Baignade partagée à l'heure de la vesprée...

Un vrai plaisir de la conduire le long des couloirs et des salles de la Forteresse, du moins celles qui nous sont ouvertes à nous femelles aux pieds cornés, tapageurs et un peu traîtres sur les marches d'escalier...

Un vrai bonheur aussi de la guider sur ce domaine, de parcourir avec elle les longues pentes herbeuses de la montagne, de patauger à grandes éclaboussures dans les rivières, de se prendre le coup de fouet des branches basses et le frisson des fougères coquines qui glissent le long du ventre et de l'intérieur des cuisses, indiscrètes et caressantes... Je rédécouvre avec elle le plaisir de la compagnie des miens, la joie de galoper à perdre haleine, de me rouler en riant dans l'herbe grasse des prés d'altitude, comme quand j'étais enfant...

La lumière baisse comme nous rejoignons la forteresse après une longue promenade. Nos pieds et nos rires sonnent dans le grand hall, alors que je plaisante sur nos robes pleines de boue et de brins d'herbe... Ca me fait penser...

- Est-ce que je t'ai déjà montré les sources ? Non ? Tu vas adorer !!! Viens !

J'attrape sa main et je m'élance au trot dans les couloirs qui s'enfoncent loin, loin du jour finissant, là où la roche s'échauffe... Je connais bien ce chemin, les sources sont l'un de mes endroits favoris, même si ne n'y suis jamais allée que seule...

-Attention, c'est un peu étroit, ici, et il y a une pierre qui dérape, à gauche après le tournant. Sois prudente...

Puis le couloir s'évase, et la grotte s'ouvre devant nous, ocre et noire, piquetée de ce vert étrange dont je n'arrive pas à définir l'origine, emplie de cette vapeur légère à l'odeur minérale qui me fait toujours un peu tourner la tête...

Je reprends la main de ma compagne et l'entraîne le long de la rampe, vers les bassins d'eau chaude...

Sauvage et folle échappée avec Elle. Nos corps, semblables ; nos galops, partagés ; nos accélérations, communes ; nos rires, entremêlés ; nos regards, croisés… Cette impulsion bestiale qui nous guide, nous rend Une, indissociables. Que n’ai-je pas trouvé en ces lieux ? Une famille ? Pour sûr… Un abri ? Certes… mais Elle… qui es-tu ?

Une compagne, une camarade de jeu comme je n’en ai jamais rêvé…Toi, ma semblable, mon miroir. Montre-moi la voie. Prends ma main et mène-la où tu le désires, le reste aussi t’appartient. Je te suivrai. Et je la suis, à travers la forteresse et ses sous-sols… et ce couloir qui me paraît trop étroit, j’entends de l’eau coulée au-delà.

Impétueuse, elle s’aventure et m’entraîne, allongeant son corps pour éviter que la roche ne l’entaille ; mes pupilles goûtent à sa taille qui s’affine, ses reins qui se déhanchent et qui m’invitent à faire de même…

Sabot cliquetant par-ci, par-là…

Nous voilà enfin… une large caverne. Aux parois, trônent de fiers flambeaux qui flattent nos peaux luisantes de sueur et leur donnent la couleur des pains d’épices. Les murs, du sol au plafond, transpirent une eau claire et scintillante, joueuse et espiègle, comme Son sourire. Là-bas, au fond, le bassin est couronné de pierres lisses et soyeuses, recouvertes de mousse verte. Nous nous approchons et à chaque pas, l’atmosphère se fait plus humide et intense… L’eau rejaillit sur nos robes qui bientôt s’ornent d’une parure perlée. Envahie par ce décor, cette grotte, Elle… je laisse reposer à terre mes pattes avant et à l’eau ma main…

Ouhla ! Elle est chaauude !

Un frisson me courbe l’échine pourtant, à moins que ça ne soit pour mieux me pencher au-dessus du bassin et ainsi admirer le pâle reflet de son doux visage, de ses courbes qui désarmeraient une armée, de ses formes qui m’hypnotisent, m’attirent et me terrassent…

Sa main dans la mienne, je la saisis, la dérobe un court instant, rien que pour moi… j’en fais mon repas ! Je l’extorque, la soumet, rien que pour l’avoir, la sentir sur ma joue rosée d’émotions. Un mouvement et je la prie de me rejoindre, là, dans cette eau fiévreuse où mes jambes se délassent déjà. Un mouvement, un autre et hop, là voilà contre moi…

Ahh… ma Boa… Je te vois ici pour la première fois… Viens que je te dise ces milles mots qui brûlent mes lèvres…

Rayonnante, elle sourit. Confiante, elle appuie son dos contre ma poitrine… Ce dos est une caresse. Je l’enlace de mes bras et ses cheveux, immaculés, se mêlent et atténuent la cendre profonde des miens, effleurent mes épaules et dégagent un parfum suave dont je m’enivre… Mes mains s’attardent, se délectent, puis plongent dans l’eau et remontent à la surface de l’île où elles ont fait naufrage… Encore et encore... je commence un long massage sur ses épaules ainsi humides, puis son dos…

Là, tout contre Toi, le monde pourrait s’écrouler, je m’en foutrais ! Rien ne pourrait nous déranger… le chant du ruissellement m’entraînant, je souffle d’une voix douce un vieil air appris… « Paroles… paroles… paroles… »

………

La chaleur, la moiteur de l'air... Engourdie, endormie presque, je m'abandonne à ses mains, à sa voix douce et caressante... Ses doigts pressent au creux de mon dos les petits noeuds douloureux formés là par une journée de marche. Je me laisse aller contre le bord du bassin, confiant à ses mains expertes ma nuque que je découvre d'un geste alangui, un geste d'invite...

