Et si...

Et si?

Et si je dormais...

Bercée par les murmures du vent qui souffle derrière mes volets, portée par le son de la pluie frappant le mur tout près de moi, je rêverais d'un autre monde.
J'y verrais peut-être une forêt, drue mais encore florissante, où les bourgeons forceraient leur venue au monde, où les fleurs étireraient leurs pétales sous la Rosée du matin, où les arbres millénaires retrouveraient leur splendeur d'antant.
Dans cette forêt, j'y verrais peut-être des animaux. Petits laperaux, frêles et sans défense alors que leur mère est partit leur ceuillir quelques baies sauvages, ou de grands cerfs, majestueux, leurs bois portés tels des couronnes, peut-être quelques oiseaux si ces derniers veulent bien descendre de leurs Cieux et passer sous la cime des gigantesques arbres.
Peut-être verrais-je tout ça.

Et si je sortais de cette forêt...

Je verrais peut-être un village, à la lisière.
Et dans ce village, j'y verrais peut-être des Hommes, surement même. Je verrais à quel points certains me dégoutent, à quel points certains sont si inférieurs aux animaux que j'ai pu voir dans la forêt, à quel point ce Monde se pourrit.
J'y verrais des bêtes, un verre à la main, un couteau peut-être. J'y verrais du sang et de l'alcool, de la violence gratuite et de l'intolérence. J'y verrais ce qui gangrène ma Terre depuis bien des Temps maintenant.

Par curiosité, j'essaierais de m'approcher. J'irais au centre du village, pour me faire une meilleure idée de ce qui s'y passe.

J'y verrais surement des Hommes saouls, des voleurs, des Nobles et des moins Nobles, des artisans et des militaires.
J'aurais surement droit à des reflexions sur mes vêtements, mon visage ou mes fesses. Mais telle est la nature humaine après tout, je ne les changerais pas.
Si la nuit a été mouvementée, battant son plein lors d'une fête quelconque, peut-être aurais-je droit à une main s'immeiscant sous ma jupe, une main sentant la bière, une main ridée, fatiguée de son travail, et trouvant refuge au bar.
J'aurais peut-être droit à un couteau sous la gorge aussi, tenu par une Ombre derrière moi, me demandant si je préfère la bourse ou la vie, et à laquelle je répondrait que je suis libre de donner mes pièces si je le veux, et que ma liberté vaut plus que ma vie, car je préfère mourir libre que vivre enchainée.
Et alors peut-être que je mourrais, ou que je me ferais violer... Ou peut-être qu'il ne se passerait rien... Mais je ne leur en veux pas, ce ne sont que des hommes après tout.

Et si je me réveillais...

Je me souviendrais de ce rêve qui m'a suivit toute la nuit. Le rêve d'un Monde malade, donc le seul virus est l'Homme. Je me rapellerais de ce bon moment passé dans la forêt, j'essaierais de ne plus penser qu'à ça, et de chasser cette vision d'un Homme barbare, sans scrupules.
Et alors, je me lèverais de mon lit.
Je marcherais dans ma chambre, lentement, et j'irais vers ma fenêtre. J'ouvrirais les volets dans un petit grincement métallique, et je regarderais dehors.
J'y verrais surement un Ciel bleu, parsemé de nuages clairs et un morceau de Soleil au dessus d'un toit. Je verrais peut-être des oiseaux voletant au gré du Vent et je sentirais ce même vent parcourir les traits de mon visage.
Je regardais la rue ensuite, ce petit chemin pavé passant sous ma fenêtre. Et j'y verrais surement des Hommes, surement même. J'en verrais des biens et des moins bien. Certains me dégouteraient surement, d'autres agiraient comme des bêtes... surement...

Et si je n'avais pas rêvé?

Et si...