[Les Ithryn Luin]
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 De la dénudation du coeur

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Aim
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Aim


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MessageSujet: De la dénudation du coeur   De la dénudation du coeur EmptyMer 4 Avr - 4:46

« Loin du monde, je respire. »

Loin des hautes murailles où vibre l’écho d’appels désespérés, à distance des loges fastueuses qui flattent coquetterie et vanité féminine mal placées, à l’écart de la foule qui se presse au portillon, piquée de curiosité, à mille lieues des bordels puants de luxure et de vices.

A l’horizon, des champs de bataille où les guerres ne se livrent qu’à moitié.

A l’horizon, le glas funeste de cloches entonnant l’hommage d’un royaume déchu.

Comme le monde me pèse, à cet instant précis.

Ils sont là bas, sur la place publique, à palabrer sans fin, voir s’ils peuvent discourir plus longtemps que le soleil ne peut rester dans le ciel ! Mais moi je ne saisis rien de ces belles paroles… pauvre bête que je suis, moi je ne connais que le goût du sang, que l’odeur de la chair putréfiée, que la couleur du pré souillé par la bataille, que le son de la flèche filant droit, que le toucher de mon arc et j’en suis fière ! Mes sens me guident…



… Ils me guident jusqu’à toi aujourd’hui.

La lune s’est fait belle. Voluptueuse, elle montre sans complexe ses rondeurs, laissant tomber l’habit nuageux pour nous offrir la nudité parfaite. Sa pâleur exquise, teint de porcelaine, poudré avec soin. Elle se fait désirer, se cache entre mille cimes d’arbres mais je finirai bien par l’avoir ou la voir ce soir. Elle me guide, trace la voie jusqu’à cette lourde porte en bois, massive et austère, le poids des siècles y a tracé une infinité de rides entre chaque pierre.

J’appose ma main sur cette peau vieillissante, froide et humide, rugueuse et minérale. Une émotion fugace mais intense me traverse, un bond du cœur qui tente d’arracher mes entrailles et plus rien, la sérénité m’envahit. Je sais la forteresse derrière moi, je sens l’ombre qu’elle projette jusqu’ici. Je suis prête. Sans me retourner, je pousse la porte grinçante et me faufile, les sabots résonnants, dans une cour pavée. Au bout, un passage…

D’un trot léger, je m’aventure sur le sentier et découvre l’harmonie d’une nature oubliée, vestige disparu de la mémoire… Arbres inconnus, fleurs aux formes inimaginables, fruits aux senteurs si parfumés, le sol est couvert de feuilles aux milles teintes. Devant moi se divulgue l’essence même de la beauté et seules les lucioles virevoltantes semblent y séjourner. C’est à peine si le battement vrombissant de leurs ailes trouble le calme profond qui règne en maître.

Est-ce toujours la nuit ?

Impossible à dire. J’ai perdu mon chemin et la conscience du temps du même coup. Depuis combien d’heures suis-je là, à admirer le paysage, à m’emplir de ce qui m’est offert ? Est-ce l’astre diurne ou la rosée éclatante de mille reflets qui illuminent ce paradis perdu ?

Le sentier n’est plus. J’erre. Et l’obscurité a reparu. La lune se fait capricieuse.

Les bois. Tout est si sombre. L’eau… une fontaine ?

Mon cœur palpite, il s’emballe, me faisant nerveusement reculer de trois pas. D’où suis-je venue ?

« NOONNNN !! »

D’une ruade mal contrôlée, je saute par-dessus un épais buisson et galope aussi vite que me portent mes sabots, aussi loin que mon souffle veut bien me l’accorder…

………



C’est ici. Nulle part ailleurs. Je le sais. Mes tripes hurlent que c’est ici. Et…

Et c’est magnifique.

Contemplation béate entre deux souffles repris. Soupir entre lassitude et excitation. Mes prunelles s’illuminent, je le sens, ça monte en moi. De deux cabrioles, je monte les quelques dalles en pierre qui contournent le pavillon. Ma voix est claire, presque rieuse…

« Boa ?!...

Je m’élance à droite, puis à gauche.

Boa ?! »

Ma voix se perd dans le vent. Mes yeux parcourent les alentours, ils balayent, auscultent, croient voir puis ne voient rien du tout. Ils guettent, pensent qu’Elle va surgir d’un tronc ou de derrière un rocher mais il n’y a rien à guetter.