Je laisse l'eau porter le reste de mon poids, me contentant parfois de me repousser vers la surface d'une pression de sabot contre les dalles douces du fond. Je me laisse flotter contre elle, savourant cette intimité étrange, troublante, cette sensation sublime d'être aux soins de quelqu'un qui pour une fois m'appréhende dans ma totalité, centaure, et femme... Elle sait tout ce qu'il faut savoir de mon corps, comme je sais tout du sien... Les yeux fermés, je souris, je geins parfois légèrement sous une pression plus intense, plus précise... Ses mains empoignent doucement mais fermement les muscles de mes épaules, de mes flancs, massent mes côtes, chassant l'air en un soupir involontaire, glissent vers ma taille qu'elles emprisonnent d'une caresse appuyée... C'est bon... C'est tellement bon... Des frémissements me gagnent les jambes comme elle s'approprie le creux de mes reins, qui, dociles, se creusent encore sous ses mains habiles...

Je me détache du bord et me laisse flotter un instant. Plus que ses mains qui me tiennent... Quelle étrange langueur... Immergée dans l'eau chaude, les yeux fermés, je m'offre quelques secondes d'apesanteur, puis je me redresse en m'ébrouant, sur un rire. Repoussant en arrière mes cheveux trempés, qui viennent frapper mon dos en une grande claque mouillée, je me tourne vers elle souriante.

- A toi, ma belle... Allez, tourne-toi et laisse-moi faire...

Je la pousse vers le bord, l'installe à son tour le menton sur les avant-bras repliés. Je dégage moi-même la longue chevelure indigo, la ramasse et la roule en un chignon sommaire... La longue épingle est là où je l'avais laissée à ma précédente visite, je la glisse en travers de cette masse sombre et douce, solidement. Un baiser rapide sur la pommette... Juste pour dire merci ! Un si petit baiser... Un si petit frisson...

Puis je m'attaque à sa peau douce, lisse... Lentement, je fais glisser mes mains le long de sa colonne vertébrale, cherchant les muscles noués, repérant les points où il me faudra m'attarder. La nuque, d'abord... Du bout des doigts. Longues pressions symétriques qui filent le long du cou, vers la gorge, répéter, encore, encore... Jusqu'à ce que sa chair se soumette à mes mains... Puis descendre un peu, les épaules... Là il faut jouer de la main entière, paume ferme et doigts raidis...

Longtemps je me dédie à son bien-être... Avec ardeur, et avec un trouble croissant. Etrange comme le contact de cette chair puissante et si douce pourtant me fait tourner la tête... Etrange comme chaque frôlement de ma poitrine contre elle me lance un petit frisson électrique sous la peau... La bouche entrouverte, le souffle accéléré par l'effort, je la mange des yeux...

Et quand elle rouvre les siens, j'y plonge. Ce n'est pas ma faute. J'ai perdu l'équilibre ! Je vous assure, l'intensité de ce bleu m'a étourdie, j'ai eu comme un vertige et...

Son dos est une plage où mes mains ont échoué et se prélassent, elles aiment à balayer l’arc formé par sa colonne, rebondir sur les rochers façonnés par ses vertèbres tout le long, remonter jusqu’à la nuque et s’y perdre en flânerie, se faire oublier quelques instants… elles aimeraient y paresser des heures entières, parcourir chaque centimètre de cette peau et provoquer encore ces râles de plaisir qui débordent de sa gorge et font monter au plus profond de moi le désir, mais son appel à sentir ses propres mains sur mon corps attise mon appétit encore plus…

Et puis je me soumets…

... Dos à elle, appuyée contre le bassin, je deviens sienne… son refuge, son exil, son jouet, sa maîtresse ; ce qu’elle voudra faire de moi, je le consens sans réserve. Je ne me souviens pas avoir déjà ressenti ce qui m’envahit en cet instant, je n’ai aucun souvenir d’autres mains qui me touchent comme les siennes… Juste les siennes… Je veux oublier le reste sans importance. Et je découvre le Toucher, comme un sens qui n’était pas et que tu as su faire naître en moi à ton contact, quand, enfin, tes mains délicates et fermes empoignent et piègent ma chevelure… Jamais je ne me départirai de cette épingle, de ton épingle…

Et puis je cède…

… Sous ce baiser volé, cette petite fleur qu’elle dépose furtivement sur ma pommette… à peine le temps d’un mot, d’un battement de cil, de croquer une pomme… mais qu’elle est sucrée cette pomme, savoureuse, elle vous donne envie d’en manger plus, de la dévorer entièrement, sauvagement !

Un si petit baiser... Un si petit frisson...

