[Les Ithryn Luin]
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 Histoire sans titre

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Sin
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Sin


Masculin Nombre de messages : 1689
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Classe : ...toi tu pues, et marche à l'ombre
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MessageSujet: Histoire sans titre   Histoire sans titre EmptyMer 29 Aoû - 21:36

Je pensais les murailles de la ville-monde plus efficace dans leur lutte contre les tempêtes frénétiques qui agitent les côtes d'Elisse. Dans mon habituelle inconscience, j'avais imaginé que mon justaucorps léger me protègerait suffisamment, mais bernique ! J'ai la chair de poule et les cheveux herissés sur la tête. La seule envie que j'ai, c'est de me jeter sur le chargement de fourrures d'Ezaks que je vois passer sur la grand'route commerciale, et de m'y prélasser pendant de longues minutes - jusqu'à ce que le conducteur s'aperçoive qu'il a un passager clandestin, plus exactement. C'est à ce moment que je lui ferais mon plus beau sourire et que je m'éclipserais en trois bonds, je suis championne en la matière. Même qu'il arrive que mon charme opère assez pour ne pas recevoir une bordée de jurons. Parfois. Surtout sur les hommes, allez comprendre.

Seulement, j'ai une mission. Sacrée, comme toute mission qui se respecte, et que moi, particulièrement, je respecte. Si je veux la mener à bien, hors de question que je me détende, hors de question que je fasse ma précieuse dans un cocon de doux poils, non, il me faut tous mes moyens et toute ma concentration, si tant est que j'en aie une.

Les cultivateurs de mire rentrent chez eux, harassés, le teint hâlé par la journée qu'ils viennent de passer les pieds dans l'eau. Je profite d'un de leurs convois pour discrètement changer de poste d'observation. C'est dans ces moments là que je remercie les Dieux de m'avoir donné un gabarit de poche, et c'est peu de choses comparé au nombre de fois où je les maudis pour les quelques pouces qui me manquent en altitude. Vous ne trouvez pas ça horripilant, pendant un cambriolage, de ne pas pouvoir attraper toute l'argenterie, même en vous mettant sur la pointe des pieds ? Ah, peut-être que vous ne cambriolez pas. Moi, si, et je le fais bien. Allez, transposez à vos situations du quotidien, rapidement vous verrez que j'ai raison.

Le baril derrière lequel je me tapis ensuite me satisfait pleinement. J'ai une vue parfaite sur l'intégralité de ma "cible". Rappelle-toi, ma grande. "Valans et Phylénie", Volumes 10 et 11, la bibliothèque de l'étage, juste à côté des quartiers du maître de maison. C'est ça. Je frissonne déréchef, j'ai l'impression d'être sur les côtes de la Forge. Mais non, pas de neige, pas même de glace, simplement cette brise démoniaque dont l'unique objectif semble être de me congeler sur place. Et la tombée de la nuit n'arrange rien. Il faudra vraiment que je réflechisse à une méthode pour pouvoir travailler de jour. Ca devient intenable, ces conditions, si j'en avais un, je me plaindrais à mon chef.

Nan. Impossible. Personne ne supporterait longtemps de tenter de me donner des ordres.

Le signal que j'attendais arrive enfin. Une magnifique charrette luxueuse s'arrête devant la maison. J'ai les yeux qui pétillent : en une vie de labeur, certains n'auront jamais les moyens de s'acheter ne serait-ce que l'essieu en argent massif. Et si...?

Stop. Les bouquins. Le contrat est suffisamment alléchant pour que tu ne te fourres pas dans les embrouilles à cause de tes réflexes de pie. Trente sols pour deux tas de papier ! C'est plus qu'une aubaine, c'est un miracle ! Assez pour que j'évite même de réfléchir à celui qui est capable de débourser autant, alors qu'un achat direct lui reviendrait certainement bien moins cher !

Je mens. J'y ai repensé. Mais les risques semblaient si mineurs...jamais on ne me vole. Je suis assez rancunière pour organiser des représailles jamais violentes, mais toujours gênantes. Et j'ai le bras assez long - façon de parler, je sais... S'il voulait des tocards, il en aurait trouvé des palanquées. Et non. Il me voulait moi. Vive l'Acrobate. La légende en personne. Le mythe de la rue. L'incarnation de la modestie, qui plus est.

