[Les Ithryn Luin]
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 Une pierre à la drôle de forme.

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AuteurMessage
Alquäloth
MinItrhyn de luxe
Alquäloth


Féminin Nombre de messages : 1569
Age : 29
Jeu : Ithryn Luin
Race : Elfe
Classe : Castagne !!!!
Date d'inscription : 30/10/2006

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MessageSujet: Une pierre à la drôle de forme.   Une pierre à la drôle de forme. EmptyVen 22 Aoû - 22:02

J'ai cru tant de fois que je ne remettrai jamais les pieds ici...
De trop nombreuses fois j'ai contemplé cette pièce en pensant que je ne la verrai plus jamais...
Pourquoi cet empressement ? D'où venait-il ? Pourquoi cette hâte sinistre à quitter un endroit qu'on chérit, à vouloir s'en aller, encore et encore ? Surtout quand on sait au fond de soi qu'on reviendra, toujours...
Je ne m'en suis jamais vraiment allée. J'ai toujours été là, depuis que je suis arrivée, enfin, plus ou moins. Et les jours entiers où je m'absentais pour aller chasser ou vaquer à des occupations qui devaient se dérouler hors de l'enceinte de la cité, combien de fois le cœur m'est remonté dans la gorge à l'idée, sur le chemin du retour, que tout avait disparu, que la forteresse n'était plus qu'un souvenir et que tout ce pourquoi je vivais aurait été enfoui sous les décombres du temps...
Aujourd'hui, presque invisible parmi cette cité qui se glace, cette pierre qui se fige et ces murs qui tombent en lambeaux comme de vulgaires chutes de tissus, je suis à ma place. Toujours vêtue de sombre, je porte le deuil constant des trop nombreux morts qui vivaient autrefois entre ces murs et que j'ai aimé. Qui aurait cru que cette fille elfe que je suis, bannie de son pays il y a si longtemps que c'est dur de s'imaginer que ça a existé, ferait tout ce chemin pour en arriver là ? Je tombe en miettes avec la cité.

N'empêche, je ne la quitterai pas.

La décision m'est venue il y a peu. Très peu, en fait. Cette idée cheminait dans mon esprit, me narguant. Je ne l'acceptait pas, ne la refoulait pas non plus. Indifférente, tapie dans mon bosquet aux arbres maintenant tout tordus, assise parmi les broussailles qui s'épaississent de jour en jour, face aux tours inhabitées qui tombent en rideau, et à la fontaine qui s'est à présent tarie...Même le lac s'assèche. Ce n'est pas un manque d'eau, il en tombe, de l'eau, des trombes glacées et désespérantes. Je crois que le lac, comme moi, comme eux tous, s'est fatigué. Et à quoi bon le ressusciter, à quoi bon faire semblant de revivre pour le voir revivre aussi ? Tout est mort de toute façon, tout meurt, même la végétation dense qui semble reprendre ses droits sur les vertes pelouses qui coloraient la pierre grise des nombreuses cours de la forteresse, c'est que de la feuille morte, des ronces sans vie, sans âme, drainant juste la sève nécessaire pour s'étendre un peu plus. J'ai failli être enseveli sous les mauvaises herbes. On aurait pu me croire morte. Même les animaux fuient ce lieu. Les oiseaux ont déserté la forêt des Murmures. Les cerfs ne gambadent plus dans la forêt. J'étais le seul animal, tapi furtivement sous les herbes hautes.

Mais je suis restée...Je ne suis pas morte, ni enfuie. Je me suis finalement extirpé de mon carcan de solitude et de broussailles, et je suis remontée dans la forteresse. J'avais oublié à quel point elle était grande. Elle le semble encore plus maintenant qu'il n'y a plus personne pour écouter l'écho de mes pas. Même lui, l'écho, s'est tu. Il a dû s'être lassé de reproduire les bruits du passé alors que personne ne les entend.

La salle commune...

