Un ptit tour dans la bibliotheque porte il malheur ?

Alquäloth se dépêcha de ranger son livre entre deux épais volumes, forçant un peu pour que la biographie inachevée puisse rentrer.
Avec mille précaution pour ne pas faire tomber les livres poussièreux qui s'étalaient des deux côtés sur les étagères de vieux bois épais, elle écarta " la Psychanalyse du Centaure Arboricole par Pr. Egon Balrogsen" , cala du coude " Comment reconnaître les Spécimens Kéviniens et comment agir en cas de rencontre avec l'un d'eux " du même auteur, puis attrappa de se main libre son ouvrage, sans nom, sans reliure, pour l'enfoncer d'un coup sec entre les deux lourds traités. A ce moment là, elle entendit un énorme bruit de chute. Instinctivement, elle ferma les yeux. Les dents crispées, elle attendait que le silence revienne, et, quand les bruits de chute s'estompèrent, elle ouvrit précautioneusement les paupières, se préparant au pire, mais...rien.

Les livres étaient toujours sur leurs étagères, nullement torublés dans leur paisible hibernation. Les sourcils froncés, elle s'avança doucement entre deux rangées d'ouvrages traitant de sciences occultes et de médecine douteuses...

Elle n'était jamais venue dans la bibliothèque des Ithryns Luin, bien qu'elle en ai entendu parler plus d'une fois. Il ya régnait une atmosphère d'histoire d'horreur, comme dans bon nombres de bibliothèques qui contiennent des années et des années de souvenirs qui s'encrassent au fur et à mesure sans que persone ne viennent perturber leur long et lent sommeil. La salle était plongée dans la pénombre, jonchée de tables et de fauteuils installés entre les étagères croûlantes de vieux et moins vieux manuscrits. La seule source de lumière venait de chandelles qui brûlaient allègrement sur des chandeliers et des torchères fixées au mur. Il n'y en avait pourtant bien plus d'éteintes que d'allumées.

Alquäloth se dirigea vers les fenêtres derrière lesquelles devait sans doute briller un soleil radieux, mais dont on ne voyait qu'une pâle lueur étant donné que d'épais rideaux verts foncé étaient tirés devant. Elle dénoua le ruban de tissu qui maintenait les rideaux ensemble, puis les écarta d'un coup sec. Elle répéta l'opération pour les trois autres fenêtres les plus proche. La clarté du soleil inonda la pièce, et une vague pointe de culpabilité monta dans la gorge de l'elfe...Elle n'avait pourtant rien fait de mal, mais si les livres pouvaient parler, ils l'accuseraient sûrement de les avoir dérangé dans leur sommeil béni . Qu'importe. Un livre, ça ne parle pas.

A ce moment précis, une vague voix très très étouffée parvint aux oreilles d'Alquäloth. Quoi...Mais qu'est-ce que...Non reprends-toi ma vieille, ce n'est pas un bouquin vieux comme le monde qui est en train de t'invectiver, c'est simplement un pile de livres qui remue vachement et qui parle...Encore mieux !

L'elfe s'approcha doucement, avec précautions...Au détour d'une étagère consacrée à la cuisine à base de fruits d'ents, elle tomba sur ledit tas de livres...Elle monta dessus sans ménagements et entreprit de dégager une ouverture suffisante pour pouvoir voir ce qui se cachait dessous... Lorsqu'une tête masculine en sortit, elle recula de quelques pas, croisa les bras, darda sur le pauvre homme un regard fictivement courroucé et lança, en toute mauvaise fois bien sûr, un :

- Vous avez perturbé ma concentration !

J'adore.
Franchement, j'adore.
Je sauve monsieur d'une noyade culturelle et il ne daigne même pas se présenter. Encore moins me remercier comme il se doit. Et en plus, il me rétorque en prmeier lieu une phrase horriblement ironique, acide comme un citron vert. J'aurai dû laisser ses poumons s'imbiber de son propre dioxyde de carbone, tiens. J'aurai dû le laisser croupir dans sa prison privée de diazote et de dioxygène. Excusez-moi pour ces termes barbares, mais rester sans bouger dans une bibliothèque, ça pèse.