Ca y'est, la Demoiselle est enfin rentrée, là, le cocher devrait aller cacher le trésor qu'il conduit dans la caverne artificielle. Voilà. C'est fou ce qu'un riche marchand peut avoir une vie prévisible. Ils se ressemblent tous, qui plus est, on ne les différencie qu'à la couleur de leurs chevaux. Lui, Ganda, il en a de magnifiques. J'ai toujours trouvé que les robes bai leur donnaient un charme fou, une prestance incroyable. Mais. Mais vu la taille de ces bestioles de luxe, je me demande si je tiendrais à califourchon sur leur cou. Alors adieu rêves équestres, Vive se contentera de ses deux petons pour se mouvoir dans les rues, et des moyens de transport d'autrui, à leur insu.

Je m'assieds. Je sais combien de temps cette famille met à manger. Ils font venir leurs aliments de l'Outremer, et donc en profitent pour les savourer. Comme si une bonne mire grillée n'était pas déjà un régal...parfois, je me demande si les riches ne se créent pas des problèmes, parce que la vie est beaucoup plus amusante lorsqu'on en a. Je sors un de mes couteaux, j'attrape une latte qui dépasse du tonneau contre lequel je suis adossée, je la coupe, et frénétiquement, je me mets à la tailler. Le trafic est nul, pas un être vivant à proximité, et un vieil air, un de mes rares souvenirs d'enfance, commence à doucement sortir de mes lèvres. C'est lorsque les ténèbres commencent à m'envelopper que je me sens heureuse. Lorsque le monde entre dans mon univers. La nuit.

Ma petite lubie d'ébeniste conduit finalement à l'apparition de ce qui pourrait, auprès d'un néophyte, passer pour une flèche sans pointe finement ouvragée, et donc totalement inefficace. Je la jette, l'air exaspéré. Avant chaque petit boulot, je répète le même passe-temps, pourtant j'ai toujours deux mains gauches lorsqu'il est question d'art. C'est injuste. Il paraît qu'un Véon de trois ans sait déjà jouer de la flûte. Même s'il fait partie du peuple berger, je suis jalouse. Voilà.

Mon horreur en pin des mers a quand même eu le mérite de m'occuper le temps que la belle famille ait fini de se sustenter. Je me redresse, et fais quelques assouplissements. Important, la forme physique, surtout avant une petite grimpette. On pourrait croire qu'à mon niveau, je fais ça pour la frime, mais non. Pas complètement.

C'est l'heure. Je glisse ma capuche sur ma tête, et mon col élastique vient recouvrir mon visage jusqu'au dessous de mes yeux. A grandes enjambées, je cours m'adosser à la propriété que je dois modérément piller, sans précautions excessives. La milice ne vient pas faire sa ronde par ici avant l'aube. Dos à la paroi, je tâtonne jusqu'à trouver la prise que je voulais. Je me retourne, et l'escalade commence.

Les maisons du Quartier se ressemblent toutes, associations de cubes de diverses tailles. Dans la ville-monde, on gagne de la place par tous les moyens, or il s'avère que le carré est la forme la plus facile à ranger simplement. Il n'ya bien que dans le Sud que les hommes s'amusent à donner des formes arrondies et fantaisistes à leurs maisons, du moins c'est ce qu'on dit. Je n'ai jamais encore été traîner mes guêtres par là-bas. Trop loin, et trop chaud. J'aime encore moins le chaud que le froid.

J'arrive à un cul-de-sac - on dit comme ça sur une paroi verticale ? Faudra que je demande - mais là, Malin m'aide. Je ne remercierai jamais assez mes parents de m'avoir légué ces armes. Malin et Rusé, mes deux couteaux, capable de rentrer dans un mur comme dans de la terre fraîche. Du néant surgissent les prises qui me faisaient défaut, et je me hisse sur le premier terre-plein. Bondissante, je m'accole à l'édifice principale, tendant l'oreille pour percevoir une conversation qui n'aurait pas lieu d'être. Un instant, j'ai l'impression qu'une silhouette jaillit par une des nombreuses ouvertures, mais non, rêve passager, tout est vide. La partie périlleuse commence. La partie exaltante aussi, celle pourquoi on devient monte-en-l'air. L'effraction. Et Rusé est le parfait compagnon pour se faire.

