L'origine d'un lieu insolite

A la conquête de nouvelles terres, je partais à travers bois et prairies, prenant mon repas sur place de lapins et de perdrix tous frais cueillis. Je marchais loin, m’arrêtais peu, ne regardant que rarement en arrière pour voire le paysage familier s’éloigner.

C’était l’été. Le soleil frappait dans les planes me rendant heureuse de
trouver une fraîche forêt où la seule humidité venait de mon corps fiévreux. Je décidais donc de laisser les grandes étendues à l’herbe roussie pour me réfugier dans la forêt sèche.
Ca faisait longtemps que je n’avais plus vu le soleil qu’à travers les branches que la chaleur faisait taire.

C’est là que la nuit commençait à tomber accompagnée d’un temps lourd et
pesant. « Ca sent l’orage » je me suis dit. Je n’aime pas toute cette eau qui forme un couvercle si lourd qu’il écrase l’air sur ma tête. C’est désagréable. Ca me gèle le dos et me fait transpirer derrière l’oreille. L’orage qui approche et qui se fait attendre, c’est stressant.
Il n’y avait pas de lune et pas d’étoiles non plus. Seulement cette épaisse couverture nuageuse et grise comme l’anxiété de celui qui s’est trop ennuyé. Et même avec mes yeux brillants de félin, je n’y voyais pas mes mains. J’ai donc décidé de m’arrêter au lieu de me heurter à l’inconfort des écorces dissimulées.

Arrêtée là, il faisait froid car le soleil de plomb s’était retiré depuis longtemps. Je me sentais m’enrhumer et c’est un premier éternuement qui m’a convaincu de faire assez d’effort pour trouver des pierres, du bois et des brindilles pour allumer un feu.
Ce fut vite fait : une petite boule de feu sur les ingrédients rassemblés et une belle flambé chaude, radieuse et apaisante se déclarait. C’était bon et rassurant, cette lumière bienfaisante dans cette nuit sourde dont le temps s’annonçait capricieux. C’était beau. Mais j’ai entendu tonner. Tous les poils dressés, je m’empressais d’ajouter du bois puis de me frotter derrière l’oreille, toute grelottante que j’étais.
Pour me sentir plus tranquille, en attendant la saucée, je décidai de me concentrer sur les flammes dansantes qui léchaient goulûment le bois puis bleuissaient de famine où elles n’avaient plus rien à ronger. Je n’avais pas envie de voir la grosse fumé grise et déprimante. J’encourageais donc ces grandes langues rousses à lécher jusqu’au ciel pour la cacher. Mais le feu ne vie que s’il dévore et j’avais bientôt donné tout ce qui était à ma porté. Et il fallait que les flammes soient plus belles et plus grandes, que leur éclat efface la fumé et la nuit. Alors j’ai poussé ce caillou pour laisser au feu ce nouvel espace. Il va, grandit et s’épanouie. Le rideau se déploie, enrobe d’abord un arbre puis vient manger son voisin. Le feu s’étendait.

Le feu s’étendait, mais sa chaleur ,aussi torride qu’elle l’était, n’arrivait qu’à me ravir tandis que la forêt se faisait dévorer. Cette chaleur, si forte sensation me caressant jusqu’en dedans, jusqu’à l’extase, la jouissance, puis la souffrance. Je déployai alors une cloche protectrice issue d’un livre de magie de mon père, assez puissant sorcier pour qu’aucune tempête ne puisse jamais l’effleure.
Ainsi à l’abris des flammes et de l’asphyxie, je contemplais le spectacle dansant devenu incontrôlable. Du feu plus haut que les arbres s’acharnait puis s’éloignait pour emporter plus loin le reste de la forêt. Et un tapis de braises se déroulait tout autour de ma bulle.


J’en avais oublié l’orage, au moment où il éclatait. Assise dans ma sphère, sur ce tapis d’herbe (à présent la seule rescapée), je faisais le moins d’effort possible pour garder mes forces et maintenir mon bouclier frappé par la pluie torrentielle. Le feu était stoppé mais il n’y avait plus de forêt. A sa place, je découvris le lendemain, un immense désert de cendres grises.

Depuis, il y a cette plaine de poussière qui s’étant sur plusieurs hectares avec en son centre, un petit tapis rond et vert, seul vestige de la vie qui y régnait.
Les plantes auraient put y repousser et la forêt aurait repris sont royaume. Mais je reviens souvent par ici, car c’est un lieu où je peux m’amuser et me défouler. Cette endroit retient les flammes quand j’y allume un brasier. Elle ne prennent que ce que je leur apporte et se taisent sur la poussière. Alors il ne reste de cette vie ardente qu’un petit nuage de fumé noir et déprimant. Et je reste là, assise dans la vielle cendre ou repart pour aller chercher de quoi m’offrir un nouveau spectacle trop éphémère.




C’est une grande plaine de cendres où la seule animation sont les vas et viens d’une félyssette grisée par la passion d’un feu dévorant. Quand vient l’ennui et la morosité, elle s’y promène, grise de la tête aux pieds, les bras charger de branches puis les yeux étincelants d’émerveillement devant ses enfants les foyers.