[Les Ithryn Luin]
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 Un moment de solitude

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2 participants
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Arlequin
Fou du Roi .....Tac)
Arlequin


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MessageSujet: Un moment de solitude   Un moment de solitude EmptyJeu 22 Déc - 0:58

Assis sur une marche, le nez dans les étoiles, la tête perchée la haut, dans l’immensité constellère, je scrute ce que je ne connais pas, trop loin, trop haut suspendu au firmament de l’inaccessible, tout cela m’émeut, je suis la et pourtant mon esprit s’envole ailleurs, ce soir, le passé me brise et me fracasse sur ce mur d’étoiles.
L’infini ne se mesure qu’au temps qui passe, au passé succède le présent, au présent une suite incertaine, mais si le passé est flou, comment envisager un futur sans tache, je m’interroge de questions en vaines réponses, ce soir, la solitude m’a enserré dans sa toile triste.

Je sais, mes compagnons autour d’un feu de camp, jouant de leur plaisanterie, tripotant la bonne chair, chantant et dansant sur des airs de joies incessants, moi, je reste la, sans voix ni cœur aux gaîtés, le souvenir de mon ami Pierrot me taraude le ventre, sa sœur, sa mère, morte de chagrin, mon père en bourreau ricanant, ses gardes en complices dévoués, je revois en lame perpétuelle, le film triste de mon enfance.

J’ai souvent imaginé ma mère, belle, sensuelle de gentillesse, fragile aussi. Le soir, elle me berçait de mots tendres et doux à écouter, elle me serrait dans ses bras frêles et forts de délicatesse, elle embrassait mon visage de ses yeux d’amour et couvrait ma joue d’un effleurement de douceur.

Si parfois, il m’arrivait d’être triste par un geste égaré de mon père, alors elle tressait des phrases en couleurs et m’offrait un bouquet de mots, qui font sourire l’âme, de ceux qui changent la couleur des yeux, lorsqu’ils auraient du pleurer.

D’autre fois, trop érodé par les brimades d’un père que je haïssais, elle m’emmenait avec elle, on se promenait ensemble, les mains emmêlées et on riait de bonheur et puis, on se mettait à courir, à respirer les vents qui gonflent la poitrine et on finissait notre course dans les bras l’un de l’autre, riant encore et chahutant de toute la joie de cet instant magique.

Peut-être qu’elle était belle, ma mère, peut-être aussi, était-elle gentille ou bien, elle s‘en serait cachée.

Je ne sais même pas si tu avais la peau douce, dis-moi, maman, me souriais-tu pendant les nuits où tu ne dormais pas, as-tu vu mes premiers pas et mes chutes de maladresse, et mes rêves d’avenir heureux, où es-tu maman, pourquoi tu n’étais pas la, pourquoi mon père…

Je ne saurai jamais, il n’y a pas de conditionnel. La certitude de ce vide, tout au long de mon enfance, c’est le souvenir d’elle et ce soir, ce soir de peines en souvenir, je me fous du visage qu’elle aurait pu avoir, laide ou défigurée, ce soir, j’aurais aimé l’embrasser, pour au moins, arriver à l’aimer un peu.

Mes pensées bruinent ma vue, le velours de son souvenir, que je n’ai pas, me brûle les yeux et je reste la, assis sur cette marche, regardant les étoiles, les yeux noyés dans les larmes de son absence.

***
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Alyssandre
Dame de fer
Alyssandre


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MessageSujet: Re: Un moment de solitude   Un moment de solitude EmptyJeu 22 Déc - 18:01

Pour la troisième fois, je remplis ma choppe à même le tonneau, riant d’une plaisanterie avec Ash, trinquant avec Aénoria. La soirée se déroule pleine de joie, de rires complices, de sourires affectueux. Les Ithryn Luin fêtent leur joie d’être ensemble, pourtant l’un des nôtres manque à l’appel : Arlequin. Je saisis une deuxième choppe et la remplis à ras bord du liquide doré.

Sortant du cercle de lumière, je me dirige vers sa roulotte. Je tape trois coups discrets à la porte, craignant de le déranger en galante compagnie. Pas de réponse. Je donne trois coups plus bruyants. Toujours rien. Je me retourne, prête à rejoindre les autres autour du feu de camp, quand je l’aperçois, soupirant après la lune.

Je m’approche sans discrétion et m’assois à ses côtés, fourrant la chopine entre ses mains. Je le regarde, silencieuse. Lui immobile, scrute les étoiles, à peine conscient du verre coincé entre ses doigts. Mon sourire s’efface. Je crois lire sur son visage la torture des souvenirs, instants d’immersion dans le passé, où peine et tristesse se font dominatrices.

Je passe une main sur son front, cherchant à le détourner de ses pensées. Dans un murmure, j’ose enfin parler.

