[Les Ithryn Luin]
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 Jouvence et Immortalité.

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Alquäloth
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Alquäloth


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MessageSujet: Jouvence et Immortalité.   Jouvence et Immortalité. EmptySam 23 Juin - 21:39

La journée avait été riche en évènements, Alquäloth avait tué des griffons à la pelle dans les plaines de Barla, vendu des tas de plumes, pinces et trophées de chasse à la petite fée-marchande qui voletait autour d'une chaumière et d'une boutique tenue par un homme qui avait été précédemment pétrifié par une sorcière et qu'Alquäloth avait dû délivré de l'envoûtement...A vrai dire, elle doutait fort de la sincérité du mauribond et de la sorcière, car pas plus tard qu'après avoir administré la potion qui devait lui rendre sa faculté de mouvement, elle l'avait vu renverser des meubles et divers objets dans sa maison, comme pour faire croire à un combat dont le théâtre aurait été la chaumière, puis aller se figer à l'aide d'un sort au milieu de la pièce ravagée en attendant les pochains naïfs qui voudraient le " délivrer " de sa paralysie. Une simple mise en scène orchestrée par la sorcière, l'homme, un druide et son supérieur qui devait aussi préparer un parchemin qui détruira la sorcière, enfin bref, une sombre histoire compliquée et parfaitement factice.
La théorie d'Alquäloth comme quoi la quête de l'homme pétrifié avait été planifiée depuis la début fut confirmée lorsqu'elle aperçu la sorcière jouer au chat perché avec sa petite-fille, qu'elle était normalement censée kidnapper et sacrifier.

Les souvenirs de cette prétendue salvation d'un homme et d'une petite fille accompagnèrent Alquäloth jusque dans un champ assez plat, planté d'une dizaine de pommiers rachitiques sur lesquels poussaient des fruits très jaunes dont la seule vue suffisait à vous donner la courante. Heureusement, un énorme arbre qui ressemblait à un Ent âgé endormi, avait aussi poussé au beau milieu de la plantation de troncs noueux, plongeant dans l'ombre et assaisonnant copieusement de fruits rouges particulièrement juteux ses voisins les plus proches.

En fait, il paraissait tellement s'y méprendre avec l'un de ses terribles arbres dotés du pouvoir de locomotion et même quelques fois de parole, que l'elfe s'approcha avec méfiance, épées au clair...Sin pied buta sur quelque chose de dur dissimulée par les herbes hautes. Elle se pencha et s'aperçu que c'était une grosse pierre. Elle la ramassa, leva le bras, visa soigneusement et la lança là où devrait se trouver les yeux si toutefois il y en avait. Pas de réaction. Ouf, c'était simplement un arbre vieux de quelques centaines d'années...
Ele s'assit à l'ombre de l'imposante ramure couronnée de fruits rouges, le dos bien calé contre le tronc dont les anfractuosités semblaient épouser les formes de son corps. Elle ferma à demi les yeux, et repensa à sa journée.

Oh, pas à la quantité de gopis qu'elle s'était faite en vendant ses trophées de chasse accumulés depuis une semaine, ni à toutes les bestioiles qui étaient tombées sous ses lames. Non, elle songeait plutôt aux personnes qu'elle avait tuées, sa chimère attisée par le goût du sang animal sur son acier bien à elle. Et une terrible révélation lui était venue à l'esprit.
"Quel âge as-tu", s'était-elle demandé. " Depuis 130 ans je me promène sur ces terres. Quand les gens me regardent, ils croient voir une jeune adolescente de quatorze ou quinze ans, treize pour certains. Et combien de personnes as-tu tuées ? "
Là, il y avait eut un blanc. Des dizaines de personnes, assurément, depuis que son âme appartenait au Faucheur...Et ce n'était que le début. Parce que là, elle n'avait que 130 ans, mais les elfes sont réputés pour leur longévité...Si elle ne mourrait pas au combat, elle pourrait vivre éternellement, jusqu'à ce que l'ennui et la lassitude la ronge jusqu'à la moelle et l'oblige à mettre elle-même fin à ses jours. Sur le fil d'une lame.
Et si chaque année elle tuait autant de personnes que juqu'à maintenant ? Et si elle vivait peut-être mille, voir deux mille ans ? Elle ne supporterai pas de causer autant de perte, autant que durera sa vie peut-être quasi éternelle...