Je me laisse aller aux sensations vertigineuses… Je sens ses doigts faire de moi leur matière. Je sens sa paume travailler mon estuaire. Je sens mes muscles se décontracter et n’offrir aucune barrière. Je sens mon corps lever l’ancre et ne plus faire de manière. Je sens ma gorge se libérer et partir en arrière. Je sens mes yeux se clore, ses seins me frôler, son souffle m’achever ! L’évanouissement proche…

Et puis je capitule…

Je n’y tiens plus ! Quand je rouvre mes paupières, je ne vois que ces yeux… Deux grandes et profondes pupilles où je m’enfonce… victime consentante… Elle perd l’équilibre et ce sont mes lèvres qui la rattrapent, la sauve de la noyade. J’accroche sa bouche, je me précipite dans ce gouffre, offrande à peine voilée… Ses lèvres, douces, sensuelles, pulpeuses… je les dévore avec passion, je plonge ma langue dedans et goulûment, sans partage, avec égoïsme, je me l’approprie… Ce sont mes lèvres désormais.

Un si grand baiser… Un si grand frisson…

… Qui me traverse, me transporte ailleurs, autre part, dans un Eden où elle est reine et moi sa muse, son esclave, sa chose si elle veut bien. Le trouble a laissé place à la certitude ; les doutes aux envies plus nombreuses encore. Je remonte ma main le long de son flan, puis les côtes et je l’oublie sur son sein, mon île.

Maintenant je suis mouillée, toute mouillée…

Affalé sur un coin de roche, un arrondi taillé dans la pierre habituellement froide et qui pourtant, ici est d’une tiédeur redoutablement agréable, tout le contraire de ma tour où soufflent les vents infernaux et glaçants jusqu’à l’os, je m’étais assoupi après une longue baignade dans les eaux fraîches, juste ce qu’il faut pour reposer un corps las et le revigorer.

Des bruits, des éclats de voix à peine dissimulés par les chants incessants des chutes d’eaux.

Je sors de ma torpeur, baille et m’étire comme un nouveau-né. Je m’agenouille un peu maladroitement dans mon recoin de pierre, machinalement, je décoiffe et recoiffe ma chevelure longue et nacre, geste vain, je reste ébouriffé de les voir se chahuter et jouer de leurs formes superbes, toutes en longueurs, finesses, courbés là où les mains aiment à se poser, là où les sens prennent toutes leur magnificence, et je les vois, je les regarde sans me lasser d’un spectacle de nymphes, nues et belles, si désirable que l’envie saisissante gagne le fond de mon bas ventre…

Surplombant les deux accolées et embrassées, ces belles qui jouent à des jeux de mains, à des jeux pour les adultes, je me dis que la vie est cruelle et que je ne serais pas le vilain de l’histoire.

Je suis humain jusqu’au bout du… et je les regarde, elles me tentent, elle réveillent le désir, lubrique, charnel, où le vice se mêle et j’aurais aimé m’en mêler, mais voilà, les miracles ne sont pas d’ici, la magie, la mienne, n’est pas des enchantements, non, elle est des destructions, et je reste là, l’habit trop serré par ce désir né d’elles, amer de n’être que ce petit humain.

Et puis, elles ne sont pas à déranger, trop belles, et dans cet acte de chair, il serait honteux de l’interrompre. Alors, je me recroqueville dans mon recoin de pierre, discrètement sans le moindre bruit de trop, me faisant petit garçon pour ne pas froisser la pierre qui résonnerait de l’être, je me terre et me tais, fermant les yeux, barrant la voie du mâle, refermant mon nid de roche sur un songe éperdu, un de ce que je m’invente pour oublier de n’être que ce que je suis, si peu, au fond.

Une chute au coeur du vertige, plongée étourdissante, reddition totale et immédiate à cette peau qui tantôt était mon objet... Tout bascule comme ces traîtres de pieds glissent au fond du bassin de pierre, faux mouvement causé par quoi ? Je ne sais pas... Deux abîmes d'un bleu infernal se sont ouverts devant moi, et je m'y suis jetée, à corps perdu...

Tout bascule, et pourtant tout se passe sans heurts, sans chocs, dans un seul mouvement fluide et souple, comme s'il avait été patiemment et infiniment répété. Une évidence... Ses lèvres gourmandes sont une évidence, son bras fort et doux dans mon dos est une évidence, ses seins haletants contre les miens, et ses yeux, ses yeux... Un univers entier y tourbillonne, vortex avide qui me happe, m'hypnotise et m'absorbe...

En une fraction de seconde je lui ai ouvert ces portes si solidement verrouillées, si étroitement gardées, surveillées. Ces portes derrière lesquelles se cachent le désir et la faim, l'ardeur, la passion, la flamme. Elle me prend, je me donne, dans un élan furieux, elle m'envahit, je cède, et je prends à mon tour. Sa main glisse sur moi, je me hausse vers elle, étouffant un gémissement dans un assaut de ma langue en lutte avec la sienne...

Tout bascule, tout tourne, tourbillonne, et je perds doucement l'esprit, le souffle et la mémoire... Un bras jeté autour de son épaule, une main contre sa nuque et je l'attire à moi, me poussant vers elle de l'autre bras posé sur le bord du bassin, dérangeant je ne sais quel objet importun qui rend un son métallique, désagréable, aussi vite oublié... Gémissant ma supplique à l'issue de ce baiser de feu, je l'entraîne contre moi, m'adosse à ce rebord de pierre, l'attire plus près, plus près, encore...

