La Chasseresse se Réveille.

Emplie de préjugés et d'idées reçues,

Elle voguait sur la vie sous la bannière du bien,

Mais le jour approcha où elle fut perdue,

Ressentant l'appel inflexible des Hellequins.

Le jour pointait à l'est des Montagnes du Sarwyen,
Et la Chasseresse était en marche.
Rougissant sa lame de sang pur ou souillé,
Elle ne s'arrêtait que pour regarder l'agonie qui se lisait sur les visages mourants.

Il y a deux jours encore,
Elle se vantait de se battre pour le bien.
Une illusion, voilà ce qu'elle défendait.
Une illusion qui peut paraître vraie,
Mais sous Son emprise, alors,
Il n'y a plus de Mal ou de Bien.
Simplement accepter de se plier à sa volonté.
Il ordonnait, elle ressentait.
Il exigeait, elle obéisssait.

Elle se proclamait fière et insoumise, et libre, mais l'appel, elle l'avait ressenti.
Comme chacun d'entre eux.
Ithryn Luin, ou Hellequin, qu'importe le nom,
A présent elle était des leurs.

Les chasses sauvages rythmaient sa vie.
Le sang qui coule, l'acier qui tinte,
Douce musique à ses oreilles.

Elle est la Chasseresse.
Celle qui vous poursuivra jusqu'à ce que vous tombiez, évanoui, de fatigue et de désespoir.
Elle ne vous fera pas souffrir, votre martyr n'a que trop duré.

Et à la fin, elle s'en veut, elle se lave les mains mais votre sang ne part pas.
Et à la fin, elle pleure, crie, hurle, mais toujours lorsqu'elle est seule.
Elle reparaît alors devant les autres, joyeuse et farouche, et déterminée.

Regardez-là !
Elle sourit...
C'est une belle fin, n'est-ce pas ?

Et Maintenant...

Regardez-là.
Elle se tourne, disparaît un instant, vous l'avez crue perdue, mais, à présent, elle est enfin apaisée.
Un phénix.
Un phénix qui quitte son enveloppe charnelle usée et décharnée, qui s'envole comme une brusque rafale de vent, qui s'étiole et disparaît...

...pour mieux regagner son corps, panser ses blessures, ne faire enfin qu'un, avec son esprit, en paix, enfin, complète, et comme à nouveau née.

Oubliées, les blessures du passé.
Oubliées, les fautes, les larmes vomies et les cris hurlés, parti, le désespoir, fumée infime, dispersée aux cinq cents diables.
Oubliées, rancune et tristesse, oubliées, sanglots de sang, oubliées, courses folles et désespérées à travers les plaines pour semer les chaînes qu'elle espèrait pouvoir briser à elle toute seule, seulement voilà, pas assez forte, pas assez courageuse, trop lâche, trop faible, trop fragile...Oublié, tout ça.
Oublié, le sang versé.
Oublié ?
Peut-être pas. Reclu dans un coin de sa tête, un coin sombre où se terrent toutes les pensées malsaines. Et un jour, elle l'affrontera, elle vidangera les dernières souillures de son esprit, et il n'en restera qu'un coeur empli d'amour, tant d'amour à donner, à distribuer, peut-être trop...

Et une note claire et pure dans la mélodie de son coeur.
Une note qui, au départ intriguante et inquiètante, s'est laissée apprivoisée pour former le son le plus harmonieux qui soit...

Ithryn Luin...

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