Elle s'enfouit le visage dans ses mains, goûtant à la fraîcheur de ses paumes. La lumière rouge sang qui filtrait à travers ses paupières se changea bientôt en une obscurité totale. Elle ne voulait pas d'une telle vie...Pas tuer tant de personnes...Mais elle était comdamnée à vivre et à traîner derrière elle sa langueur et sa furie assassine.
Elle retira vivement la tête des ténèbres de ses paumes, renversa brusquement la tête en arrière contre le tronc de l'arbre en poussant un long soupir. Sa main se referma preque machinalement sur un poignard sanglé à sa cuisse qu'elle tira de ses attaches et planta violemment dans un fruit trop mûr tombé à terre. Elle tourna un peu l'arme dedans, puis brandit le poignard derrière elle. Ce qu'il restait du fruit se détacha et alla voler derrière l'arbre. Elle allait ranger sa dague contre sa cuisse mais elle arrêta son geste. Elle avait entendu un souffle, derrière elle. Un souffle qu'elle n'espèrait plus jamais entendre, un souffle qui se modelait en quelques syllabes pour prononcer tout bas quelquechose que la guerrière interprèta comme étant deux mots elfiques...


Nîn thêl...

Elle se mit à trembler. Elle n'osait pas se retourner, de peur de le voir, ou au contraire de s'apercevoir qu'il n'était qu'une illusion qu'avait fait naître son esprit tourmenté. Elle resta là un temps qui lui semblait une éternité, à frémir et a essayer de trouver le courage de tourner les yeux derrière elle...Puis encore, une phrase. Prononcée d'un ton neutre quoi qu'un peu nostalgique.

- Ne veux-tu pas me regarder avant de m'envoyer des fruits pourris dessus ?
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Alquäloth
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MessageSujet: Re: Jouvence et Immortalité.   Jouvence et Immortalité. EmptyDim 24 Juin - 13:10

Un souffle.

Encore.

Encore ces mots qui la glacent et font à la fois naître une bulle d'espoir au coeur de sa poitrine.

Nîn thêl.

La voix n'a pas prononcé ses mots mais elle sait qu'il les pense.

Nîn thêl.

Ma soeur.

Sa soeur...

Le ton de pensée s'est fait presque suppliant. Enfin, prenant son courage à deux mains, elle se lève, lentement.
Elle se tourne, et ce simple geste semble durer une éternité. Elle panique. Et si...A présent elle est à deux doigts de le voir. L'angoisse est à son comble, la prend à la gorge. Le coeur battant plus vite que jamais, elle achève de se tourner vers...Quoi ? La voix ? Oui, mais il n'y a pas que ça...

Derrière le vieil arbre, l'herbe lui arrivant mi-tibia, un elfe de haute stature tient au creux de sa main un fruit réduit en bouillie, une ombre de sourire sur ses lèvres minces. Le cheveu noir et long jusqu'aux épaules, les pommettes hautes et fières, les yeux brillant d'un éclat affectueux, il détaille Alquäloth qui l'observe elle aussi, les yeux grands ouverts de stupeur, le coeur battant à tout rompre.
La gorge nouée par l'émotion, elle ne peut là que dévisager son cousin, l'étonnement, la peur, la honte et la stupeur livrant un combat sans merci dans sa tête.
Elle essaye d'esquisser un pas vers lui. Impossible.
Elle tente de produire un son. Impossible. Seul sort de sa gorge comme serrée par une main de fer un "Fff..." minable. Et lui qui se tient là, debout et serein, le fruit écrasé dans sa main ! Mais qu'il dise quelque chose, nom de dieux ! Parce de son côté à elle, ça ne sera pas possible.
En tout cas, l'elfe semble bien décidé à ne proférer aucune parole jusqu'à ce qu'Alquäloth ne réponde à sa question. Elle retente de parler, ne produisant encore une fois que ce "Fff" méprisable.
Ses lèvres tremblent et font frémir encore plus cette syllabe, charpie d'un nom qu'elle s'efforce de prononcer. Combien de temps s'est-il passé ? Combien de minutes, d'heures est-elle restée là, debout, tremblante et hésitante, le coeur en miettes et l'esprit divaguant ? Combien de temps a-t-il attendu qu'elle lui réponde, une attente insupportable et glaciale que pourtant il acceuille avec le sourire ?