Encore...

Encore ton souffle... Encore ta chaleur en moi... Encore...

Eperdue, je reprends tes lèvres... Les yeux mi-clos, la bouche offerte, je savoure cette fois au lieu de dévorer, je goûte la tendresse ferme et moite de cette bouche douce, de cette langue joueuse et câline... Je me régale de la chaleur de ta paume sur mon sein tendu, presque douloureux, et des pointes de feu que je sens sur ma poitrine, relief de ton propre désir... Ma main derrière ton cou dérange la longue épingle de bois, elle glisse et heurte la pierre du rebord, et soudain ta nuit tombe tout autour de moi... Je souris contre tes lèvres, noyée sous ta chevelure sombre, je suis si bien, si bien... Embrasse-moi encore, caresse-moi, ma soeur, je suis tienne, tu es moi...

Ai-je seulement pris la peine de vous décrire ses yeux ? J’en parlerai des heures entières sans m’épuiser ; voulez-vous enfin savoir ? Eux, ils vous invitent à voir. Miroirs hypnotiques aux prunelles électriques, devant vous, j’abdique ! Ô ce regard qui me captive et me capture, jetez-y un œil, vous ne le reprendrez plus. Vous vous croyez attirés, vous voilà désormais envoûtés. Ne tentez pas de vous libérer une minute de ses charmes, le piège s’est déjà refermé. Et moi, pauvre prisonnière, loin de moi l’idée un jour de m’évader. Son battement de cil est comme un ordre donné et quand sa paupière, voile de chair, se plaît à se fermer, puis se rouvrir, je crois défaillir. Ne les clos point voyons, si ce n’est par plaisir de me voir souffrir ; laisse-moi donc m’immerger infiniment dans cette mer merveilleuse aux mille reflets divins. Tu es divine !

Tiiinnc !

Vous ai-je seulement entretenu de son sein ? De ce mont aux hauteurs vertigineuses que j’aime à gravir, j’en découvre le galbe au fur et à mesure que ma main en contourne les courbes généreuses. Son sein est une ode à la féminité et la plus belle découverte de ma quête sur son corps parfait. Point de répit ; mille attouchements osés plutôt ! Et j’ose sans complexe… Mes doigts escaladent cette butte jusqu’à son apex, centre gravitationnel de mes caresses. Ma bouche tente une approche et, sous cette poitrine donnée, l’épouse sans ménagement. Sous les assauts de ma langue gourmande, le bouton rose se rebiffe et se durcit, fièrement levé tel un étendard… j‘en redemande, je l’aurai bien !

Juste un détail… ce tiiinnc… Pourquoi ce tiiinnc ?

Son nombril ? Quoi, son nombril ? Mais j’en déclamerai tout autant, son nombril est une mine de diamants ! Je m’égare et traverse ce désert de délicatesse qu’est son ventre ; je couvre de baisers enflammés ce plateau de sensualité. Et je m’arrête sur ce puits charnel, dessiné à la naissance, son nombril, cette frontière naturelle où s’achève la femme et se profile l’animale. A cet instant, je la retrouve bestiale. Son crin, aussi doux et moite que sa peau, nargue mes envies et m’appelle toute entière. Je sens sa main sur ma nuque, détacher cette épingle bénie alors que je remonte vers ses lèvres et mes cheveux cendrés jaillissent, se mêlent à sa chevelure de nacre… un abri sous lequel nous sommes deux reines, seules au monde, je le crois alors, mais…

Juste ce détail, ce tiiinnc qui nous a dérangées…

... Non, pas elle, elle est submergée, accostée au bord du bassin, elle ne voit rien ! Mais ce bruit métallique trouble ma méfiance instinctive et, quand je lui rends farouchement son baiser, mes yeux ne peuvent s’empêcher de s’attarder sur ces roches qui nous bordent… C’est là qu’avec émoi, je comprends que nous ne sommes pas seules… A quelques mètres à peine, si proche, il est là, le bâton de sorcier sonore… il est là, son Maître… il est là, Lui !

Son bâton! Je pourrais presque l'atteindre... Je me serre un peu plus contre elle, j'y suis presque, doigts tendus, je l'effleure...

Comme tout bon sorcier qui se respecte, je capte les ondes émises par mon bâton… pas celui là ! L’autre, celui qui fait des bruits bizarres, qui grille les cervelles de ceux que j’affronte, et accessoirement permet d’allumer des petits feux de camps. Pratique et efficace, bien au-delà de ces bons vieux silex qui firent rage, il y a quelques temps déjà !

Sens aux aguets, queuquette en émoi, je me redresse plutôt soudainement, ce qui occasionne parfois de petits désagréments, en l’occurrence, une bosse sur le sommet du front et un cri, une poignée de jurons et une gesticulade pitoyable pour sortir de mon trou de roche.

M’énerve ces deux-là à se toucher ! Pas moyen de fermer l’œil et popol qui se déhanche dans mon froc, à se mesurer les accoudoirs et à toujours pointer son arrogance vers le nombril.

