Une visite des lieux...

Toujours Nenya tenue par la main.
Je me retourne, elle est toujours là, je lui souris.
Nous passons la porte de la salle commune essemble.
Arrêtons nous de trop nous presser... Je tiens à profiter un peu, même couvert de crême glacée.
Première étape, ma chambre.
Elle est toute proche et ça me premettra d'avoir une tenue digne de ce nom.
Nous marchons ensemble à travers ce dédale décoré de tapisseries et de diverses boiseries. Nous y voici, la porte.
Mon petit monde.
Cela fait d'ailleurs une moment que je n'y suis plus retourné.
Elle doit être comme à mon départ.
Je pousse la porte en noyer.

La grand miroir est toujours à sa place, dans un coin de la pièce.
Dans la cheminée, quelques cendres et morceaux de bois calcinés.
Une chambre plutôt simple malgré tout, pas de bibelots ou de meubles de grande valeur. Mon lit est toujours à la même place, les draps faits.
J'aime que les choses soient en ordre, c'est bien plus simple pour s'y retrouver.
J'invite Nenya a entrer.

- Voici ma chambre, je me change, et je suis à vous.

La petite porte sur la droite mène sur un bassin receuillant les eaux de pluies, qui sont ensuite chauffées magiquement.
J'ai pu y passer des heures dans ce bain...
La porte mi close, je retire mes vêtements entachés et humides.
Un peu d'eau fraîche sur une éponge, du savon, les meilleurs ingrédients de la propreté. J'enlève les traces du passage de Shery avant de me rendre compte d'une chose...

- Des habîts propres...

La tête dans l'entrebaillement de Nenya, je lui demande avec un sourire gêné :

- Excusez moi Nenya... Mais pourriez vous me faire passer quelques vêtements de rechange de cette armoire là bas ?
Je vous laisse choisir pour moi.

Tiens... Un choix bien étrange...
Cela fait une éternité que je n'ai pas porté cette tenue.
Ce sera parfait. Elle est confortable, je ne portais que cela pour combattre il y a quelques années. Cela me rappellera quelques souvenirs de la remettre.

- C'est parfait, Nenya. Vous êtes une hôte de goût...

Je lui souris. Elle semble toujours un peu génée.
La tenue dans les mains, je ferme la porte et m'habille.
Ne nous pressons pas trop, il faut savoir se faire désirer.
Je recoiffe mes cheveux en bataille après mes incursions dans le lac.
Fin prêt, je quitte la pièce.

Nenya est assise sur le lit. Je reste là quelques instant à la regarder.
Un échange tacite, parfois les mots n'ont aucune importance.
C'est alors que je brise ce silence plein de sens :

- Si vous désirez vous délasser, ma chambre est votre, la salle d'eau est a votre disposition. D'ailleurs, il me semble savoir que la chambre d'a côté est vide, si vous désirez passer la nuit ici, j'irais installer le nécessaire.

Je me place à quelques mètres d'elle, adossé à un des murs.
Guère envie de m'assoir, je l'observe toujours.
Elle est jolie, et son petit côté fragile me donne envie de la protéger...
Ou de la croquer. Un léger sourire ne me quitte plus...

Pauvre Nenya, elle est si timide qu'elle n'ose même pas profiter de la salle d'eau. Pourtant son visage ne ment pas, elle a besoin de se délasser.
Où je l'effraie, ou elle est timide...
C'est décidé, cette fois je me lance.
Un dernier sourire, quelques mots :

- Allons, vous savez vous n'avez pas à être intimidée par moi ou par les lieux. Laissez vous donc aller, je ne vais pas vous manger vous savez.

Oui, ou tout du moins pas encore...
Je me rapproche d'elle, et m'assoie sur le lit à ses côtés.
Ne pas respecter les convenances, surtout avec les jolies dames c'est mon fort. Ma main glisse le long de sa nuque.
Tu as cherché le chat des yeux ma petite souris, le voilà qui approche.
Mes lèvres approche de son oreille, et doucement je lui sussure :

- Suivez moi... Je vais vous montrer quelque chose...

C'est drôle elle à une petite odeur de fraise...
Ca me met en appétit.
Je me lève, et avance vers le bassin dans l'autre pièce.
Une incantation simple, et l'eau se met à couler lentement des murs, déjà chaude. C'est certain, elle ne pourra qu'aimer.
Je la regarde, un sourire qui l'invite à s'approcher.

La magie est tout de même pratique pour certaines choses...
En combat j'ai toujours préféré les armes, bien moins aléatoires.
L'eau remplit peu à peu le bassin, mon doigt vient jauger la température.
Chaude à souhait. Les artisans de Bourguibus ont du talent pour les objets enchantés.

En parlant d'enchantement, Nenya semble ravie.
D'un placard, je sors quelques serviettes éponges.
Elle pourra se délasser à son aise, je ne tiens pas à avoir quelqu'un d'épuisé avec moi...

- Je vous en prie, faîtes à votre aise. Vous avez différentes huiles et savons à votre disposition.

Je pose mes mains sur ses épaules pour la détendre un peu.
Calme toi ma jolie fleur, je veux que tu te sens bien, c'est tout.
Mes lèvres frôlent quasiment son cou, ma respiration est brûlante.
Encore quelques mots soufflés au creu de l'oreille.

- Allez y, je vous attend... Prenez votre temps.

Je souris, et je quitte la pièce, la laissant seule.
Calmement je m'allonge sur mon lit et me laisse aller à la rêverie.

Hé bien, une fois qu'elle s'est libérée du poids de la timidité, elle devient pour le moins brûlante... Son baiser était furtif, mais j'ai pu sentir un petit gout très agréable... Mes lèvres fremissent encore, hantées par ce moment.
Je rougis à peine sous l'effet de la surprise, c'est moi le séducteur ici, je ne doit rien montrer de mes faiblesses.