- Feredir...

L'homme sourit plus franchement. Enfin, elle parlait...Il avait eut peur qu'elle ne le reconnaisse pas, ou qu'elle refuse catégoriquement de lui adresser la parole car il était lui-même le souvenir vivant de bien des douleurs...Ses bras s'écartèrent, les mains tendues vers Alquäloth. Un sourire encourageant, il laissa tomber à terre le fruit pourri.

- Viens.

Alquäloth ne su pas comment, mais elle se retrouvait bientôt enlacée dans les bras de son cousin, à pousser contre son torse tel un bélier comme pour s'y creuser une retraite. Ses mains se cramponnaient à lui, à son dos, à ses cheveux, son regard accrochait avec amour le sien, très noir mais brillant comme deux scarabées et y cherchait des réponses, elle se blottissait de tout son être contre Feredir, s'assurant qu'il était bien réel, qu'il n'était pas une illusion ou un mirage...

- Tu as changé, petite soeur.

L'émotion lui nouait la gorge, lui enserrait la poitrine et lui embuait le regard. Elle leva les yeux vers le visage familier de son cousin, le détaillant...

- Toi en tout cas, tu es resté le même. Je suis...

L'espace d'un instant, elle cru qu'elle ne pourrait pas formuler la fin de la phrase.

-...vraiment heureuse de te voir...Vraiment...Mais qu'est-ce que...Comment...Je veux dire...

- Chut...

Feredir interrompit les propos incohérents d'Alquäloth en posant un doigt sur ses lèvres.

- Tu le sais, au fond de ton coeur, n'est-ce pas ? Le moment est venu, petite soeur, il est temps.
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MessageSujet: Re: Jouvence et Immortalité.   Jouvence et Immortalité. EmptyLun 25 Juin - 16:04

Oui...

Il est temps.

Enfin.

Pendant toutes ces années, elle avait tremblé que ce jour arrive alors qu'elle n'y était pas prête, qu'inconsciemment elle formule la requête qui pouvait lui ramener Feredir. Et lui ôter une part d'elle-même.

Alquäloth savait ce que signifiait l'éphémère retour de son cousin vers elle. Elle savait que son temps était venu, elle savait que sa vie d'elfe allait changer...Mais son cœur n'arrivait pas s'en convaincre.
En fait, elle avait un peu peur de ce qui allait se passer...

Elle se dégagea doucement des bras de Feredir et posa sur lui un regard plein de tristesse.


- Oui...Bien sûr. Je crois que je le sais mais je n'arrive pas à me faire à cette idée...

- Et pourtant tu as plus que jamais pensé à ce pourquoi la prophétie qui nous lie à été conçue, Alquäloth. Tu as décidé de remettre en question ta condition d'elfe, ton immortalité. Dès l'instant où tu t'es assise sous cet arbre et que tu t'es mise à penser à abandonner ta vie d'elfe, je l'ai senti et j'ai été transporté ici. Je ne resterai pas longtemps. J'ai un devoir à accomplir.

Il se tut. Mais Alquäloth n'écoutait plus. Elle se souvenait...

La prophétie...

Bien sûr...