Je m’approche du bord, je reluque discrètement, je mesure l’ampleur des prestations, je…

Bordel ! Faut que je dégorge l’aspic !

J’EN PEUX PLUS !!!!!

Et merde… foutue centaure… pas moyen de faire quoi que ce soit, ça me rappellerait les biquettes de mon enfance…

De l’eau glacée ! Voilà ce qu’il faut pour refroidir les ardeurs !

Hop

J’entame un strip à l’œil, éjection des godasses à tout va, déboutonnage et tournoiement du froc avec atterrissage dans les arbres, chemise… à pu ! Et…

SPLASCHHHHHHHHHHHHHHHHH

Un bond, un saut de carpe, et un amerrissage tout en discrétion, délicatesse aquatique, ivresse lacustre, je me vautre dans la légèreté des eaux, en ébullition, en roulade, et en chant d’ailleurs ; sifflotant par-ci, hélant par là, et le tout agrémenté d’un sourire sans égal, digne fiston d’un père fortuné et sans l’infortune des hontes et des gênes, noblesse oblige et sans gêne par dessus tout !

<DEBUT>

<FIN>

Qu'est-ce que c'est que ça !!!!

Je me redresse dans un hoquet, me serrant contre ma compagne, effrayée par le bruit retentissant d'un gros objet dans l'eau... Une pierre, détachée de la voûte ?

- Qu'est-ce... Qu'est-ce que c'était ? Aim ?

Alanguie, abandonnée les yeux clos contre le rebord de pierre, l'instant d'avant, me voici tétanisée, tremblante, blottie dans les bras de ma soeur, dont la taille plus élevée et la force me rassurent... Je fouille les parois de la grotte d'un oeil effaré, cherchant les blocs instables, craignant pour ma vie, pour la sienne... Je la croyais sûre, cette grotte ! Si ancienne que tout ce qui devait tomber était déjà tombé depuis longtemps...

Enlacée à la taille mince de Aim, je me plaque contre son buste magnifique, je serre ma joue contre le creux odorant de son cou, cherchant la sécurité dans sa chaleur...

Mais...

Ca chante !?!
Ca sifflotte !?!

La voix de...

Exact.

Monsieur Arlequin Soi-même, en chair ferme et en os long, batifolant dans la flotte, sourire canaille et regard brillant ! Et comment, le regard brillant ! Fichu voyeur ! Je parie que t'en as pas perdu une miette !

J'hésite entre l'agacement pour cette fort importune interruption, la colère pour l'irrespect dont il fait preuve en déboulant avec un tel sans-gêne, et le fou-rire... C'est le fou-rire qui l'emporte. Une pierre tombée de la voûte... M'a fait peur, ce crétin ! Et ça soulage d'en rire...

Tiens, pour tes peines, j'ai décidé que j'allais t'ignorer superbement ! Ca t'apprendra. Et ça commence tout de suite... Où en étais-je ? Ah oui !

- Aim ? Aim...

Une main glissant depuis la tempe jusqu'au menton, pour ramener sur moi ton regard qui vagabonde... Laisse donc ce corps lisse s'amuser dans l'eau tiède... J'ai de la chaleur pour toi, d'une autre sorte...

Ton regard est encore un peu ébahi, le mien rit et pétille... Ma main plonge dans ta chevelure et s'y ancre, et je m'empare de tes lèvres... Plus de timidité... Plus de vertige... Rien que de la chaleur. La chaleur moite de ma langue qui vient chercher la tienne, qui la réveille et l'enveloppe. La chaleur dans mes yeux mi-clos qui renouent avec les tiens le lien étrange brisé par l'intrus. Chaleur de ma peau humide qui vient se presser sur la tienne... Ma main sur ta taille te rapproche de moi, impérieuse. Viens. Viens, ma belle... Noyons-nous...

J'aime cette sensation... L'eau chaude qui encercle ma taille comme la grande main d'un amant. Ta peau tout le long de la mienne. Ta poitrine qui se soulève, rapide, au même rythme que mon propre souffle, la pression de tes seins... Le vertige fait son retour en scène... La main dans le creux de tes reins aurait adoré y rester, mais j'ai une meilleure idée pour elle... Remonter le long de ton flanc, par exemple... Aborder par le bas ce globe lourd et ferme. Jouer avec son poids somptueux, la paume en coupe. Contourner sa rondeur affolante, et en rencontrer enfin la pointe dardée, pointée comme une arme dans l'air tiède... Passer, repasser sur le téton furieux... Jouer doucement avec sa colère, et le sentir se tendre plus encore...

Je perds mon souffle... Oublié le gêneur, il n'y a plus à nouveau que toi, et moi, et la chaleur vibrante qui naît au fond de mon corps... Je quitte tes lèvres, je quitte ton regard... La tête me tourne à nouveau, pardonne-moi, il faut que je retrouve ma respiration, je crois que je l'ai perdue là, sous ton oreille, là où la vie palpite à fleur de peau... C'est là je crois que je vais le retrouver, mon souffle perdu, et je le cherche de ma bouche avide, de ma langue excitée... Et si je ne le trouve pas là, j'irai le chercher ailleurs...