Mon endroit préféré. Celui où je me réfugiais, où je me réfugierai toujours. Mon fauteuil. Le même que d'habitude, près de la cheminée. Comme toujours, cela au moins n'a pas changé. Une bûche dans l'âtre, une étincelle, et ça repart. Les murs ont l'air surpris de voir cette soudaine lueur chaude faire danser des ombres sur leurs pierres. Les murs sont chatouilleux...Ils rient, je les entend. Le feu les réchauffe. Et moi aussi, je réchauffe mes mains transies à la flamme. Le feu à toujours été beau. Magique. Enigmatique. Incroyable...Je pense comme Miw, toujours à jouer avec le feu comme avec un chaton...Mais c'est vrai. C'est un bon atout pour se détendre, pour réfléchir...Cela, c'est Sinekein qui me l'avait dit, il y a longtemps. Faudrait que je lui dise que ça marche...Boadicea, en revanche, je me souviens surtout de la colère qu'elle avait piquée quand cette sorcière de félys avait enflammé les arbres autour du lac...J'ai cru qu'elle allait tous nous tuer...Moi qui n'était pas dans un état très brillant, déjà...C'était le jour où Nenya est arrivée. Nenya, qui est partie, elle aussi. Qu'est-elle devenue...? Je me demande si ce nid d'oiseaux-voyageurs est toujours dans la forêt là où je l'avais découvert...Ce serait pratique pour...

...pour...

Pour rien. Rien du tout. Il n'y a plus personne.
Enfin, si.
Il y a moi.
C'est pour ça que je reste, que je tomberai en lambeaux en même temps que la pierre qui m'a protégé et fait sourire. Combien de sacrifices ai-je fait pour pouvoir venir LES rejoindre ? Ce fut dur, mais j'ai été heureuse parmis eux. Je ne peux partir. Ce serait pire que de mourir.
Et donc, je reste.
Pour qu'il y est toujours quelqu'un, un gardien, silencieux et qui deviendra de pierre, comme les murs de la forteresse.
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Alquäloth
MinItrhyn de luxe
Alquäloth


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MessageSujet: Re: Une pierre à la drôle de forme.   Une pierre à la drôle de forme. EmptyMar 27 Fév - 20:40

Il paraît que les elfes ne vieillissent pas, que le temps n'a pas de prise sur eux. Ils glisseraient à travers les âges comme un remous sur l'eau, ne retenant que la sagesse et l'expérience du temps qui passe, les seuls marqueurs de l'âge prenant place dans une chevelure qui se teinte d'argent et au fond de leurs yeux. Alquäloth a longtemps pensé ne pas déroger à la règle, et imaginé sa vie comme un spectacle la mettant en scène au second plan. Son existence, à l'image de celle de ses pairs, aurait été morcelée de rencontres et d'évènements survenant comme autant de coups de théâtre avant de revenir à une homéostasie sans tremblements, vouée à entrelacer pour quelques temps son chemin à celui d'autres personnes, mais toujours en gardant le regard extérieur de celle qui continuera son chemin horizontal alors que les autres vivront leur existence avec la flamboyance de ce qui ne dure pas.

Elle en a croisé, des hommes et des femmes, de toutes sortes, de toutes espèces, de tous horizons, et elle les a vu également partir vers d'autres lieux, continuer leur vie ailleurs, différemment. Mais quant à elle, elle se sentait profondément vouée à l'attente, à la poussière qui se dépose et à chérir les vieux souvenirs, comme la gardienne d'un lieu oublié passe et repasse dans les couloirs afin que les murs de pierre puisse entendre l'écho de ses pas. Elle s'était imaginée ainsi, silhouette encapuchonnée, parcourant des lieux morts afin que les battements de son cœur redonne un peu de vie aux friches muettes et aux antichambres aveugles. Et elle s'y est épuisée. La pierre ne lui a jamais répondu, le tissu des tentures a continué de se disloquer lentement en fibres végétales qui peu à peu se mêlent au lierre invasif, et elle a cru que son existence était de s'éteindre également dans les ruines du passé.

