[Les Ithryn Luin]
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AuteurMessage
Arlequin
Fou du Roi .....Tac)
Arlequin


Masculin Nombre de messages : 9576
Age : 55
Jeu : Ithryn Luin !
Race : Humain
Classe : Egarée sous un trone
Date d'inscription : 27/09/2005

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MessageSujet: ...   ... EmptyMer 22 Aoû - 0:41

Il est peut-être temps d’arrêter, de prendre le pantin de bois par sa petite main sans vie, ballante, aux forces mues par des fils, des fils de soies si l’humeur est aux larmes, aux chagrins éperdus des mots qui lassent, blessent, délestent de la pensée qu’on a que l’autre peut changer et devenir meilleur, comprendre et appréhender sans se tromper, ne pas juger, ne pas accuser, ne pas jeter aux orties les belles choses que tous portent en eux, que tous possèdent, et que certains gardent enfouis dans les fonds de leur poches trouées, usées par les mains qui s’y enfouissent, ces mains qui tremblent parfois, moites d’autres jours, c’est triste une poche trouée, c’est une âme qui a perdu la Mémoire.

Je marche et la main du pantin s’accroche à la mienne, indissociable, triste pantin qui s’use sur le bitume, râpe sa jambe de bois et de peinture aux pigments ordinaires, sans fioriture, sans apparat inutile, mais ça ne suffit pas, les apparences sont si louchées, scrutées de si près, trop près, toujours trop près qu’on n’y voit que la couleur qui aveugle, lumineuse, éclatante et on ne voit qu’elle, plus qu’elle si étincelante qu’on oublie le bois recouvert, ce bois ordinaire, du pin à l’essence courante, aussi courante qu’un mot peut tuer l’envie, un mot de trop, un mot de travers, des tas de maux pour finir, terminer la course du pantin aux rives d’une main qui n’y croit plus. Le courage ne s’achète pas comme un paquet de cigarettes.

Mais qui se soucie du bois, qui osera gratter la peinture, arracher à la sciure le piment flamboyant, qui osera ? Ça demande bien plus de courage que de contempler béatement la couleur, le pigment aveuglant, ce qui se voit sans avoir à gratter, à chercher, juger, dépecer, déchirer, s’enfoncer sous l’éclat de bois, trouver et recueillir ce qui s’y cache, ce parfum parfait du bois frais, cet arôme qui sent la vie malgré les racines coupés et le temps qui aurait du le putréfier. Qui osera ?

Jugez…
La couleur
L’emballage
La peau du fruit sans l’avoir goûté.

Il est peut-être temps de ranger le pantin de bois dans un coffre en bois à l’odeur aigrie, âpre, l’odeur du temps, des jours écoulés.
A l’abri au fond du coffre, le pantin vieillira sans être vu, sa couleur ne dérangera plus, elle n’étincellera que si l’on ouvre le couvercle du coffre, mais l’oubli est raisonnable, le pantin gardera ses couleurs aux piments ordinaires, mais qu’on a trop vu et qu’on a jugé trop voyantes, dérangeantes, malfaisantes.

Le pantin reposera sa voix, il n’aura plus les mains qui tremblent devant la peur d’écrire, ses fils de soie ne s’entortilleront plus, et ses larmes en couleurs ne mouilleront plus les mouchoirs enfouis dans les poches trouées.
Le pantin doit se reposer, sa voix est rauque, il a mal à la gorge, ses couleurs s’affadissent et le temps n’arrange pas les couleurs, elles finiront par se fendiller, craqueler, et sous la peinture effritée, le bois aura fini par pourrir.

Il est temps de refermer le couvercle du coffre sur le pantin de bois qui brillait trop.


Dernière édition par le Jeu 23 Aoû - 11:26, édité 1 fois
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Arlequin
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MessageSujet: Re: ...   ... EmptyJeu 23 Aoû - 0:13

Maintenant, le pantin se hisse et tire sur ma main, ses genoux raclent sur le sol dur, et la peinture s’y écaille, mais il tire et s’étire, ses fils sont rompus, il est libre et me traîne, il s’exprime et parle et s’égosille si fort qu’on l’entend, et il dérange d’être différent, de ne pas avoir la même tenue que tout le monde, d’avoir su rompre ses amarres qui retenaient ses mots sans langue de bois, ses mot qui dérangent l’ordinaire avachi.

Le pantin de bois s’est animé et mes doigts s’empêtrent à l’écrire, à raconter son domaine qu’il a tenté de bâtir et de partager. Il voulait offrir ce qu’il croit être juste, il a cru que l’honnêteté ne peut qu’être comprise, qu’elle est noble et impossible à salir, il a cru en la sincérité et naïf, il a voulu la partager.
Mais ceux qui pèchent par habitude, ceux qui ont construit leur réflexion sur les certitudes d’autres, sans jamais en remettre les fondements en questions, ceux qui ont usé leurs rêves ou pire, qui ont cessé de rêver, ceux-la ont brisé les jambes du pantin de bois.

Le marionnettiste un peu triste contemple le pantin usé qui tire et tire sur sa main, infatigable petit pantin de bois boitillant qui croit encore aux rêves et que ceux qui n’y croient plus devraient rattraper les contes de leur enfance, lire et relire et retrouver Hansel et Gretel, dévorer chapitre après chapitre Alice et son pays des merveilles, et ils verront tous les petits Poucets du monde venir chatouiller la pointe d’un rêve, au détour du cauchemar, au revers d’un mauvais rêve, et ils danseront une farandole émerveillée, et le rêve deviendra beau, parce que l’enfant s’éveillera à nouveau et réveillera le vieillard qui s’est endormie sur ses rêves d’enfants.

Il ne faut jamais cesser de rêver, ou le temps fera ce pied nez qui l’aime tant, et les rides pousseront celles du rire et du sourire, pour graver la déchirure indélébile de l’amertume.

Le pantin le sait, il tire sur la main du marionnettiste qui a failli oublier ses rêves.
Il boite et titube, parfois s’écroule et en se relevant sème des lambeaux de bois arrachés, un peu de sciure sur un chemin peu ordinaire, sans croix inventées pour se donner encore un frisson, juste un peu de poussière aux couleurs de sa peinture qui se mêle à la boue déversée par la mer des tristesses, l’écume des esprits assommés.

Il a pris des coups le petit pantin de bois, il est fatigué.
Pour ce soir, il va soulever le couvercle trop lourd du coffre à jouets, repousser un carrousel dans un coin, puis s’enrouler sur lui-même. Il reposera sa petite tête de bois sur un bilboquet cassé, et ses yeux grands ouverts, il va… rêver !
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