Houla ! Mais il vibre son bâton… il sent que je le titille, que je m’amuse à l’effleurer du bout des doigts. Il m’envoie de petits chocs électriques qui me font tout drôle…

Houlala ! Mais il vibre son bâton… l’autre ! Il s’agite et se durcit sous le pantalon. Il aimerait peut-être qu’on le titille, qu’on s’amuse à l’effleurer du bout des doigts. Il nous enverrait de grands chocs qui nous feraient tout drôle…

J'ai réveillé la bête, autant pour moi. Ni une ni deux, les fringues s’envolent et le voilà nu comme un ver le sorcier de ces dames. Avec un peu de chance, il nous fera un ou deux tours de magie, hein ? On le payera en nature, c’est promis…

SPLACHHHHHHHHHHHHHHHHH!!!

Et Boa qui prend peur, qui ne pouvait voir la présence du dormeur et qui maintenant se blottit contre moi. Je sens son corps fragile se rapprocher, se serrer contre le mien, plus fort, généreux, qui l’accueille sans détours et l’enlace fermement. Viens, la Divine ! Je vois ses yeux interloqués parcourir les voûtes, scruter les alentours, essayer de comprendre. J’apprécie un instant sa joue qui éventre le rideau de ma chevelure pour épouser le creux de mon cou, câlin et docile.

Je m’amuse un peu, je l’avoue, de la voir ainsi, réfugiée en mon sein, craignant pour moi, pour elle… Mais quel danger pourrions-nous encourir avec cet importun ? Je l’étreins un peu plus fort encore et approche mes lèvres de son oreille, lui susurre des mots doux qui la rassurent…

Ne crains rien ma belle! Je te protègerai de tout péril mais il n'y en a aucun ici, si ce n'est celui qui menace notre vertu.

Et oui, ça gigote et ça sifflote, ça chantonne la mignonne… La voix est familière, le grand Arlequin nous a rejoint et patauge comme un asticot, rompant le plat de l’eau ! Il a l’air heureux le bougre…

Boa tangue entre un coup bien balancé sur sa tête pour lui apprendre la politesse et le fou rire qu’elle finit par laisser éclater avec allégresse. Surprise par son indifférence envers l’entrée fulgurante qui ne me laisse moi, pas de marbre, je reste bouche bée et yeux vagabonds… yeux qui traînent et se posent sur ce mâle… un mâle d’une étrange race, pas la mienne en tous cas… enfin, il en a déjà la moitié !

Ce corps m’intrigue, ce corps étranger que je ne connais point sous un tel apparat, en d’autres termes : à poil ! Plus de déguisement, plus d’artifice ni de paillette qu’affectionnent tant les êtres humains… c’est donc à cela que ressemble un Homme ? Mmm… mmm… Intéressant, c’est fonctionnel le bazar ? Ca marche sur plusieurs modèles ?

Mes yeux pétillent de mille feux, ils s’aventurent, découvrent, aiment à deviner sous les reflets de l’eau ces contours inconnus, ces nouvelles terres vierges à ses mains.

Aim ? Aim...

Mais elle me rattrape dans ma chute et s’empare de mon regard, de mes lèvres, puis tout ! Prends tout ! Dévore moi ! A nouveau cette sensation qui m’envahit, mon corps qui se soumet à cette chaleur qu’elle diffuse de mille caresses précieuses sur ma peau brûlante, ma poitrine qui se bombe sous l’effet sublime de sa langue, ma tête qui part en arrière quand d’un geste exalté elle tire sur ma chevelure pour mieux profiter de ma gorge déployée, ma respiration dans la sienne, confondue, bruyante, à bout de souffle, au bord du paroxysme.

Je l'empoigne et la prends... moi aussi j'ai faim! Je réponds à ces caresses par les miennes, ardentes; à ces baisers par d'autres encore, fougueux; à ce regard qui me consume par mes yeux, illuminés. A nouveau, nous sommes seules, deux reines. Ce souffle qu'elle cherche à retrouver... et ma main, abandonnée au hasard de l'eau, que va-t-elle y trouver?

Eh ! Bats les pattes, la pouliche ! Ma masculinité n’est pas à laisser entre les mains de cul de bestiaux !

Bombant le torse, imberbe, nue et sans la moindre gène, je poursuis mon aventure aquatique, ma baignade est inopportune ? Sans aucun doute, mais l’eau n’a pas de tribut et je fais ce que je veux !

Quelques saltos nébuleux, brasse en éclats et bulles d’eau, je fais des babillages sur la surface de l’eau claire, mais le jeu me lasse et finalement, je m’ennuie !

Et elles… elles se moquent un peu, elles se butinent, se collent l’une à l’autre, et moi… moi, je deviens taquins, coquins… une idée de chapeau, j’en ferais sortir un lapin, mais pas celui qu’elles croient et s’imaginent, celui là sera pour moi, le lapin de mes envies…

Je coule dans les fonds du lacs aux délices, fends la courbe de ses ondulations pour rejoindre souffle coupé, les rives, les grèves, là où trône mon bâton. Je sors hors de l’eau, prince des eaux, pas sur, mais magicien un peu, libertin certainement, la chevelure suintante, mouillée, et inondant mon visage fendu d’un sourire lubrique.

