis mêlant camaderie et exaspération. Rarement d'accord, ne sachant pas comment s'apprivoiser, communiquer, ils se blessent mutuellement au détriment de l'affection qui les uni. Dans son regard, une hésitation, la même que la sienne qui la retient de se jeter dans ses bras.

Elle se referme sur elle même, ne voulant pas de nouveau blesser, et regarde cette larme qui fait écho aux siennes. Elle lui sourit d'un sourire triste, essuie la larme qu'il a laissé échapper. L'attachement est là mais ne veut pas se faire connaître.

Elle ramasse ses affaires, le regarde une dernière fois, imprime son visage dans son esprit... il est temps.

La naine se détourne, le coeur en miette de laisser sa deuxième famille derrière elle... Mais cela est mieux ainsi. Les rires écloreront de nouveaux loin des râleries, emportés par le vent qui les emmenera jusqu'à elle. ET de joie, elle pleurera de les savoir enfin heureux quelque part en ce monde.

Ils se barrent???
Les uns apres les autres... Ils font leur paquetage... et ils se barrent...

"Kweecly à l'air bien con maintenant..."

Le gobelin déambule entre les restes de campement...
Pret de la roulotte de Arlequin, un pot de graisse de porc gît à terre. Machinalement, Kweecly le ramasse, et le range dans un sac.
Plus loin, là où Aenoria vivait, un voile est resté sur une corde à linge. Il finit avec le pot de graisse.
Tiens, ici chez Elda, un meche de cheveux blond... Certainement appartenant a Brynn... hop... au fond du sac...
Cela deviens un vrai jeu... La ceinture de cuir de Alyssandre, une des fleurs qui ornait la chevelure de Yassinda, un petit couteau ayant appartenu a Brynn... Le sac ce remplit encore et encore d'objet futile mais plein de sens!

Au fond, la ou Vegas avait installé son atelier, le gobelin rammasse une banderole, prend un pinceau...
Plusieurs minutes s'écoule, et il sort enfin, sourire au levre...
Il s'installe confortablement a l'entrée du campement... Fiere de lui!!

Une ombre passe
Le souvenir d’une âme disparue de ces terres de Sarwyen depuis bien longtemps entre et écoute ce qui se passe dans la troupe des Ithryn Luin.
Ils lèvent le camp
Ils abandonnent tout en ce qu’ils avaient cru.
Leurs rêves d’un monde qui avait une histoire, avec eux s’envole vers d’autre cieux.
Un monde qui à présent devient terne, sans vie et sans histoire.
L’ombre écoutait et se souvenait de sa déception première en arrivant sur les terres de Sarwyen au temps où il avait encore une âme et un corps qui courait l’aventure.
Il se disait en lui-même qu’à présent il n’avait rien perdu en voyant ce qu’était devenu Sarwyen.
Aussi l’ombre d’un souvenir se retira en pensant à cette troupe de joyeux compagnons qui avait tenter de faire vivre Sarwyen et de lui redonner une histoire et s’en retourna vers des terres argenté.

Le silence...

Les rires, les fêtes, les joies...

Tout ne dure qu'un temps, et ce temps est finit...

Le silence à remplacé la joie...

Le coeur serré, Sun rassembla ses maigres possessions...

Sa venue ici ne lui avait pas permis de recouvrer sa mémoire, des informations...

Mais il avait récupéré des choses bien plus importantes...

Des souvenirs agréables, joie, fêtes, amitiés...

Des amis, des souvenirs...

Le coeur lourd, je me rends compte que je suis seul...

Que je n'ai jamais exprimé ce que je ressentais, ne sachant plus le faire...

L'amour que j'éprouvais pour mes compagnons...

Et autour de moi, le silence, personne, la solitude...

Ils sont partis, finis, la troupe fut dissoutes...

Des larmes perlent...

C'est finit... Il est temps pour moi aussi de reprendre mon chemin, ma route...

Un dernier regard en arrière, je me remémores les visages de mes compagnons, les bons moments...

Et je repars... Espérant les retrouver, ou qu'au moins, ils arrivent à un endroit où ils seront enfin heureux, compris, acceptés....