Aelis Saucisson, mais pas boudin
Nombre de messages : 5759 Age : 43 Jeu : floode donc je suis Race : un peu de ci, un peu de ça Classe : pied Date d'inscription : 29/06/2006
| Sujet: Les démons s'en sont allés Ven 14 Sep - 15:30 | |
| La vieille avait raison. Les démons m’ont hanté pendant des lustres. J’ai cru que si le Faucheur devenait mon père, sa puissance les ferait s’enfuir. Mais j’avais tord. La délivrance était ailleurs. Et aujourd’hui, j’ai compris.
Ils sont revenus bien souvent alors que je pensais les avoir vaincu, chargeant sur leurs montures démoniaques, glaive de feu à la main, prêts à m’arracher l’âme et le cœur. Ils ne voulaient pas ma vie terrestre, comme certains bandits qui arpentent les chemins de Barla. Non, ils voulaient plus. Ils me voulaient moi, ce que j’aspirais à être. J’ai essayé de les combattre, eux que je voyais à travers les prunelles éteintes de malheureux. J’ai frappé, j’ai volé, j’ai détruit, cherchant inlassablement à m’acquitter de cette dette certainement accumulée dans une autre vie. Mais rien n’y faisait. Quand je pensais en détruire un, je le voyais quitter en riant le corps du pauvre bougre qui gisait au sol. Et peu à peu, ils arrivaient à leur fin, m’entraînant un peu plus dans cette folie dont on ne revient pas indemne.
Puis j’ai ouvert les yeux. Plus précisément, j’ai ouvert mon cœur. Je les ai laissé entrer, eux. Pas les démons, eux. Ceux à qui on peut donner bien des noms, mais dont aucun n’est assez fort. Les mots ont longtemps été mes compagnons, d’infortune ou de joie, mais ils se montrent si insignifiants face à eux. Je ne les ai pas trouvés, mes anti-démons. Ils sont venus à moi. Naturellement. Comme l’abeille va à la fleur. Pourtant, la fleur est épineuse. Et elle n’a guère de pollen à offrir. Et ils m’ont offert un magnifique jardin, un éden fourmillant de tout ce dont je pouvais avoir besoin. J’y suis tellement bien, dans mon cocon.
Mon âme était comme une toile vierge. Les démons qui hantaient mon esprit étant libre d’y dessiner un sombre destin. Mais ils y ont posé leurs pinceaux, mélangeant devant mes yeux des couleurs dont j’ignorais l’existence. Puis ils y ont ajouté des mots. Un véritable feu d’artifice se propageait dans tout mon être. Et les démons n’aiment pas les feux d’artifice. Alors ils se sont enfuis, ne pouvant contrer ce bonheur qui m’envahissait à leur place.
De temps en temps, je les croise encore, dans les ruelles sombres. Ils attendent, espèrent, mais ils n’auront plus jamais leur place dans mon monde. Ce sont eux qui l’habitent maintenant. Et à tout jamais. Je ne peux vous dire qui ils sont, vous essayeriez de me les voler. J’ai besoin d’eux. Ils ont contribué à faire de moi ce que je suis aujourd’hui. Ils ne m’ont pas apporté que la rédemption. Non, c’est bien plus que ça.
Et depuis, pour les remercier, je n’ai trouvé qu’une chose à leur offrir. Un sourire. Intarissable. | |
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