Mais les souvenirs ne peuvent exister que si leur gardienne est elle-même bien vivante. Alors, petit à petit, elle est sortie des décombres et, timidement, a repointé son nez à la lumière. C'était difficile de renouer avec le dynamisme d'une vie, avec ses surprises et ses contraintes. Exister parmi les vivants n'est pas chose aisée, les vivants parlent, rient, se battent, se moquent, peuvent nous aimer un jour puis partir le suivant. Il a fallu tout désapprendre pour se reconstruire, pierre après pierre, bâtir la continuité de son existence sans charger son sac à dos de souvenirs qui ne veulent pas la suivre.

Elle a décidé aujourd'hui d'aller saluer les souvenirs, sans amertume ni tristesse. En parcourant les couloirs de l'ancienne forteresse, ses pas l'ont ramenée jusqu'à la salle commune, celle où elle a un jour choisi, cultivant sa mélancolie elfique, de passer le reste de ses jours, en gardienne silencieuse. Ce qui l'a poussée à en sortir, à retourner à la lumière, cela, elle le conservera en elle, sauf si quelqu'un choisit un jour d'entendre cette histoire. Mais elle est sortie, pas-à-pas, des toiles d'araignée et de la poussière, a quitté la sécurité mortifère du lieu pour retourner vers le bouillonnement de l'existence. Il lui aura fallut sortir pour être capable aujourd'hui de revenir, sans que les larmes ne lui nouent la gorge, juste comme ça, pour dire bonjour, comme on vient se recueillir dans un endroit chéri pour en ressortir revigoré.

Un scintillement soudain vient apporter un mouvement inattendu dans le décor figé de pierre et de bois de la salle commune. Surprise, Alquäloth se retourne, presque effrayée par ce bref éclat qui rompt l'immobilité pesante du lieu. Elle se retrouve face à une silhouette de haute stature, de forme ovale, montée sur deux pieds pourvus de griffes. Elle sourit. Ce n'est que l'imposante psyché dont elle avait oublié l'existence, placée dans la salle commune par elle ne sait plus qui, afin de recueillir la lumière de l'unique fenêtre de la salle commune et d'apporter davantage de chaleur à la pièce. S'en approchant, elle essuie d'un revers de manche la couche de poussière qui recouvre le miroir, plus mince finalement que ce qu'elle imaginait après tant d'année. L'objet semble étonné d'être à nouveau utilisé, renvoie un visage que l'elfe peine à rattacher à sa personne. Elle n'a pas tant changé, en vérité. Les elfes ne changent pas, souvenez-vous. Mais toutefois, si les traits de son visage sont les mêmes et que la reconnaître ne serait pas difficile, elle la remarque bien, elle, la différence. Le pli de colère qui fronçait souvent ses sourcils semble s'être lissé, sa mâchoire est plus détendue. Elle ne porte plus son épée à la taille, et sa silhouette désormais moins frêle, mais aux muscles plus dessinés, renvoie une énergie et une volonté de vie désormais plus palpable que lorsque les tourments lui ôtaient parfois l'envie de se nourrir. La chevelure, elle, s'est ravivée, plus fournie, et encadre ses yeux sur lesquels on voit se plisser plusieurs petites ridules. Une elfe en pleine santé, qui, à vivre parmi les humains, a adopté leur mode de vie, leur soif d'exister dans l'instant, leur envie de jouir du temps qui leur est imparti. Elle a vieilli, un peu, mais se sent cependant animée d'une douce énergie.

Aujourd'hui, elle viendra se promener dans les lieux qui l'ont portée et l'ont vu vivre durant un temps.
Elle lève une main un peu hésitante et trace sur la poussière du miroir un timide "Bonjour". Peut-être que lors de sa prochaine visite, se dit-elle alors qu'elle tourne les talons et qu'un sourire se trace sur ses lèvres, quelqu'un sera venu répondre à son message.
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