Qu’est-ce que tu as, Arlequin ?

Pour toute réponse, il tourne vaguement la tête, les yeux embués par le mal être. Je passe mon bras sur son épaule et l’entoure dans une étreinte réconfortante. Je le sens vide et seul, enveloppe de désespoir remplie de rancune.

Nous sommes là tous, tes compagnons, tes amis, ta famille. Laisse le passé derrière toi, tu n’en as pas besoin pour avancer. Tous, nous sommes les supports sur lesquels tu peux compter lorsque tes cauchemars te poursuivent, alors ait confiance.

J’ai l’impression de bercer sur mon cœur un enfant sans famille. De lourds sanglots secouent sa poitrine. Je ne sais comment l’apaiser, alors je le laisse déverser le flot de sa peine sur mon épaule.
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Arlequin
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Arlequin


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MessageSujet: Re: Un moment de solitude   Un moment de solitude EmptyMar 27 Déc - 17:42

Las ce soir, le passé en linceul, le lendemain m’apparaît ailleurs, pas ici, peut-être pas.

Les bras d’Alyss me tiennent chauds, je m’y effondre comme un enfant le ferait dans ceux de sa mère, sauf que je n’ai pas de mère et que je ne suis pas un enfant. Je cherche des mots, des phrases toutes faites, de celles qui résument ou qui évitent d’en dire trop ou bien de déranger, lorsque les mots restent coincés dans la gorge, bouffé par le vague à l’âme et les questions qui tuent les réponses.

Après quelques propos ravalés, je me décide à parler, la fierté des larmes est un bien précieux et cette amitié qu’elle me tend dans ses bras, je ne peux que l’accepter.

Tu vois, petite reine, je n’ai plus de passé ou bien il fait mal, un présent fait de hasards, un avenir qui ne pose qu’incertitudes, au fond, je ne trouve plus ma place. J’ai beau regarder mes amis, je ne m’y retrouve plus.
As-tu remarqué nos chants, ils n’ont plus le même souffle, nos danses ne sont plus aussi éclatantes et nos déclamations sonnent en bémol, alors même qu’elles devraient être dièse et sans pause.
Je porte le masque d’un bouffon le jour, un foulard pour dissimuler le visage du bouffon la nuit et je deviens un bouffon triste.

Je joue une comédie qui ne fait plus rire, en tout cas, moi je n’en rie plus, ma prose est quelconque, sans éclat, elle n’attire plus que les flâneurs et les pochards, pour achever un moment de temps. Je cherche une inspiration épuisée, j’ai l’impression d’avoir tout dit ou de n’avoir plus rien à dire.
Et quand vient la nuit, lorsque j’enfile un autre masque, un simple foulard en tissu sans exigence, pour aller voler la noblaillerie, je n’y vois plus un sens, tout juste une distraction, un passe temps.

Tout ceci ne sert personne, notre cause en est-elle une, d’ailleurs. Les possédants seront toujours la, ils continueront à exploiter et à tirer des profits de plus faibles qu’eux, nous ne changeons rien par nos actions, nous soulageons un temps, mais rien ne change vraiment, sûrement pas les gens.

Et toi, inaccessible petite reine, ce que je ressens pour toi, je ne l’explique pas, tu es au delà de l’amitié, tes sourires sont joie pour moi et tes regards parfois revêches sont une mauvaise fortune. Je ne sais comment te parler, les mots s’emmêlent dans mon esprit et ma bouche n’expire que des mots boitillants au grotesque éloquent, le disert n’est plus, le bouffon triste par contre, celui la, s’impose en maître des récréations de terrasses.

Peut-être devrais-je m’en aller ailleurs, dans une autre contrée, la où le passé ne viendra plus jamais rejoindre mes nuits, désuet, loin d’ici en tout cas. Alors, sa supplique de l’absence, en sera-t-elle moins grande et ce besoin irrépressible d’en changer les faits, sera-t-il sans plus de raison et je pourrais enfin regarder les étoiles, sans avoir envie de les rejoindre.

***
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Alyssandre
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MessageSujet: Re: Un moment de solitude   Un moment de solitude EmptyMer 11 Jan - 11:40

Je saisis Arlequin par les épaules, paniquée par ses paroles. Je plonge mes yeux dans les siens, sondant son âme à la recherche de la source de son mal-être. Que t’arrive-t-il mon ami ? Avec une infinie douceur je pose ma main sur sa joue, en une claque de tendresse sur son visage. Je regrette ma peau rude et agressive, rendue rêche par le maniement de l’épée. J’aimerai entourer Arlequin d’un cocon de chaleur et de douceur, qu’il se débarrasse de ses idées noires, mais je ne sais comment m’y prendre.