Chaque elfe qui naissait à Valinor devait dépendre d'un autre elfe natif de l'Île, ils étaient liés par un contrat plus ou moins important, certaines fois il s'agissait simplement d'une pièce d'or qui devrait changer de poche lorsque telle ou telle action arriverait...Par exemple, si une prophétie avait été conçue entre un elfe et sa soeur, et que leurs parents ne voulaient pas chercher quelque chose de particulier pour la remplir, ils décidaient simplement que " Lorsque mon fils aura perdu un de ses cheveux au-dessus d'une falaise survolée par trois mouettes, alors sa soeur devra lui faire don de cinq pièces d'or..." Souvent, les prophéties ne se réalisaient jamais. Mais lorsque par le plus grand des hasards l'une d'elle s'executait, les deux personnes concernées étaient réunies pour un temps par une force qu'aucun ne pouvait briser afin d'accomplir la fin de la prophétie.
Les parents d'Alquäloth ne lui créerent une prophétie qu'à l'âge de 36 ans, alors qu'elle commençait déjà à manifester un intérêt grandissant pour la guerre. On commença à penser qu'elle serait peut-être dangeureuse pour Valinor, et dès ce moment on se mit en devoir de la bannir si son comportement persistait. Ce qui arriva...On persiflait dans son dos, disant d'elle qu'elle ne se conduisait pas comme une elfe digne de Valinor...Quelque fois, on lui disait même que son sang était celui d'une humaine...Alors ses parents dressèrent cette prophétie.

"Lorsqu'Alquäloth remettra en question son don de longévité,
Et qu'elle renoncera à son immortalité,
La Chasseur Feredir se devra de la lui ôter,
Faisant d'elle une erreur, un semblant d'elfe hybridée."


Feredir l'avait rejoint pour lui ôter ce don qu'elle avait de ne point souffrir des dégâts du temps, des maladies mais de pouvoir mourrir de la douleur d'un deuil ou par l'épée.

Oui, son Temps était venu ...
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MessageSujet: Re: Jouvence et Immortalité.   Jouvence et Immortalité. EmptyLun 25 Juin - 18:05

-Alors dépêches-toi de l'accomplir.

J'ai désiré qu'il m'ôte ce privilège dont j'ai joui cent trente années durant. Toi, le seul qui m'a aimé, celui qui m'a rassuré, celui qui me procurait bonheur et protection. Toi, tu es le seul que je remercierai lorsque la vie deviendra trop lourde à supporter, tu es le seul dont le souvenir du doux sourire pourra m'apaiser alors que je serai plongée jusqu'aux yeux dans le doute et la solitude.

Et je suis heureuse que ce soit toi...
Car imagine, rien qu'un instant, de ce dont j'aurai été capable de faire si cette tâche avait été dévolue à quelqu'un d'autre que toi, mon père, ou ma mère, ou mon frère, ou n'importe quel autre elfe de notre immense arbre généalogique.
J'aurai refusé de penser au thème de la prohétie. jamais je n'aurai fait en sorte qu'elle ne se réalise, ou alors je m'aurai moi-même ôté le don, sur le fil de l'acier qui dort contre mon flanc.

Je suis heureuse que ça soit toi.

Grand frère...


Ce sera toi qui va faire en sorte que ma vie ne dure pas éternellement, diminuant ainsi le nombre d'âmes que mon épée aurait aspiré. Ce sera toi qu'il faudra remercier car les vies de nombreuses personnes seront épargnées, alors qu'elles devaient être damnées et empalées sur mes folies destructrices...

Merci...Grâce à toi je me sens enfin propre et pure...
Tu m'aides à accomplir une action qui m'aurait été impossible, je te remercie, Feredir.

Viens, grand frère, accomplis ce pourquoi on t'a envoyé ici.

Vite, grand frère, je ne voudrai pas que le courage qu'il m'est nécessaire de rassembler pour ce sacrifice s'envole avant que tu n'es pu me débarraser de toute ma vie elfique.

Je choisis une vie de mortelle, à présent.
Dépêche-toi...Car j'ai un peu peur de ce qui m'attend après.
J'ignore ce qui va se passer, je tremble un peu, vois-tu, mes lèvres frémissent légèrement et mon coeur bat à grands coups.