Et le temps file.

Irrémédiablement.

Elle n’est pas là. Elle n’est plus là.

Que faire ?

Hurler à la mort ? Laisser une missive tâchée de mots maladroits ?

Non voyons. Je vais faire ce que je sais faire de mieux… Chasser quelques bêtes, tuer la moindre once de vie, couvrir chaque feuille de chaque arbre de sang, faire un grand brasier où rôtir tout cela et attendre jusqu’à dépérir !

« Ah Boa…

S’il m’était aisé de te faire disparaître en t’enlaçant dans mes bras de par ma taille,

Sais-tu seulement que de nous deux, de nous tous, c’est Toi la plus grande ?

Comme le vide laissé par ton départ me ronge !

Comme j’aimerai que le vent te fasse réapparaître… »



Le nœud au fond du ventre grandit, remonte jusqu’à la gorge, envahit tout son être. Le noyau de ces pupilles s’assombrit pour finalement venir mourir. Ses yeux se perdent, s’attardent sur ce miroir naturel, formé par la surface de l’eau si calme qu’elle lui offrirait son reflet… ce visage qu’elle n’ose plus regarder en face. Il suffirait d’un pas, de pencher ses épaules un peu plus en avant pour le voir et sombrer. Il suffirait d’une présence pour la sauver.



« Loin de toi, j’étouffe. »


Dernière édition par le Ven 18 Mai - 0:48, édité 1 fois
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Boa
Esprit de croupe et Dame de coeur
Boa


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MessageSujet: Re: De la dénudation du coeur   De la dénudation du coeur EmptyVen 6 Avr - 22:53

La promenade m'a juste menée plus loin que d'habitude.
Du moins c'est ça que je veux croire.
Et c'est ça dont je me souviendrai.
Et c'est ça que je te dirai, à toi aussi, ma soeur...

Que fais-tu, les yeux penchés sur l'eau, et cette expression tragique sur le visage ?
Que fais-tu les bras fermés, les épaules crispées et ces tremblements le long de ton échine ?
Je n'étais pas loin... Pas si loin.
Bon, d'accord, un petit peu loin.
Mais pas longtemps...

Je ne m'attendais pas à te trouver ici, mais ta présence me fait plaisir.
C'est bon de revenir et de voir qu'on vous attend.
Même si ça pince de te voir aussi désorientée, aussi affolée.
Quelques heures, rien de plus.
Quelques heures au loin...

Je déteste te voir cet air, je veux qu'il parte...
Je veux te voir rire, boire, gueuler et fanfaronner, comme d'habitude, toi la bruyante, la remuante, la batailleuse. Je veux te voir forte et vive, rieuse et arrogante, comme je te vois toujours, comme tu te montres toujours, même si je sais...
Celle d'en-dessous est trop fragile, trop sensible, trop délicate, si vite meurtrie qu'elle me fait peur... J'ai peur de te faire mal. Je ne veux pas avoir le pouvoir de te faire mal, jamais... Je veux pouvoir oublier que tu risques d'avoir mal, et c'est si facile à oublier quand tu jettes ton sourire insolent à la face du monde...

Pourtant c'est la fragile d'en-dessous que j'entoure de mes bras.
C'est celle-là que je berce.
C'est celle-là qui me touche...
C'est celle que j'aime et à qui je demande pardon...
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Aim
Arme fatale
Aim


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MessageSujet: Re: De la dénudation du coeur   De la dénudation du coeur EmptyMer 11 Avr - 20:26

Elle doit être si froide.

La Mort elle-même ne s’y attarderait pas.

Mais la Mort ne sait pas.

La Mort ne souffre pas de l’absence de ceux qui nous sont chers. La Mort ne connaît pas le gouffre béant qui s’ouvre devant moi. La Mort n’endure pas son propre reflet comme je le fais, dans ce miroir glacial formé par la surface de l’eau.

Soudain.

Ses bras m’enlacent de cette chaleur.

Je m’y abandonnerais des heures entières.

Moi, je sais.

Parce que je souffre tant de ton absence que ces retrouvailles sont presque douloureuses. Parce que tu l’ignores mais c’est de la folie dont tu m’arraches. Parce qu’à défaut de supporter mon visage, j’en aime le reflet que m’en offrent tes yeux.

Et mon cœur bat à nouveau, il bat à la mesure du tien, ma sœur.

