Les yeux emplis d'embruns...

La Duchesse s'approcha du miroir avec circonspection. Elle ne savait même pas ce qu'elle faisait ici. Depuis quelque temps, elle comprenait de moins en moins bien ce qui se passait. Elle se souvenait s'être évanouie, et puis... cette cité... l'avait appellée. Et elle avait répondu à cet appel.
Elle effleura de ses longs doigts fins le miroir, et eut du mal à se reconnaitre. Ses longs cheveux bruns cascadaient sur ses épaules couvertes de velours bleu profond, et les pierreries qui ornaient son cou, ses mains, ses poignets et sa ceinture lui pesérent brusquement. Ses yeux reflétaient une telle fatigue et son teint avait maintenant une telle paleur qu'elle avait surement l'air plus morte que vivante. Pourtant sa force jeune, sa puissance naturelle, reprirent vite le dessus, et c'était avec presque du plaisir qu'elle vit rosir à nouveau ses joues et rougir ses lévre. De loin, elle observait, elle ressentait.

*Tous les habitants de cette cité n'ont pas l'air trés fréquentables...*

Encore une fois, les yeux de la Duchesse se portérent sur ses vêtements d'une richesse presque provocante tellement elle sautait aux yeux. Elle ne pouvais faire un geste sans qu'un metal précieux tinte aux oreilles, et ses doigts croulaient sous les bagues.

*J'ai bien trop l'air d'une aristocrate. Où pourrais-je trouver quelqu'un de civilisé ici ? Tout ce que je veux c'est reprendre mes anciennes activités... le pillage, l'oranisation des vols, la poursuite de la fortune... de temps en temps voyager ça et là et jouer dans les théâtres... comme j'étais bien auprés des pirates...*

Pour la premiére fois elle ne savait que faire ni où aller, et ne voulait pas s'attirer trop tôt des ennuis en usant d'une magie de repérage qu'elle savait trés envahissante.

* Par Dieu... je suis complétement perdue. N'y a-t-il pas au moins un port par ici ? *

Ting!

Je l’entends, cette première note d’une douce mélodie. D’aussi loin qu’elle puisse venir, j’en trouverai la source. Continue, ne t’arrête pas, fais encore sonner le rassemblement des petits doigts agiles. Avec un peu de chance, il s’agit d’un beau jeune homme que j’allègerai de bien plus que quelques piécettes, et qui repartira d’ici avec le sourire. Je reste dans la pénombre de ce coin de rue, là où les murs s’enlacent sans vouloir se séparer. Et je l’observe.

Et voilà, encore une gonzesse… C’est pas possible, ça… Nos mâles doivent avoir une hyperactivité hormonale pour attirer les femmes de la sorte. Demain, conseil de guerre, il faut rabattre ici quelques hommes, des vrais, pas des travelos ou des tapettes!

Comment je vais me la jouer, ce coup-ci? Discrétion, non, j’en ai ma claque d’avancer à pas de loup cachée sous une invisibilité aléatoire. Usons de flatterie envers la daronne, elle va aimer ça. Et puis non, ce sera une petite mise en scène, aujourd’hui.

J’efface ce sourire qui veut s’étaler sur mon visage à l’idée du jeu qui va commencer. Et je me lance. Je cours vers elle, tout en regardant en arrière. Je la bouscule, je tombe. Approche réussie.

Sous l'impulsion, la Duchesse avance de dix pas et manque de trébucher sur l'être qui vient de tomber à ses pieds. Elle se penche vers elle trés bas, jusquà ce que son visage touche presque le sien.

"Bonjour jeune... fille. Est-ce la maniére dont on accueil les étrangers ici ? En leur sautant dessus ? D'habitude je me débrouille plutôt pour que se soit un homme qui se jette à mes pieds . "

Machinalement elle se met à tortiller un lourd collier de rubis qui pend à son cou, et prend entre ses mains le menton de la jeune fille.

"Si elles sont toutes aussi jolies que toi ici remarque, je comprends que cela plaise."

Un sourire mystérieux se dessine sur les lévres de la Duchesse pendant qu'elle essait de décrypter l'expression du visage de la fille.
*C'est incroyable, j'ai l'impression que je ne la voie pas pour la premiére fois...*
En essayant d'atténuer quelque peu son allure hautaine, la Duchesse tend la main à la jeune fille.