Je la sens...
Je sens mes années partir.
Je vois des mois et des décennies de souvenirs défiler dans mon esprit.
Je me sens pâlir, bien que je ne me voie pas, je le sais, je deviens mortelle.
Mes mains se refroidissent, elle sont moites mais glacées.
Je relève enfin mon visage assombri, mes yeux qui s'éteignent de leur vivace lumière.
Je te sens m'enlever ma vie, je me sens avoir quatorze ou quinze ans...
Ne me demande pas pourquoi, j'ignore ce qui me fais penser ça.
Ne me regarde pas avec ces yeux-là, accusateurs !
Je le vois très bien, tu...Non...en fait, je te fais pitié ! Ton regard en ait empli ! Mais...Je vois aussi des larmes briller...Pourquoi tu pleures, grand frère ? Je n'aime pas te voir pleurer.
Alors souris.
Bientôt je serai mortelle.
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MessageSujet: Re: Jouvence et Immortalité.   Jouvence et Immortalité. EmptyMer 27 Juin - 16:41

Et à présent, voilà le jour.

Mon jour.

Le jour de tant de personnes...

Celles qui ne mourront pas par mon sacrifice.
Celles que j'aurai dû tuer.
Mais cela n'arrivera pas.

J'ai...Je suis...Jeune...Très jeune...J'ai quatorze ans...

Je suis une elfe...
Non, humaine...
Non, elfe !
Non, à moitié elfe...à moitié humaine...

Quelle étrange sensation...

J'ai l'impression de divaguer entre deux êtres, comme si une elfe et une humaine étaient fusionnées jusqu'à n'en former qu'une seule. J'ai l'impression d'être fragile, si fragile du corps mais non pas de l'esprit, comme si un souffle de vent suffirait à m'arracher du sol, comme si la première peste venue du fond des âges pourrait venir posséder mon corps et m'anéantir, clouée entre des couvertures et mauribonde en attendant la mort.
Par ailleurs, mon esprit semble s'être renforcé. Je me sens bien...Une, pleine et entière, je me sens solide et fermement ancrée au sol. La douleur de l'âme m'est présentée sous un autre jour, sous cet angle optimiste qui fait que l'on se dit que ça va passer, que l'horreur d'un deuil n'est que passagère et que l'idée de mourir de tristesse est purement et simplement risible.


Alquäloth commençait à prendre conscience de ce qu'elle était devenue. Elle dépliait ses mains devant elle, et, ne voyant aucune différence, passait ses doigts le long de ses oreilles pour repérer si leur forme était toujours pointue. Elle n'arrivait pas à sentir si les contours de son visage s'étaient modifiés, alors, ne lâchant pas des yeux son cousin, elle recula jusqu'à l'orée du bois qui bordait le champ aux pommiers, à l'endroit où elle avait entendu babiller une source d'eau claire. Elle s'agenouilla près de l'onde ridée par les remous de la petite cascade qui semblait courir au fond d'un lit de pierres blanches, et s'observa.
Elle n'avait pas changé. Le visage qu'elle contemplait dans l'eau lui était familier, ces joues creuses, ce menton volontaire, cette bouche cerise, ces cheveux lilas qui lui chatouillaient les épaules, ce front lisse, ces oreilles pointues, elle les connaisssait par coeur. Mais alors qu'elle allait se relever, quelque chose la frappa. Ses yeux...Oui, ils avaient changé, comment n'avait-elle pu s'en rendre compte plus tôt...

Depuis sa naissance jusque dans les dix minutes précédentes, ils avaient été d'un bleu azur d'agate, variant quelques fois au marine profond des abysses océaniques, avec un pâle reflet d'or un peu à gauche, dont les contours étaient rendus flous par les couleurs irisées qui l'entouraient. Ses iris brillaient d'une flamme qui ne pouvait s'éteindre, la flamme éternelle, marque de son immortalité et de son appartenance à la race des elfes. Mais c'était fini...A présent, l'étincelle de vie s'était consumée, elle était morte. Noyée dans le néant de gris qui remplaçait désormais l'océan de reflet. La lumière du Cygne des Vanyar s'était tarie, et son reflet qui la regardait tristement lui semblait être une nuit d'hiver glacée et sans étoiles avant qu'elle ne tombe complètement sur le monde. Elle se sentait feuille d'arbre d'automne grelottant au bout de sa branche, luttant désespéremment contre les assauts des rafales de vent pour ne pas tomber, mais qui, fibre par fibre, reinure par reinure, cèdait pour aller choir définitivement au sol.
Dans son esprit, un chant s'élevait. C'était un chant de deuil et de tristesse, qui évoquait la lassitude des elfes les plus âgés et le destin des hommes, voués à la mort. C'était un chant elfique qui l'emplissait toute entière, dernier contact avec son peuple qui lui adressait un adieu en pensée mais silencieux. Elle le savait, elle serait à présent plus coupée que jamais de Valinor. Son coeur s'affola. Et Feredir ?

