Dans les vapeurs de la falaise (in esperance?)

C'est doux. C'est moëleux.
Le sommeil.

Je vois une prairie verdoyante au bord d'un gouffre. Je me lève et m'éloigne du bord de la falaise. Il me semble reconnaître cette prairie... comme si elle m'appartenait. Ce lieu me rend sereine.

Après quelques pas, j'entends un râle et un gémissement. Il y a un grand animal à pointes couché dans l'herbe. Je reconnait la créature de mes cauchemars : Liûie. Tu es en bien piteux état.
Ses quatre yeux sont fermés, sa langue pend et sont souffle semble douloureux.

Te voilà enfin à terre, salle bête ! Un moment que je n'osais même pas espérer. Mais voilà que ma respiration prend le rythme de la sienne. Je me pose à genoux à côté de la bête que je devrais normalement achever. Mais je me sent comme fascinée alors que je devrais la craindre. Il me semble si faible et inoffensif que je pose ma main sur son grand museau brun pour être sure que je peux y croire.
Ce contacte est chaud. Je sens l'humidité de sa vie à travers ses babines. J'ose regarder ses yeux qui pour une fois sont clos et ne me jugent pas. Mais je le regrette car une chose que je ne voulais pas voir viens de se passer. Une larme. Un grosse goutte limpide se forme au bord de sa paupière. Elle grossit plus dégouline sur le pelage noir puis sur le brun assombri par se passage.
Je sent alors la moiteur de ma peau et surtout, un pleur qui échappe mes prunelles.

Je ne sais plus trop se que je regarde là, gisant faiblement dans la prairie de mes rêves. Et pourquoi je pleure, moi aussi ? Est-ce de la pitié ? De l'empathie ? De la fatigue ? Non. Je crois plutôt que je suis inquiète mais je ne sais pas pourquoi.

Mon regard se détourne vers la falaise près de laquelle se dresse une table de quartz... et sur table, du sang. Mon sang. Une goutte dessus et une flaque à côté.
Je me souviens le rituel, les morts, ma blessure à l'oreille et l'épuisement. Je commence à avoir peur. Suis-je toujours en vie ? Est-ce que c'est grave ?
Ma main frotte machinalement la fourrure chaude de Liûie, comme pour me rassurer, m'accrocher à quelque chose.
Il ouvre l'oeil et semble sourire. Maintenant, il sais que je suis là. Nous sommes rassurés.

...Nous ?... Lui oui, mais pourquoi moi ?
Son nez frémit et je me penche au dessus de cet oeil ouvert peut-être pour comprendre, je ne sais pas. Mais je n'y vois que le reflet du miens, de mon propre oeil bleu océan.
Pourquoi ? J'ai peur de comprendre. Est-ce que je dois comprendre ? Et puis comprendre quoi ?
Je reste là à contempler mon propre regard perdu.

Au bout d'un moment, c'est comme si je possèdais une nouvelle façon de voir. Les objets me semblent de plus en plus détaillés.
Là je reconnais mon coussin de mon grenier mais en beaucoup plus grand.
Ce truc chaud, c'est un rayon de soleil, comme quand je fais la sièste dehors.
Et ça, c'est quoi ?
On dirait quelqu'un.
C'est chaud, ça vie je crois. Et tout près de ça, je me sent moins seule.
Il est grand et si je me glisse derrière, les autres trucs agressifs ne m'atteignent plus.
Je recule encore un peu derrière ce qui ressemble à un garde du corps mais là, il y a quelque chose de froid et dur. Je me retourne pour mieux observer l'objet mais là, je retrouve d'autres sensations que je ne connais que trop bien. Cette oppression, cette impression de repproche et de haine : les yeux de Liûie.

C'est vrai, c'était à cause de lui que j'étais venue ici. Je l'avait presque oublié.
Ce n'est pas le moment de paniquer. Je dois continuer mon enquête comme tout à l'heure.
Ici, il y a ses terribles yeux. Ici, (ce qui est froid et dur) ça doit être ses dents.
Pas de panique. Il y a mon protecteur juste derrière moi. Un ange gardien peut-être. Je cherche le reste du corps de la bête. Mais il y a quelque chose de pas très cohérent : les limites sont difficiles à trouver et en "tatonnent" la surface, je me retrouve à faire un demi-tour sur moi-même.
Où est mon ange gardien ? Il est toujours à la même place mais ici, ça semble être le corps de Liûie..

...

Je réalise... Il n'y a pas deux objets, mais un seul. Liûie est, d'un côté la bête qui me fait peur et de l'autre, quelque chose qui me protège, près duquel je me sent bien. Serait-ce possible que ce tyran soit aussi l'ami qui veille sur moi ? Ca expliquerait les larmes... Mais pourquoi me faire peur ? Quels sont ces reproches ?
Qu'est-ce que tu fais là ?


Les reproches ! Oui ! C'est le moment où jamais de savoir ce qu'il a contre moi. je vais peut-être savoir quelle idée, quelle sensation contient ce regard.
J'ésite un instant. J'ai peur d'affronter son regard et de ce que je vais y trouver.
Mais après tout, de quel droit s'insinu-t-il dans ma vie ?! Je ne lui ai rien demander et il arrive pour reprocher je ne sais quoi ! Ca n'a surement aucune valeur venant de lui, mais si j'arrive à savoir, peut-être qu'il me laissera enfin en paix.

Je m'avance. Je plonge dans son regard. J'insiste malgré ses impression de haine, de dégout, d'angoisse. je voudrai pleurer mais est-ce que j'ai des yeux, dans ce pays ?
Ca ce précise. Puis je me sent tomber. Tomber, mais dans quoi ? Il me semble avoir trébuché. Voilà que je vois et que je sent des odeurs. Il y a la forêt où j'ai passé des mois à me cacher mais surtout, il y a des cries, des morts, certains qui pourrissent sur les sentiers. Je revois le sang sur mes doigts et l'odeur de brûlé. Je me vois pleine de cruauté puis recrocvillée contre un arbre, le visage dans mes main. La solitude. La honte. Le rejet de cette honte. La haine. Mais je ne veux pas m'en vouloir. je ne veux pas me détester. je ne veux pas me faire du mal. C'est pas moi ! C'est Lui !
C'est Liûie. C'est le souvenir de sa première apparition. je l'avais oublié, de force peut-être. Il est venu et il les a déchiqueté à ma place. Comment j'ai pu oublier ça ?

Non. Je nai pas envie de comprendre, ni de me souvenir. Mais c'est trop tard.
Je crois... que j'ai créer un démon.
Je suis une socière... mais je ne métrise pas ma magie...

Puis plus rien. Je me sent tomber.
Peut-être que je vais me réveiller.