deimos Turlupin
Nombre de messages : 282 Age : 51 Jeu : orishas Race : saurus Classe : CE1 (redouble) Date d'inscription : 26/07/2006
| Sujet: les vases grises Mer 1 Nov - 21:47 | |
| Vous venez de quitter la lande battue par les vents. Le terrain, depuis quelque temps, est de plus en plus spongieux. La sphaigne et la mousse ont remplacé les presles et les fougères. Vous apercevez soudain les premières flaques, vous entendez les premiers gargouillis de l'eau souterraine : vous êtes arrivé au bord du marécage.
Celui-ci a très mauvaise réputation. On dit qu'une sorcière sans âme y attire de jeunes éphèbes. On dit qu'un saurus à demi fou hante ces fondrières en poussant parfois de sardoniques ricanements. Mais vous n'allez point vous fier à quelques contes villageois, n'est-ce pas ?
Avancez encore ! Avancez parmi les aulnes chétifs et les saules au tronc torturé. Vous voilà face au premier fossé que vous enjambez aisément. Le sol devient de plus en plus visqueux. Vous pataugez maintenant dans 50 cm d'eau croupie où tournoient d'étranges insectes. Chaque pas devient de plus en plus difficile, tant la force de succion de la vase est importante.
Ah, si seulement vous aviez.. Mais oui, regardez ! Elle semble vous attendre..une barge au fond plat. Et une longue gaffe le long de ses flancs.
Rapidement, vous grimpez dans la barque et avancez le long des canaux méandreux du labyrinthe marécageux.
Parfois, le cri d'un engoulèvement, le râle d'un butor vous font sursauter. Au passage de la barge, de discrets plongeons se manifestent.
Vous évitez de regarder l'eau sur laquelle glisse l'embarcation car d'étranges lueurs parcourent parfois l'onde, jettant d'hypnotiques reflets sur les racines aériennes des palétuviers.
A parcourir ce morne paysage, toujours semblable dans ses tons vert de gris, vous en avez perdu la notion du temps. Voilà que s'annonce le crépuscule et ses nuées voltigeantes de moustiques poursuivies par des essaims de chauve souris. C'est alors chuchotis de rongeurs et appel angoissé de batraciens dérangés....
Vous n'osez vous l'avouer, mais au fond de vous, vous le savez : vous êtes perdu. Peut être même bien plus que vous ne l'imaginez... Les premiers feux follets s'allument, ultimes flambeaux de défunts aujourd'hui oubliés.
C'est alors que vous entendez. Cette respiration rauque et sifflante. Ce frottement d'écailles. Ce chuchotement moqueur.
Vous n'êtes plus seul. Hélas. | |
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