"Quel est ton nom ? Tu viens de la cité là-bas ? "

Amadeus se planque derriére un mur et observe la scéne. C'est une femme qu'il y a à terre ! Serait- ce la bourgeoise qui l'a fait tomber ?
Amadeus sert un peu plus fort son poignard dans la main, dans le cas ou il aurait rapidement à s'en servir. Le détecter est quasiment impossible, mais il faut s'attendre à tous avec les non-humain... Bien que ni l'une ni l'autre ne semble particuliérement différente de cette race à qui il appartient de moitié. Avide d'information sur l'une et l'autre de ces personnes, il attend son heure et par dessus tout la suite de cette discution qu'il peut espionner en toute impunité...

Approche réussie. Il est beau, ton collier… T’as raison, tortille le, profites-en, parce que bientôt, il ne pèsera plus à ton cou. Elle se la joue grande dame, m’offrant sourires, jolies phrases, et main tendue. Non mais tu vas voir, Madame la Princesse, j’ai pris des cours de noblesse avec le meilleur des profs de tout le Sarwyen.


On ne juge pas au atours, mais aux culottes.

C’est ça qu’il dit, le Morty. J’ai jamais compris pourquoi, d’ailleurs. Le langage des bourgeois, c’est pas pour moi. Alors avant de me relever, toujours allongée au sol, j’attrape le bas du jupon de la galante au lieu de sa main, et je soulève. Et j’analyse.

Culotte en laine. Elle doit venir d’un coin où il ne fait pas chaud… Puis pas très neuve… Mais ça, je sais pas ce que ça veut dire. Faudra que je lui demande, au Morty. Parce que lui, il sait lire dans les culottes comme les sorcières dans le marc de café.

Et toi là bas, le mâle qui se planque… Tu crois vraiment que je n’ai pas senti ta présence? Il y a tellement peu d’homme dans le coin que j’ai appris à reconnaître l’odeur caractéristique de leurs hormones… Musc pour Arl (toujours en chaleur, celui là), violette pour Eli (ben oui, Eli, tapette…), fleur des champ pour Nad (lui, il triche avec ses poils de Félys en se roulant dans l’herbe), parfum d’Aim pour Zara (depuis quelques temps, ils n’arrêtent pas de se frotter, ceux là)…

Alors, tu aimes le spectacle? Tu veux te joindre à nous? Avant que la Madame De Montenhauépaenbas ne se vexe tout rouge, je me relève.

Moi c’est Aelis. Ficelle officielle de ces lieux.

Une courbette ? Et puis quoi encore… Ça fait des lustres que j’ai pas entendu « Aelis, ménage » ! Alors autant profiter. Ça n'a rien à voir ? Et alors?

Aélis ? Mais nages-tu donc dans l'inconscience à te promener nue ou presque au beau milieu des rues ? Ca ne choque plus personne dans la forteresse, mais bon... Fais un peu gaffe, quoi...

Un petit murmure à sa délicieuse et délicate oreille...
(c'est avec des impudeurs comme celle-là qu'on passe toutes pour des coquines !!!! )

T'as du bol, j'avais un petit froid ce matin, j'ai emporté ma cape.

Allez allez, cache-moi tes petites splendeurs sous l'étoffe... Tu n'as pas idée de toutes les paires d'yeux masculines qui te guettent depuis les embrasures de portes et de fenêtres... Moi ? Oui mais moi c'est pas pareil, je suis une centaure, je suis impraticable pour la grande majorité d'entre eux, ce qui n'est pas ton cas, petite...

Bon.
C'est qui, la Dame ?
Jolie robe.
Jolis bijoux.
Menton haut et sourcils idem...
De la haute.

Je soupire...
Y'a rien à faire, des fois il faut essayer d'être un minimum courtois.

Madame. (signe de tête)

Et puis un silence intense et expectatif.

Qu'est-ce que tu fous ici, madame ?
Invitée ? Perdue ? Curieuse ?
Pour le coup c'est moi qui suis curieuse.
Tu penses...
Une Dame de la Haute, ici...
J'en rêvais encore la nuit dernière, tiens...

Allons, Boa... Un peu moins de brusquerie.
T'aimes pas les petits de ?
C'est pas sa faute.
Alors essaie au moins un sourire de politesse...

Pffff... Bon.
Mais un petit, alors.