En quelques secondes, presque trop vite, le loquet de la fenêtre supérieure est déboîté silencieusement, et la serrure qui la garde de même. Ces riches, croire qu'un verrou arrêtera quelqu'un qui veut vraiment rentrer...enfin la naïveté a du bon, elle permet de parfaire mes talents. Un pied sur le rebord, le second est déjà à l'intérieur de la pièce. Comme prévu, je suis dans le débarras. La seconde porte à droite sera la bonne.

J'avance à pas de loup, particulièrement lorsqu'il est question de passer devant la chambre de maître Ganda lui-même. Pas de souci, tous les bons bourgeois dorment du sommeil du juste à pareille heure, prêts dès le lendemain à retourner extorquer les quelques deniers tombés dans les mains du petit peuple. La routine de l'existence.

Ma main se pose sur la poignée. Ca coince. Allons bon. Ils mettent des verrous intérieurs maintenant. Ruse trime un peu, mais parvient encore à franchir l'obstacle, comme à son habitude. Grincement léger. Bloquage. Je force, la gêne n'est pas trop grande, mais je suis perplexe quand à la nature du butoir que je viens de rencontrer, surtout qu'il semble avoir laissé traîner du liquide derrière lui, vu que mon pied en est imbibé. De l'inconvénient de ne pas porter de chausses. Les riches ont du laisser choir un tonnelet d'hydromel. Peu importe, ils en commanderont cinq pour compenser.

Un bruit ? Non, je rêve. J'avance. Le clair de lune éclaire pile-poil la bibliothèque. Péniblement, je déchiffre les inscriptions, heureusement que je les ai mémorisées depuis le parchemin qui a servi d'ordre de mission. Un jour, j'apprendrai à lire. Régulièrement, je me le répète. En la situation, ç'aurait été utile.

Coup de chance, je sais compter. Et quand je repère la série "Valans et Phylénie", je commence doucement à exulter, et mon doigt se met à suivre le rayonnement. Un, deux...six...sept, huit, neuf, douze.

Ah non.

Mauvaise blague, là.
Je reprends mon décompte, mais rien à faire, un trou béant sépare les ouvrages numéro neuf et douze. Allons, allons. Monsieur a du les consulter récemment, il suffit de chercher dans toute la pièce. J'avance à tâtons, bute dans quelque chose par terre, trébuche, me rattrape en plein dans l'hydromel - Ô joie, j'ai la main dégoulinante - et mon analyse recommence.

Quand même.
J'imaginais pas que ma respiration était aussi bruyante. Ce sont des souris, qui font tout ce raffut ? Impossible de me concentrer. Je vais pour ouvrir la porte et voir de quoi il est question.

Pas de souris. La torche qui se met à éclairer la pièce me donne la raison. La Milice est de passage. Je profite de cette lumière salvatrice pour chercher précisément les deux tomes qui m'intéressent. Nom d'un chien, ils sont bien quelque part, non ?

Toc-toc.

Je hais les mauvaises blagues. Qui toquerait à la porte de la villa à cette heure. Un plaisantin ? Alors que la Mil...

Funérailles. Y'a un truc. Et les pas accélérés dans les escaliers ne sont pas pour m'ôter l'idée de la tête. Je me précipite vers la fenêtre, j'ouvre avec peine le cadenas - merde, Ruse, me lâche pas maintenant ! - et je commence à enjamber la rambarde. JE suis pas seule, mais en passant par les toits, je pourrai rester hors de portée de mes poursuivants, qui justement, déboulent dans la pièce l'épée au clair.

L'un d'eux a une torche. Et là, je manque défaillir. C'était pas une outre d'hydromel qui traînaillait par terre. C'est pas de l'alcool que j'ai sur les mains et sur la jambe.
Non.
De ce qui reste du corps de Maître Ganda, je suis certain que ce n'est pas de la liqueur qui est sorti. Et particulièrement de la tête que la violence de l'entrée de la Milice envoie valdinguer dans un coin de la pièce. Remarquez, j'aurais pu en dire autant du bras gauche qui décore le haut de la bibliothèque et de la jambe qui est nonchalamment lovée sur le fauteuil de lecture.

Ma grande, t'es dans de beaux draps.
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