C'est bien dommage que la lumière qui passe par les carreaux un peu mouchetés de crasse l'éclaire, lui, parce que si c'était sur moi que les rayons se dirigeaient, ils pourraient voir mes yeux, et il aurait plutôt la trouille, c'est moi qui vous le dis. Parce que môôôssieur a beau être grand et dans la force de l'âge, m'en fous, moi j'ai seize ans, je suis petite et je suis très très énervée. Les bras croisés, les poings serrés, la mâchoire crispée et le regard mauvais un poil hautain saupoudré d'une dose d'étincelles qui ne demandent qu'à se darder droit sur môôôssieur, je dois faire peur à voir. Mais la lumière ne parvient qu'à éclairer son visage contrit, et, bon, je commence à me calmer et à canaliser la fumée qui me sort des oreilles. Je respire plusieurs fois, pronfondément, puis déglutit avec difficultés.

- Allez, debout ! Hugnmpf....

Je lui tend une main charitable, mais j'ai bien l'intention de ne pas me montrer trop tendre pour l'instant. Pourquoi ? Parce que je suis mal embouchée aujourd'hui. On a essayer de m'arnaquer en me vendant la fausse réplique d'un médaillon que je convoitais depuis longtemps. Un machin pas vraiment précieux mais joli et qui apporte plus de force et de puissance. La bière de la Taverne était daubée, c'était la cuvée d'il y a trois jours, celle dans laquelle trois félys enragés avait fait des expériences. Mon collier est toujours cassé, et son petit poids au creux de ma poitrine me manque. Le bijoutier était fermé, l'armurier aussi. J'ai toutes les raisons du monde d'en vouloir à quelqu'un. Aujourd'hui, c'est ce mago qui va morfler. C'est pas de la mauvaise volonté. Lui ou un autre, qu'importe. Au moins, celui-là, je ne le connais pas.

- Vous croyez vraiment que j'aurai choisi précisemment ce livre-là pour le changer de place alors que je compte bien vous faire tout ramasser ?

Ca veut dire "non". Pauvre petit magicien, quand même...Il n'avait rien fait, et il avait l'air gentil. Mais bon. Ma conscience s'apaisera en disant qu'il a bel et bien perturbé ma concentration.

Les yeux comme les soucoupes, là.
Grands, ahuris, le bouche entrouverte pour laisser passer un "GGgggh" qui ne sort pas, les sourcils qui se lèvent et s'abaissent, les cils qui papillonent. La tête qui pousse même l'ébahissement jusqu'à se secouer, pour voir si elle a mal vu ou si cet homme vient de dédaigner sa main tendue.

La soudaine acalmie de son humeur réexplose tout à coup, remonte en flèche. Le calme au milieu de la tempête, et la tempête, là, elle fait rage. Avec la flotte qui tombe dru, les éclairs qui crâme tout ce qui est touché par leur pointe et les roulements de tonnerre qui font bondire tout être vivant bipède/quadrupède qui a poser ses grolles par terre. Tout ça d'un coup, dans les prunelles de l'elfette/humaine.

Et comme les indices d'un coup qui va partir bientôt et plutôt dans le genre indice 9 sur l'échelle de Richter, se manifestent avec une vitesse alarmante - poings qui se serrent, phalanges qui blanchissent, le corps tendu et crispé de partout, les yeux qui font mal rien qu'à regarder - et qu'elle commence à avancer, menaçante, vers l'homme, il juge bon de reculer d'un pas, deux pas, devant l'index d'Alquäloth furieusement pointé devant elle, droit sur sa poitrine.

- Ecoute, vieux, je sais pas pour qui tu te prends mais tu dois en avoir d'bonnes pour refuser mon aide alors que...quoi ?

Ah, parce qu'en plus il se présente, maintenant, avec une légèreté de joyeux trublion, sauf que, petite ombre au tableau, il a l'air à deux doigts de lever ses bras au-dessus de sa tête comme pour se protéger d'un coup qui ne viendra sûrement pas...

Alquäloth a l'air sur le point de lui rétorquer quelque chose de très malvenu, quand soudain elle change d'angle d'attaque à la vitesse de la lumière. Elle se glisse avec la rapidité et la discrétion d'une ombre derrière Danahel, et lui colle quelques mots dans le creux du cou, les dents découvertes comme si elle alalit mordre. Sauf que sa voix est vraiment trop horriblement tendre.

- Te tuer ? Non.... ( rire doux et entièrement faux. ) J'ai mieux en ce qui te concerne...

"- Te tuer ? Non.... ( rire doux et entièrement faux. ) J'ai mieux en ce qui te concerne..."