Vice en tête, charme en sourire, œil vif de l’esquisse d’un piège, je ris d’une petite duperie amusante, le ver est dans le fruit, il n’y a plus qu’à le goûter, et là, la ce sera le firmament des plaisirs…

Je tourne la tête vers les amantes, sourire et encore sourire, je les toise et les désire, mon corps s’attise d’un feu de joies sensuelles, mon bas ventre grandit et pointe en avant sa toute fierté d’être libre et ivre de les désirer, et je ris, un éclat discret, un rire d’enfant qui ne l’est plus tout à fait, un rire où la pudeur n’a plus de sens, lentement ma main se pose sur le bâton…

Fallait pas toucher, mes belles…

L’eau frémit, bouillonne et dans le silence de la grotte, les bouillons se font chant perpétuel, chant chatoyant et l’inquiétude aurait pu taquiner les regards des belles noiseuses, mais le charme est jeté comme les dés sont échangés par le tricheur de table, et le jeu, pipé, s’envole dans les vertus perdues. L’eau jaillit, s’élève jusqu’au plafond de roche, geysers d’eau tièdes et suaves, trombes et grondements, et puis la lumière s’ensuit, bleuté et étincelante, puis ce sont mille couleurs qui empruntent les chemins de leurs corps, parcourant chaque grain de leur peau, peau de centaure, peau mi-bête mi-humaine.

La lumière apaise les craintes, elle dore et réchauffe les corps en émois, la pluie d’eau, goutte à goutte efface la corne de peau, gomme l’essence de la bête, chasse l’animal sous les billes de couleur qui s’écoule gracile, et dessine les trait de l’humain. De l’échine aux flancs, la croupe s'effile et c’est en chute de rein, divine en courbes, grâce et merveille, que la magie des rêves sculpte leur corps.

Les trombes d’eau s’effondrent, regagnent les profondeurs tranquilles du lac, la lumière s’élève au-dessus d’elles, formant ce qui n’avait jamais été formé, et brusquement pénètre leurs corps, et dans un dernier orgasme luminescent, disparaît, offrant la naissance de deux femmes qui s’enlacent et tremblent un peu. Et moi… moi je souris.

Cataracte tiède, comme une pluie d'été, bouillonnement des eaux furieuses autour de nous, j'ai plongé mon visage contre toi, mais c'est trop bon, cette eau qui nous fouette, alors je renverse le cou en arrière, les yeux fermés et j'accepte, riante, l'averse qui n'en est pas une.

La chaleur n'est pas que la chaleur de l'eau, ou la chaleur de toi. La lumière derrière mes paupières closes n'est pas celle des flambeaux. "Debout" devient autre chose, quelque chose que je connais un peu, que tu ne connais pas, et quand tu bascules, l'équilibre perdu, moi je te maintiens au creux de mes bras.

C'est difficile, mais l'eau m'aide, elle te porte, laisse-la faire, fais-lui confiance, fais-moi confiance... Ce ne sont que des jambes humaines, ça ne fait pas mal. Tes épaules reposent contre mon bras, ta taille soutenue par ma main, ne te débats pas, ma soeur, je te tiens, tu vois... Je ris toujours, mais je murmure quand même au creux de ton oreille, laisse-moi te porter, laisse-moi déposer tes épaules sur le rebord de pierre et baiser ta tempe enfiévrée...

Il est tout proche, celui qui guette, celui qui joue de nos corps comme pâte à modeler... Il nous observe, sourire aux lèvres, et cette flamme dans ses yeux émeraude, je la connais... C'est elle que je fixe, à mesure que je porte mes murmures le long de ton cou offert, de ta poitrine dardée... C'est elle que j'attise en laissant glisser sur ce corps alangui mes mains avides de te découvrir, de me découvrir à travers toi... Et je m'amuse à la voir grandir, la flamme verte, je joue avec elle, je souffle sur elle, je la nourris... Je ne la quitte pas du regard, comme mes lèvres ne quittent pas ta peau, comme mes mains restent rivées à toi...

Ces hanches finissaient ton buste de femme, en-dessous d'elle commençait l'animal puissant et sauvage, quelle sauvagerie cachent-elles à présent ? Une main au creux des reins te soulève vers la surface, t'offre à ses yeux ardents, à mes lèvres gourmandes... Ce ventre doux et délicatement bombé n'était pas, mais j'aime à lui parler tout bas, il frémit, on dirait qu'il m'écoute... Pourquoi replies-tu cette jambe, ma soeur ?... Laisse-la donc flotter dans l'eau tiède, le trésor que tu cherches à cacher m'appartient, et je m'en rends maîtresse à l'instant.

Mais mes yeux ne te quittent pas, magicien... Pas un instant. Oui, ils te narguent. Et oui, ils t'appellent, comme les soupirs de ma soeur t'appellent à présent...

Magie inquiétante

A l’instant, je te tenais, tout contre moi. Puissante et sure de mes gestes, mon corps m’appartenait, servant les quatre volontés de mes envies. Il me suffisait d’imaginer ton sein sous la caresse de ma main et elle s’exécutait ; un mouvement de croupe et l’eau croisait ton flan ; un pas en avant et mon sabot taquinait le tien...

