Lui...

Les ténèbres l’enveloppent. Egaré, il se tourne, se retourne, mais jamais ne se retrouve.

Il ne voit plus rien. Non pas qu’il soit aveuglé, simplement que le monde est flou devant ses yeux.

Tantôt il sourit. Armure implacable, à toute épreuve, que toute la haine et la peine du monde ne pourraient forcer.

Tantôt il pleure. Larmes chaudes, comme venu du plus profond de son âme, à l’abri, au chaud.

Mais non. Son âme est froide. Aussi agréable et chaleureux qu’il puisse être, son âme reste froide.

La plus puissante des armures ne repoussera jamais l’ennemi quand il est à l’intérieur. Ou alors pour l’envoyer au plus profond.

Erreur.

Tel l’air dans l’eau, la peine finit toujours par trouver la surface.

Incontrôlable, insoutenable, elle surgit, avec force, pour mieux crever la façade souriante qu’il se forge.

Le sourire se retourne. Disparaît. Laisse place à la grimace de douleur.

Douleur de l’âme. De celles que l’on ne soigne pas.

Il voudrait être heureux. Il pourrait être heureux.

Il le sait.

Il l’est.

Un peu. Si peu.

Il sait ce qui ne va pas, ce qui cloche. Il sait ou cette poche de peine s’est glissée. Il a beau la tirer, de toute la force dont il est capable. Mais elle reste fermement ancrée, réchauffée par le combat.

Il se voit, lui, vivant, lotit. Quelque chose derrière lui, il se retourne, et la misère et la perversion du monde l’assaillent.

Il voudrait vomir. Non pas que cette déchéance l’attriste.

Il se hait.

Alors qu’il mange, d’autres ont faim.

Alors qu’il joue, d’autres font la guerre.

Alors qu’il vit, d’autres meurent.

Alors qu’il se plaint, eux se taisent.

Le point sensible...

Lui...

Comment aimer les autres s’il n’est pas capable de se tolérer ?

Il le sait. Et devant son échec, il se hait encore plus.

Il le sait, c’est un puits sans fin. Et il sombre.

Il n’a plus la force de se hisser à la surface.

Ses poumons vides, le cœur lourd.

Sa chute.

Chute sans fin, toujours plus profond, jamais plus loin de la surface.

Un simple souffle le hisserait à jamais à la surface et bien au dessus.

Un de trop.