Egorgeons les Bisounours.
Que leur sang se répande lentement,
Qu’il recouvre ce monde d’un rouge poisseux.
Egorgeons les Bisounours.
On pourrait utiliser les pires rebuts de cette humanité,
Du sang reste du sang,
Ferreux, doucereux et entêtant à en vomir.
Du sang reste du sang.
Qu’importe le réceptacle, qu’importe l’amas de chair qui l’enferme,
Pourvu qu’il recouvre ce monde de son manteau rouge et poisseux.
On pourrait...
Mais égorgeons les Bisounours.
Juste pour ca,
Pour le plaisir de détruire quelque chose de beau,
Quelque chose de doux et câlin.
Pour les punir d’être aussi heureux et aimants dans un monde si laid.
Ils ne le voient pas,
Ils ne voient rien.
Ouvrons-leur les yeux.
Egorgeons les Bisounours
Arrachons-leur les entrailles,
Et re-décorons le monde de ces guirlandes sanguinolentes.
Arrachons-leur le cœur,
Et transformons ce symbole mielleux en bouillie écœurante.
Arrachons ces yeux aveugles et inutiles.
Puisqu’ils ne peuvent voir, montrons-leur.
Mais pas la langue,
Pas tout de suite.
Que leurs cris puissent recouvrir les murmures de ce monde.
Egorgeons les Bisounours.
Un acte abject et répugnant,
De part tous ces symboles qu’il véhicule.
Mais qui se soucie encore des apparences?
Maintenant que l’orchestre s’est mis à jouer,
Maintenant que la représentation a commencé ?
Egorgeons les Bisounours.
Par pure jalousie,
Parce que rien ne les atteint
Et qu’ils continuent égoïstement à rire et s’aimer
Quand on ne veut qu’hurler.
Egorgeons ces êtres détestables.
Laissez-moi accorder ce monde à mon humeur.
Laissez-moi me noyer dans un bain de sang.
« Ca ira mieux demain »
Ou plus tard
Peut être, oui…
Mais moi, c’est maintenant que j’en ai besoin.
(Petit texte retrouvé griffoné dans un cahier. Ca date un peu, mais je trouvais dommage de le laisser pourrir. Vous m'enfermerez pas, hein? )