Mirage de lumière… le bassin s’est évaporé, emportant mes certitudes ; des milliers de gouttelettes scintillantes se sont abattues sur nous, sur ton cou offert et m’ont renversée. Quelle genre de pluie, dis-le moi, a le pouvoir de me faire perdre l’équilibre ? Quelle sorte de magie est capable de réduire mon corps à la trahison ?

Mes sabots se sont dérobés, j’ai l’impression d’avoir perdu ma moitié… pas toi ma belle, tu es toujours là, contre moi, à m’étreindre dans tes bras et à me rassurer dans le creux de l’oreille, à empêcher la noyade qui me menace… mais l’autre moitié, celle qui me fait animale et sauvage, celle qui me supporte et me transporte dans de lointaines contrées ; je ne la sens plus…

Je ne sens plus rien si ce n’est cette boule dans le ventre qui remonte et meurtrit ma poitrine ! Et ma respiration s’accélère, s’emballe… mes yeux te fixent et te supplient de me rendre ce qui m’appartient… Qu’as-tu fait de moi, maudit sorcier ? Une bête tronquée, une pièce fragmentée, une partie de l’équation ?

Magie surprenante

Je redoutais de ne plus goûter le plaisir de ta paume au-delà de mes reins, la pensée qu’elle n’y trouverait que le néant était si douloureuse alors qu’elle m’avait envahie jusqu’à suffoquer. Pourtant elle est là, je la sens cette paume parcourir un corps que je ne connais même pas, honorer une peau qui n’est pas mienne. Et en un éclair, je comprends.

Tout est limpide à présent. Tout n’est qu’amusement… et plaisir, à nouveau retrouvé ou plutôt à découvrir. Foutu magicien ! Ainsi, tu nous as faite à ton image, tel un dieu arrogant que tu es ! Me voilà devenue le jouet d’un esprit enclin à la fabulation et aux effets de style ; il m’a prise pour une marionnette, s’amusant à tirer… les fils, d’un coup… de baguette.

Tu n’auras pas mon attention… pas encore… trop facile et si peu mérité après ce simple tour de passe-passe ! Alors je détourne mon regard maintenant apaisé et amusé et de ma gorge, se dégagent de profonds râles voluptueux que tes caresses me soutirent, la Divine. Tu as posé délicatement mes épaules sur le rebord du bassin et je délie mon corps…

Tu n’as pas eu peur, toi. Tu savais déjà… mais pas moi… et je veux savoir tout de suite ! Ma curiosité est trop forte, elle laisse glisser mon buste qui t’échappe peu à peu ; suit la tête après une ultime respiration. Et je m’enfuis, je m’évade égoïstement au centre du bassin. Plongée dans les eaux sombres, roulades et imitation de la grenouille… Là, toute seule, je découvre l’étendue des dégâts… voyons voir… deux petits petons affublés de cinq orteils chacun… Houlà, ça chatouille ! Deux mollets vigoureux qui laissent place à de superbes jambons fermes… mais je suis une bombe ! Et… et… HO ! Voilà qui est intéressant…

Magie coquine

La respiration me manque ! J’étouffe de cet air absent de mes poumons, j’étouffe sous le poids des pensées polissonnes qui me submergent soudain. Et d’une impulsion, je renais parmi eux, surgissant dans un jet d’éclaboussures au centre du bassin, je me tiens face à elle, dos à lui. Je reprends mon souffle et la dévore de mes yeux d’où jaillissent des étincelles, ma passion. Maintenant je sais aussi… on va jouer autrement.

Je m’avance vers toi, lentement mais avec assurance et je ne cesse de te fixer… je ne te quitte pas, je ne te quitte plus. Mon visage est si proche qu’il frôle le tien, doucement, par touches infimes et ta respiration s’approfondit, se confond dans la mienne. Ma main s’apprête à caresser tes cheveux, hésite, se ravise, vient finalement se poser sur tes lèvres… ces lèvres…

Un baiser, juste un baiser… pas farouche, ni langoureux… simplement ma bouche contre la tienne… goûter encore une fois de plus à cette chair salée et délicieuse… apprécier ton regard qui se perd à cet instant dans mes pupilles qui s’élargissent sous l’excitation qui me ronge à l’intérieur et que je ne puis contenir plus longtemps… et je plonge.

Je m’enfonce à nouveau dans cette eau tiède. Avec délicatesse, mes mains descendent le long de tes jambes graciles, puis remontent, les contournent, saisissent tes reins qui se cambrent légèrement. Repoussant le voile de mes cheveux qui se forme autour de moi, je m’émerveille devant ce trésor caché entre tes cuisses que j’écarte doucement, d’une paume habilement glissée. Mes fantasmes t’implorent de te laisser faire et je suis comblée… tu t’offres à moi et je m’engouffre sans pudeur dans ce berceau de féminité. Mes doigts s’aventurent entre tes lèvres… ces lèvres… ils frôlent, puis caressent et s’enfoncent enfin dans un va et vient charnel… puis s’invite ma bouche irrésistiblement attirée et ma langue qui se plait à titiller ce bouton rose…

Je manque d'air...

» Baignade nocturne
» Une baignade à venir...à venir.