Promesses

Quel silence...

Ca met mal à l'aise, quand même...

J'entends juste mes sabots sur les dalles, et le vent.

Toujours aussi désert, cet endroit, toujours aussi... Bref. Mal à l'aise.

Je retrouve sans peine la place, le rocher dressé où elle s'était perchée, petite flûtiste au chant déchirant et solitaire, et l'endroit où on avait dressé ce petit feu... L'endroit où elle avait failli me tuer, la félys à la toison sombre... Je ne sais pas pourquoi, c'est ici que je pense avoir le plus de chances de la retrouver. J'ai promis. Elle a promis, elle aussi.

Voilà, Caramiel. Je suis là. Je t'avais dit que j'en sortirais vivante. Pas intacte, non, mais vivante. Et que je viendrais à ta recherche... Alors me voilà. A toi maintenant de me dire comment je dois m'y prendre... J'ai un corps à retrouver, et une âme. Rude besogne. Il est temps.

Caramiel !

Ma voix tremble, fluette, ridicule... Mais de quoi ai-je peur ?

C'est exactement de ça que j'ai peur.

De n'avoir que le bruit du vent comme réponse...

Le
vide et le néant sont les maîtres du lieu. Ils jouent à cache à cache. Ils se
poursuivent dans un silence sépulcral. Ils s’égayent dans cette ambiance de
tristesse et de mort. Les feuilles mortes ne bruissent plus et le vent s’est tu
depuis longtemps. L’arbre est mort. Sec. La poussière de ses branches semble
centenaire. Les lieux sont un désert de matière et de sentiment.

Le
vide et le néant s’embrassent et se consument dans une étreinte passionnelle. Ils
virevoltent et se caressent. Ils s’aguichent
et se pénètrent. Ils se jouent des malheurs et du désespoirs. Ils se repaissent
de la détresse de ceux qui souffrent.

Le
vide et le néant sont les seuls maîtres des lieux.

Des affaires de Caramiel il ne reste rien. Elle n’a quasiment pas passé de temps dans ce havre de mélancolie. Seules quelques traces d’encre noire sur le sol montrent qu’elle y a écrit un peu. Une couverture légère est pliée dans un recoin.
Quelques traits sur le sol et un bâton laissé là. On y distinguait une silhouette élancée. Une femme, vraisemblablement. Une femme haute et puissante, elle paraissait se pencher vers l’avant et tenait quelque chose dans la main, un arc ou une lance, une arme sans doute qu’elle brandissait avec grâce. Mais la base en avait été effacée d’un geste rageur. Les feuilles avaient également participé à la destruction du croquis en balayant le sol.
Derrière un haut rocher qui trônait au centre cde la clairière, on pouvait également trouver un autre morceau de bois jeté là. Il comportait un petit nombre de trous disposés ça et là. Il é »tait brisé.

La flûte. Brisée.

J'en pleurerais, tiens...
J'ai encore le son dans les oreilles...
Chant d'oiseau, vent dans les branches... Coeur qui gémit.
Elle était si belle, sa musique.

Oui je sais, c'est idiot. Mais je prends quand même la flûte.

Je fais demi-tour. Il n'y a personne, ici. Il n'y a plus personne...
Je remonte la place. Le pas lourd. Les yeux dans le vague.

Vague...

Vague sihouette. Esquisse. Hasard ?

Je m'approche.
Ce n'est pas un hasard. Ou un hasard qui était droitier...

Une femme. Une reine ? Une déesse ? Grande et belle, forte, sereine... Armée. Reine guerrière.

Et le revers de main rageur. Balayée. Reniée...

"Je suis une Amazone, ou du moins je l'étais"...

Une Amazone...
Reine guerrière, ou déesse guerrière, peu importe.

C'est chez les Amazones que je poursuivrai ma promesse, ou mon utopie...

(une suite : http://amazones.actifforum.com/La-place-d-Artemis-c1/La-Taverne-d-Ares-f1/-p7716.htm#7716)

Aller et retour.

Pourquoi ici ? Je n'en sais rien.
Mais cet endroit est celui où elle existe le plus pour moi. Alors il en vaut un autre, non ?

La prêtresse à mes côtés, je parcours les rues désertes, en silence.

Je ne sais pas ce que j'attends.

Je sais juste que ça viendra.
Quand il le faudra.

La petite place. Le rocher gris.
Le dessin sur le sol s'est effacé.

C'est ici qu'elle se tenait quand je l'ai rencontrée.
Là haut, sur ce rocher.

Un long silence.

Je crois qu'il ne nous reste plus qu'à attendre, à présent...

L'endroit était désert, d'un silence absolu, je me demande ce que Caramiel venait y faire : trouver le calme, la solitude, méditer très certainement.

J'observe le rocher et je la vois, perchée là haut, enfin je l'imagine plutôt.

Je n'ose rompre le silence et c'est à voix basse que je réponds à Boadicea, comme si ma voix pouvait faire fuir un éventuel visiteur.

Attendre, mais attendre quoi, ou qui, le faucheur ?

Je reste aux aguets à l'affut du moindre bruit, d'un indice qui me révèlerait la présence d'un observateur.

Attendre... Je ne sais pas.

Attendre.
Je le sais, c'est proche.

Tout proche.

C'est là.

Elle est apparue dans le rocher, à gauche.
Il n'y avait que le roc gris, j'ai regardé ailleurs.
Quand j'ai regardé à nouveau le roc gris, elle était là. Toute simple. Sans fioritures.

La porte.

Un regard vers la prêtresse.
Pas un mot.
Je lui désigne la porte.

A elle de choisir...

Il est encore temps de reculer, Gwenwyfar.

https://ithrynluin.1fr1.net/L-ancienne-forteresse-A-la-rencontre-des-Ithryn-Luin-c3/La-forteresse-par-dela-f84/Le-Temple-f44/La-Porte-t2537.htm

Reculer...

Non je n'ai pas enquêté, ni fait tout ce chemin pour reculer si près du but ce serait absurde, ridicule.

Je regarde Boa et lis la même détermination dans son regard.

Peu importe le danger, ma décision est prise. Ho ce n'est pas que je n'ai pas peur, je ne connais pas le faucheur, et qui sait ce que je trouverais derrière cette porte, on a toujoyurs peur de l'inconnu.

Je fixe une nouvelle fois la porte, je m'approche doucement et pose ma main sur le bois, une dernière fois je regarde Boadicea pusi j'entrouvre la porte.

Entrons !!

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