Après quelques instants d’hésitation, je me décide à ouvrir la bouche, cherchant dans mon cœur les mots qui rassureront mon ami bouffon. Un bruit vers le campement attire mon attention. C’est un rire, fin, léger comme la plume d’un oiseau, celui de Chim. En écho, lui répondent ceux de tous nos compagnons.

Arlequin, enlève-toi de l’esprit cette idée de partir, tu n’en as pas le droit, ni même le choix. Tu entends ces rires ? Tu ne trouves pas qu’il y manque quelque chose ? Ton rire et le mien ne sont pas mêlés à ses éclats et sans eux nous sommes incomplets. Car au fond, que sont vraiment les Ithryn luin ? Des saltimbanques ? Des justiciers de l’ombre ? Je ne crois pas, ce ne sont que le reflet des nombreuses choses qu’ensemble nous accomplissons. Nous sommes un tout, un groupe, une famille, liée par les liens étroits d’une amitié sans faille.

Je laisse planer un silence volontaire. Arlequin a dirigé ses yeux vers le feu de camp, il semble se noyer dans les flammes. Un léger sourire apparaît sur ses lèvres et retourne au néant. Rassénérée par ce signe furtif, je passe ma main dans ses cheveux en un geste apaisant, presque hypnotique.

L’art des Ithryns, quel qu’il soit d’ailleurs, est changeant comme le temps, il suit le mouvement naturel de toutes choses. Aujourd’hui tu ne ris plus, mais demain tu iras courir la jouvencelle comme un jeune puceau en rut.

Un léger rire raisonne à ces mots.

Quant à moi, ne me livre pas ton cœur comme tu le fais avec toutes les belles demoiselles. Nous sommes semblables toi et moi, même passé, même destin renier. Nous avons choisi la même voie et c’est le fait de retrouver cette conviction chez l’autre qui nous a inexorablement poussés l’un vers l’autre, parce que nous nous comprenons. Nous sommes comme les deux parties du gémeau, à la fois différentes et identique… Arlequin, tu es un peu le frère que j’aurais pu avoir.

Sur ces mots, j’enlace Arlequin, ne sentant pas de réaction. En moi-même, j’ai peur, peur d’e avoir trop dit, ou pas assez.
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Arlequin
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MessageSujet: Re: Un moment de solitude   Un moment de solitude EmptyJeu 19 Jan - 14:52

J’écoute ses mots me parler, me dire les choses qui, au fond sont comme elle les décrit, avec toute sa simplicité, aussi surprenante qu’à notre première rencontre. Elle apaise mon tourment, m’aide à retrouver la foi, que je croyais perdu ; c’est vrai les Ithryn sont une famille où il fait bon vivre.

Tous si différents, pourtant si proches et semblables, notre union fait notre force, sans elle, nous ne sommes plus rien.

La nuit passe, Alyssandre l’illumine en mots, en paroles et en gestes, douceur et rudesse, pourrait la définir, si on devait la définir, mais je crois que personne ne le pourrait, elle ne le permettrait pas, trop fière, trop entière, bon sang, quel caractère !

Quand elle m’enlace de toute sa tendresse, me berçant dans ses bras fins et musclés de jeune fille, qui a grandit trop vite, poussée par un destin à redouter et implacable, je me surprends à ne plus penser qu’à elle, à la femme qu’elle est devenue, belle et désirable, ses cheveux soufflés par le vent tiède et se mêlant aux miens, balayant nos deux visages accolés.

« Arlequin, tu es un peu le frère que j’aurais pu avoir. »

Ces paroles broient mes pensées en mille petits morceaux de rêves inachevés, les fustigeant et les renvoyant au fond d’un tiroir, dans lequel on range ce qui ne peut être et qui aurait pu être.
Un tiroir qu’on pourrait nommer, espoirs et rêves d’ailleurs, déchus et oubliés.
Le tiroir refermé, la réalité reprend son cours ordinaire, un peu difficilement et je me force à lui sourire, oubliant ce que je viens de ranger dans ce petit tiroir, que je me mets à détester.

Je respire une fois encore son parfum, m’enivrant un instant, avant de reculer, pour ne pas me brûler les ailes. Je la fuis, sans le lui dire, sans même essayer de lui faire comprendre ce qui me brûle et que je viens de comprendre, amèrement.

Inspirant profondément, retenant par ce souffle, l’envie de l’enlacer et de la transporter dans mes bras, pour l’emporter dans mes rêves, je me contente de l’empoigner par les épaules, de lui donner mon plus beau sourire, en guise de remerciement, un sourire de frère. Sans la perdre des yeux, mes mains glissent le long de ses bras pour prendre les siennes et s’y blottir, sans lui dire.

- Viens, petite reine, marchons un peu.

***
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