C'est alors que sa demande m'étonna au plus haut point.
Et cette surprise était loin d'être désagréable.
Elle désire brûler les étapes, je ne vais pas me plaindre...
La visite attendra bien quelques instants... Ou quelques heures.

Ma main droite vient se poser sur sa joue au moment ou je me redresse.
Un regard de braise, un sourire coquin je lui dit :

- Je vois qu'on est d'humeur câline... Très bien. Nous irons ensemble dans ce cas.

Je sors du lit, face à la porte, je quitte mes vêtements. Dos à Nenya, complètement nu. Si elle n'avait pas remarqué tous mes tatouages, c'est chose faite. J'entre dans l'eau, chaude, et j'attends avec une certaine envie la douce Nenya...

Quel spectacle digne des dieux...
Hum, je me félicite d'avoir accepté ses avances.
On peut dire que je ne suis pas déçu.
Une elfe, ou plutôt une déesse nue devant mes yeux avides.
Je la dévore déjà, et ce n'est que le hors d'oeuvre.
Me forçant à regarder ses yeux, je lui souris.

Elle est entrée dans le bassin et semble encore tendue.
Ce ne serait pas correct de la laisser dans un tel état...
Lentement mon pied s'approche du sien.
Un contact bref sur sa douce peau, une caresse furtive.

Lentement je me baisse, ma tête plonge dans l'eau.
Je reste là quelques secondes à préparer un plan.
Calmons nos ardeurs, et laissons le désir monter.
Je me redresse, mes cheveux sont plaqués sur ma nuque.
Un bon bain, il n'y a rien de mieux pour se détendre.

Elle est toujours là, un peu gênée...
Quelques mots pour la rassurer et la mettre en confiance :

- Vous êtes sublime Nenya...

Au même moment, je me rapproche lentement de l'elfe.
Je suis tout prêt, je peux la sentir trembler.
Un autre regard, un autre sourire.

Contre moi... Si proche de moi.
Je peux sentir entendre son coeur battre.
Sa respiration est lente et paisible.
Son corps est si ardent que je pourrais m'y brûler... Coïncidence, j'aime jouer avec le feu.

- Gentil ? Mais je suis tout sauf gentil... Vous par contre vous êtes à croquer... Méfiez vous un peu, je ne résiste pas longtemps aux dames aussi charmantes...

Ma main vient se poser comme une fleur sur sa cuisse nue.
Une peau si douce, que j'aurai presque peur d'abîmer en touchant.
Un pétale de rose, une brise d'été, la caresse du vent.
L'eau tiède dans laquelle je suis plongé me parait presque froide.

Mes lèvres s'approche lentement de sa joue que j'effleure.
Nous avons tout notre temps...
Un doigt vient glisser sur sa bouche brûlante.
Profitons du moment.

Mon petit ange brun...
Elle plonge peu à peu dans la torpeur, prise par la fatigue de son voyage.
Laissons là respirer un moment.
Petit papillon au creu de ma main, si fragile.
Sa main d'albatre se pose sur ma joue et effleure mon tatouage.
Si elle savait ce qu'il signifie, ses doigts ne le toucheraient pas.

J'attrape son poignet et retire sa main de mon visage.
Sans la serrer trop fort pour ne pas lui faire de mal.
Je la regarde, sans sourire cette fois.
Ne rien lui dire, ne pas l'effrayer, ne pas risquer qu'elle se perde.
Cela me ferait du mal, elle n'a rien fait pour. Restes comme tu es Nenya, ne change pour rien ni personne au monde. Ne commet pas la même erreur que moi autrefois.

Mon index se pose lentement sur ses lèvres.
Pas de questions, juste deux êtres de chair et de sang.
Nous n'avons besoin de mots en cet instant, simplement quelques gestes qui prouvent que nous sommes encore vivants, pour raccrocher notre corps à la terre.

Mon esprit, lui, c'est déjà envolé. Je te serre contre moi Nenya, plus protecteur et moins prédateur. Je m'apaise un instant, j'oublie mes ténèbres.

Sa respiration redevient calme, elle s'est assoupie, épuisée.
Je l'ai lue dans ses yeux. La peur. Le même regard face à monstre.
Il n'a duré qu'un instant, mais il était là. Présent, oppressant, mais vrai.
Elle eveille en moi des sentiments que j'essaie de refouler.

Je ne suis qu'un tissu de chair et de sang animé par les désirs et les passions premières, des pulsions presque animales.
Pourtant rien chez moi n'est naturel.
Je suis un vrai paradoxe vivant. Un menteur né.

Pourtant elle ne ment pas. Elle vient contre moi.
Je caresse lentement ses cheveux bruns.
Elle s'endort sans bruit, seul le silence est brisé par son souffle régulier.
Les minutes s'écoulent, et l'eau se refroidit.
Des frissons me parcourent le corps, et sous mes doigts l'ange tremble.

La prenant dans mes bras et l'enveloppant dans une serviete je me lève lentement. L'eau maintenant froide coule le long de mon corps et du sien, comme si nous n'étions qu'un.
Délicatement son corps endormi vient se poser sur les draps de mon lit.
Une caresse sur son visage angélique, un baiser sur son front.

- Dors Nenya... Oublie moi...

Oui, c'est mieux ainsi. Tout serai plus simple si on pouvait oublier les gens d'un claquement de doigt ou d'une simple pensée. Effacer l'ardoise de sa vie pour écrire avenir qui nous semble plus radieux. La réalité n'est pas aussi simple ni aussi tendre. Je la regarde dormir sans un mot, paisible en apparence...