Arrivée de Godescalc sur les Terres Hellequin

Godescalc arriva dans un endroit étrange… Une vallée. Mais une vallée qu’il n’avait encore jamais foulée. Il semblait y avoir une sorte de forteresse non loin, mais rien de plus, du moins, de ce qu’il avait pu voir dans cette obscurité presque totale, car bien sûr, il n’était pas nyctalope.

Il marchait lentement. D’un pas las, comme toujours, les cheveux en bataille, devenu barbu comme ce vieux Vandyr ou presque, le regard froid, les joues (ou du moins ce qu’on pouvait encore en distinguer) pâles et lacérées par ce vent froid qui soufflait incessamment. Sa cape de pluie sur ses épaules, son bâton fermement tenus entre ses doigts décharnés, comme étrangement recouverts de cendres.

Ses pieds gelés, maculés de boue l’avaient menés jusqu’ici, depuis les plaines de Barla. Il n’avait plus de doutes maintenant, il était arrivé au domaine des Hellequin après de longues heures de marche. Mais il n’était pas effrayé de s’y aventurer ainsi par une telle nuit. Bien qu’il ne puisse pas prétendre être confiant au sujet des événements qui pourraient s’y produire, il ne craignait pas grand chose. Il espérait seulement trouver réponses à ses questions dans ces contrées, et puis sa curiosité naturelle n’y était pas pour rien non plus.

Ainsi il s’arrêta près d’une petite zone boisée, trois ou quatre arbres tout au plus, mais il ne pourrait pas aller bien plus loin cette nuit ci, il attendrait demain matin afin d’éviter les rencontres imprévues dans ce noir de jet.

Il déposa sa besace au pied de l’arbre, et dans son impossibilité habituelle, ou plutôt inhabituelle pour un sorcier, de faire jaillir du feu de ses mains pour allumer un brasier afin d’éloigner les bêtes des plaines, il tenta une ascension dans la cime du plus haut arbre présent. Une fois en haut il coinça son bâton non loin de sa main et fit léviter sa besace jusqu’à lui pour l’attacher à une des branche.

Puis, une fois en place, il s’adossa au tronc et se reposa tout en gardant un œil ouvert et l’oreille aux aguets pour les éventuelles créatures ou les éventuels voyageurs en approche…

Godescalc ouvrit les deux yeux, il était réveillé, il avait bien entendu. Quelque chose s’était approché, il n’avait pu le voir, mais il avait pu l’entendre.

Hum… 4 Pattes... Je dirais même 4 sabots, se dit-il en lui même.

"Il y a danger, tu ne peux le nier, laisse moi faire !" , ces mots résonnèrent dans sa tête. Il n'était de nouveau plus seul...

Godescalc mit la main à son baton le regard flamboyant, un petit sourir sur le coin des lèvres. Puis soudain, il retaint sa main et replia violemment le bras contre son torse, son sourir devenant grimace.

-Non pas question, plus jamais je ne referai les mêmes erreurs ! Je veux savoir qui c'est.

"Tu en feras d'autres !" cracha l'autre avec mépris.

Une voix un poil méfiante s'éleva alors de l'ombre :


- Un drôle d'oiseau... Passereau ou rapace ? Ou vautour, peut-être ?



- Rapace ! Lança-t-il d'une voix rauque qui n'était pas la sienne.

- Non ! reprit-il de sa voix normale, qu'il voulait calme et assurée...
Je veux dire... Je sais que d'ordinaires ce sont les oiseaux qui se perchent sur les branches,mais est-ce pour autant toujours le cas ?

Godescalc laissa un blanc dans l'obscurité silencieuse avant de reprendre.

- Ma foit il est possible que je fus un rapace ou un vautour, mais pas aujourd'hui. Et vous ? Quel type d'oiseau seriez-vous ? Retourna-t-il, l'air tout aussi méfiant.