Il fallait que j'entende ça ! J'essaie de voir en me tordant la tête sur le côté de l'énorme pile de bouquins que je porte. Un énorme livre tombe du haut de la pile et viens évidament m'écraser le pied. J'ai mal.

-HaaAAAaaaaaa haaaa ouille ouille ouile, grrrrrrrr !!!!

Oh le vilain crie de douleur de rage. Ce sale bottin de torchon à merde, il a fallu qu'il tombe en plein sur mes orteils !!
Les autres bouquins tombent et moi avec. J'ai mal. Je me retiens très fort de ne pas les emmener au bûché.

Je saisi très fort mes doigts de pieds entre mes main comme si la douleur pouvait en sortir de la même façon qu'on perce un furoncle. Mais il n'y a que l'eau de mes yeux plissés qui sort. Le nerf optique doit être le plus long du corps pour que quand on reçoit quelque chose sur le pied ça fasse pleurer les yeux.

Les dents serrées, je me relève vite fait genre "même pas mal". Vu l'ambiance des lieux, je ne préfère pas attirer l'intention sur mes bobos.

Mais je le reconnais, celui qui à l'air en dangé. Et c'est bien Alquäloth avec ses yeux de furie ?
Je m'approche en boutillant (mais pas trop, du moins j'essais).

-Je vois que tu as fais connaissance avec Danahel. Qu'est-ce qu'il t'a fait ? Il est méchant ?

Je suis assez étonner de le voir en telle posture. La dernière fois que je l'ai vu, il parlais des secrets que tout le monde garde. Est-ce qu'il cache quelque chose de si terrible que mon elfette veuille lui faire du mal ? Ou bien c'est elle qui cachait ce côté torsionnaire psychopathe ?

J'étais venue chercher des livres et je trouve une drôle d'agitation
Moi qui voulait retrouver des connaissances, je suis servie. Je savait que je retrouverais Danahel, mais si tôt, je ne l'ai même pas cherché... pas comme ces affreux pavés qui ne répondent même pas à mes questions ! Mais non non, j'ai pas mal... ou en tout cas, vous ne le saurez pas. Quoique après le hurlement que j'ai lancé avant ma chûte, je pense que je suis un peu grillée... encore.

Mais au fait, où est-ce qu'il est passé celui-là ? Mais oui ! Il a filé !

-Je l'ai rencontré dans un bar, puis nous avons passé la nuit dans une plaine. Il a été très gentil.

Je vais pas ajouté que j'ai dormi dessus, ça pourrait avoir des connotations douteuses (les humains et les elfes ne se dorment pas dessus il me semble, à moins d'être très très proches). J'en ai déjà dit assez pour qu'on se pose des questions. Alors je lui ajoute un sourire très innossent mais là aussi, j'ai peur que ça n'aide pas.
Il faut vite lui faire penser à autre chose.

-Tu veux que je t'aide à le retrouver ?

Aïe, mais si elle le retrouve, il risque de passer un sale quard d'heure. Tampis, c'était ça ou risquer de déclencher des interrogation qui, à terme, risquerait de révéler que je me sert de ma bouille féline pour me permettre ce qu'on ne me reprochera pas. Je préfère qu'on me pense aussi innocente que n'importe qu'elle bestiole et pouvoir profiter sans conséquences. On ne reproche pas à un animal de compagnie de s'assoir sur les genoux d'un monsieur, mais les jeunes filles, c'est autre chose. C'est là que j'aime bien être une félys... tant que personne ne se doute de rien.

-Je connais son odeur. Ca ne sera pas difficile

J'entend alors une autre voix. Il semblerait que quelqu'un ait déjà mis la main dessus. Je n'ose rien dire. J'attend de voir si Alquä va l'abimer. C'est qu'elle a l'air en forme !

C'est un peu cruel (quoique, ça aurait été un inconnu, j'aurais imaginé pire). Est-ce qu'il va vomire ? Je crois que c'est ce que je ferais à sa place. Beurk, elle sont vieilles ces pages.

-Euh... il a peut-être compris maintenant...

Je n'ose pas en dire plus. Elles ont l'air tellement contente de lui en faire baver. Ca me fait un peu peur. Je préfère rester assise là, à regarder tout en évitant son regard. Le pauvre, j'espère qu'il ne va pas m'en vouloir de ne pas le tirer de là. Mais il l'a surement mérité... non ?