Elle sortit de la forêt en trombe, courut à toutes jambes vers l'arbre à côté duquel Feredir était encore debout. Elle continua de courir, et, une fois parvenue derrière son cousin, elle l'attrappa et le retourna vers elle. Il était devenu moins solide qu'avant, tel un fantôme, il s'effaçait peu à peu du Sarwyën pour rentrer à Valinor. Le Chasseur baissa les yeux sur son visage, et croisa un bref instant son regard devenu plus gris que l'âme en peine la plus désespérée. Il détourna vite le sien comme s'il avait eut peur de se brûler. Puis il tourna les talons, donnant ainsi dos à Alquäloth qui éclata en sanglots, plus de rage et de déception qu'autre chose. Elle espèrait même qu'il aurait pitié d'elle et se retournerait. Mais il n'esquissa pas un seul mouvement pour la consoler. Alors, en proie à une véritable crise d'hystérie furieuse mêlée de larmes, elle l'attrappa par les bras et le retourna de force. Elle se cramponna à lui, lui saisit son col de chemise et le secoua violemment pour qu'il lui parle, ou même juste qu'il la regarde. Elle s'épuisa en vain sur lui, manqua même de le faire tomber, se retenant de le gifler. Enfin, il lâcha, du bout des lèvres, quelques mots comme à regret.


- Et que veux-tu que je te dise ? C'est fini, je n'ai plus rien à te dire.

- Mais je...Non...Pourquoi tu fais ça...Feredir ECOUTE-MOI !

Il la regarda avec une expression étrangement vide sur le visage et marmonna un " Je t'écoute."Toujours étouffée par les sanglot, la guerrière s'exclama tant bien que mal:

- Pourquoi tu es comme ça ? On ne va plus se revoir, jamais ! Et toi tu...Tu...me méprise et tu es plus dur qu'une falaise ! Pourquoi, hein, réponds-moi ! Vite !

- Tu n'es plus rien, Alquä. Tu es vide de toute vie d'elfe mais tu n'es même pas une humaine. Tu as choisi d'abandonner tous liens de parenté avec nous. Tu n'es plus ma petite soeur, c'est fini. Tu ne peux plus l'être.

Les pleurs d'Alquäloth se tarirent aussitôt, mais l'impression d'avoir le coeur broyé comme un étau ne diminua pas, au contraire. Elle fixa de ses yeux rougis et malades de larmes le corps de Feredir qui s'estompait peu à peu. Elle ne parvenait pas à exprimer son injustice, sa colère, sa tristesse. Son visage s'était agrémenté d'une expression qu'on pourrait facilement qualifié de " Je ne peux pas le croire." C'est d'une voix étrangement calme mais aussi glaciale et plus tranchante d'une lame d'acier qu'elle dit :

- Alors va-t-en. Vite.

Il se retourna. Son corps s'effaça encore un peu plus. On aurait dit qu'il prenait son temps pour qu'Alquäloth ne manque pas une miette de sa disparition. Le salaud...pensait-elle. Et il disparut.
Alquäloth s'avachit sur l'herbe, au pied de l'arbre, des sanglots silencieux l'étouffant. Lorsque ses larmes eurent disparues, elle se cala contre le tronc de bois, et planta son poignard dans un fruit pourri.

Une personne qui aurait espionné Alquäloth un quart d'heure plus tôt, puis serait très vite parti pour revenir dès maintenant, n'aurait vu aucune différence entre les deux scènes. la seule différence, c'est que la guerrière était devenue mortelle.
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