Alors je m’agrippe. Je t’étreins aussi fort que je peux à mesure que mes sabots s’enfoncent dans la terre, nous repoussant de tout mon poids, loin de cet abysse. Et je m’essouffle de toutes ces paroles que j’aimerai te dire quand un seul regard suffit. Et je me blottis contre toi, captant ta chaleur regorgeant de vie, appréciant la lumière qui se dégage de ton poil blanc, sous la bienveillance d’une lune retrouvée.

Je te laisse me bercer… et chaque balancement tisse la trame jadis déchirée, dorénavant réparée.

Bientôt, il ne restera rien qu’un vague souvenir, noyé dans les effluves de ma mémoire.

Si près, j’entends le bourdonnement des lucioles… Ce soir, je dormirai dans tes bras…

…A l’aube, j’aurai de nouveau soif de spectacle, de vin… et de sang.



La promenade l'a juste menée plus loin que d'habitude.
Du moins c'est ça qu’elle veut croire.
Et c'est ça dont elle se souviendra.
Et c'est ça qu'elle m'a dit... et moi je la crois.
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Aim
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MessageSujet: Re: De la dénudation du coeur   De la dénudation du coeur EmptyJeu 3 Mai - 20:05

Ce sont les rayons du soleil qui, les premiers, m’ont saluée.

Linceul de lumière, pourquoi être venu chatouiller mes paupières et ainsi avoir troublé le sommeil paisible qui m’était, ici comme jamais, accordé ?

Puis, ce fut la terre nourricière où je m’étais allongée.

Cercueil de poussière, pourquoi avoir envoyé ton armée de brins d’herbes à l’assaut de mes flancs ? Ils me piquaient et me tiraillaient la peau.

Et… et…

Et il n’y eu plus rien.

Il y aurait pu y avoir tes bras. Il y aurait pu y avoir le son de ta voix. J’aurai oublié le soleil, ignoré la terre, mais il n’y a rien eu.

Tu n’y étais plus, ma sœur.

Gisante, mon bras s’est déplié, premier signe de vie, venant frôler ces eaux sombres dont tu m’avais sauvée. Combien de temps s’était écoulé ? Combien de lunes étais-je restée étendue ? Je ne pouvais m’en rappeler. Dans mon esprit, se mêlaient songes et visions…

Et mon cœur s’est arrêté. Cela n’était pas un songe.

D’un bond, j’ai relevé ma croupe, dressée sur quatre fers cloués au sol et me suis ruée sans traîner à travers bois. Les pensées défilaient aussi vite que mon galop. Les pensées se tournaient vers toi, mais le galop m’a éloignée de vous.

Je n’ai pas su trouver le chemin jusqu’à la montagne des maudits.

Je n’ai pas su… ou je n’ai pas voulu.

J’aurai pu, mais cette montagne… ce moment, il vous appartenait. Moi je n’aime pas les précipices, les cols sinueux et caillouteux où les sabots glissent et se perdent. Je n’aime pas les passerelles qui défient l’apesanteur, la dernière fois que j’y suis allée, j’ai rompu un serment jadis prononcé.

Ma course m’a déposée à l’orée du bois et le soleil au zénith a été témoin de mon départ.

Je ne me suis pas retournée.

Loin derrière moi, le souvenir sublime d’une forteresse remplie de passions et de couleurs, lieu de vie étincelante où l’on chassait entre deux beuveries.

Juste derrière moi, le paysage fascinant d’un édifice en pierres, froid et poussiéreux, rongé par le silence et les âmes en peine.

………


Je ne me retourne pas car je reviendrai.

Je scrute l’horizon car droit devant se dresse ma route à présent.

J’ignore de quoi sera fait ce lendemain, où il me mènera, qui il mettra sur mon chemin.

J’ignore de quoi sera fait le lendemain de mes frères d’armes, mais frères d’armes ils resteront à jamais. Cette forteresse m’a vue naître, elle me verra mourir assurément. D’ici là, une nouvelle page doit s’écrire, la leur comme la mienne.

Je ne galope plus, je marche au pas vers cet horizon qui m’ouvre les bras.

J’ai de nouveau soif de spectacle, de vin… et de sang.

Et j’attends déjà avec impatience le jour de mon retour.

………


La promenade me mènera juste plus loin que d'habitude.
Du moins c'est ça que je veux croire.
Et c'est ça dont je me souviendrai.
Et c'est ça que je te dirai... crois moi.
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