[Les Ithryn Luin]
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 A l'aube, un de ces jours

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Arlequin
Fou du Roi .....Tac)
Arlequin


Masculin Nombre de messages : 9576
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Jeu : Ithryn Luin !
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Classe : Egarée sous un trone
Date d'inscription : 27/09/2005

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MessageSujet: A l'aube, un de ces jours   A l'aube, un de ces jours EmptyMer 16 Avr - 17:03


Il vient d’ailleurs, d’un autre monde, d’une autre terre, un monde où rien n’est à l’endroit et tout ce qui aurait du être logique ne l’est pas. Un monde qui marche la tête à l’envers, et lui est naît de ce monde, le monde de Munuroë. Mais ici, sur Nawakim, il ne sait pas comment il y est arrivé.
Il s’est réveillé d’un sommeil dont il ignore l’origine. Quand il s’est étiré en baillant, il a vu un château, un royaume naissant et quand il a eu fini de se frotter les yeux et qu’il a vu son nom gravé sur un des marbres qui ornent l’entrée, il s’est dit qu’il devait encore rêver et que son rêve devait être celui d’un autre, parce que lui, Arlequin, le seul royaume qu’il connaisse c’est celui qu’il lisait dans les livres.

Eveillé, le rêve en suspend et placé dans sa ligne de mire, le regard suspicieux, Arlequin s’est mis en route, fermement décidé à se réveiller de ce rêve qui commence à l’énerver.
Il a parcouru cette île, Takim, de long en large, en travers et dans ses fonds, fouillant même les souterrains et les grottes.
Arrivée au bord de la mer, il a plongé dans l’eau et puis s’est relevé, s’est secoué, ébouriffé, mais il ne s’est pas réveillé, non il ne s’est pas réveillé.
Il s’est allongé sur le sable tiède, il n’a plus bougé. Il a attendu des heures, de longues heures jusqu’à ce qu’enfin un crabe de biais et de travers vienne lui pincer les orteils.
Mais, il ne s’est pas réveillé, non, et lorsqu’il s’est redressé, le pied douloureux et l’orteil enflé, et puis s’est retourné, tous les royaumes étaient encore là, rien n’avait changé.
Peut-être ne rêvait-il pas…

Il aurait pu attendre encore sur cette plage de sable doux et tiède, mais il s’est dit qu’un orteil foutu, c’est déjà pas si mal et que c’est pas en se faisant grignoter le bout des pieds qu’il trouverait les réponses.
Il s’est levé et a pris le chemin du hasard, au petit bonheur la chance, peut-être lui sourirait-elle et qu’enfin, il trouverait la raison de son errance et que quelqu’un viendrait mettre un terme à son rêve qui ne finit pas de finir.

Il a marché longtemps, les mains enfoncées dans les poches, le regard absent et cette goutte de fatalité qui piège le coin de son œil ou bien était-ce un grain de sable qui avait pris ses aises.
Il a marché et le soir est tombé, celui-là aussi aurait pu lui tomber sur la tête que ça ne l’aurait pas étonné, mais il n’a fait qu’assombrir son chemin de fortune et alourdir son pas devenu trébuchant.

Maladroitement au milieu de rien qui ne lui soit familier, il a suivi une petite lumière au loin, trop loin pour qu’elle lui parle, trop petite pour qu’elle luise suffisamment pour égayer son esprit, pourtant, sa petitesse, sa ridicule lueur l’a tenu éveillé, et son attention s’est portée sur elle comme si elle avait soudainement plus d’importance que tous les grands brasiers.
Cette minuscule lumière, ce point d’horizon l’a conduit pas après pas jusqu’au port et dans l’enceinte des navires, entre mats et voiles entassées, une voix l’a enjoué, une voix familière, une voix qui vient de loin couverte de rhum et d’histoires de navires échoués, ces histoires que les marins ivres au soir racontent et d’un verre de plus, la mélancolie des embruns et des brouillards près des haubans, ils vident leur verre et trinquent au suivant.

Il est entré dans cette auberge. L’autre était là ac:coudé au comptoir et racontant ses voyages, ivre, saoul et son haleine aux relents de rhum craché au visage de qui voulait bien l’écouter. Mais à ces heures-ci, on l’écoutait, et tous riaient de ces histoires qu’ils auront oublié quand au plus tard de la nuit, ils se réveilleront entre les cuisses d’une de ces femmes qui suivent le chemin des Comptoirs, agitant leur derrière en hurlant des mots d’infidèles.


*
* * *
*

C’est là, dans cette auberge sans foi ou la loi devait faire des nœuds avec la fierté, que je l’ai retrouvé, Kenuky, capitaine du Voguemarry. Une vieille connaissance venue de loin, trop loin pour que je crois encore rêver.

Nous avons bu à plus soif, aux confins de la nuit où les histoires qui s’usent à force de vin et de rhum échouent sur le zinc comme nos coudes et nos revers de mains, comme les rêves s’échouent contre un mur des lamentations, et nous avons refait le monde, un monde à nous, où les filles ne portent rien sous leurs jupes, où les rires sont légions, où la peine n’est la que pour étayer un sourire mal embouché, un rire en coin un sourire malin, nous avons fait notre monde à nous, la cour des miracles.

Nous avons roulé sous la table ou bien sous un banc. Ma mémoire s’est égarée dans un verre de vin ou de rhum, à moins qu’en retroussant des jupes j’y ai laissé les bribes de cette nuit.
Mais au matin, lorsque le soleil frappe douloureusement les cervelles encore ivres, nous étions déjà partis.
Lui, il a suivi sa route. Moi, avant de suivre la même, je devais faire un détour par un royaume naissant, un autre, une intuition, une attirance. Quelqu’un que je devais retrouver, revoir, encore une fois, une nouvelle fois.

Je sais que nous sommes plusieurs à avoir pris renaissance sur cette île, et tous nous nous retrouverons, tous nous avons rendez-vous dans la cour des miracles et nos desseins se tissent peu à peu, et le rêve que je croyais ne pas m’appartenir, devient le mien.

Mais avant, je dois la retrouver.
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Arlequin
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MessageSujet: Re: A l'aube, un de ces jours   A l'aube, un de ces jours EmptyMer 16 Avr - 17:05

J’ai marché longtemps, erré de forets en plaines, parfois retrouvant l’océan et longeant ses marées, ses roulis qui frappent le sable tiède. M’éloignant du chant des houles, j’ai pris des chemins de traverses, des biais et de pas en pas, de foulées usées par la fatigue, j’ai cherché un signe, n’importe quoi qui vienne d’elle et au détour d’un chemin, près d’une clairière, j’ai vu l’oiseau, cet oiseau qui aimait ailleurs me narguer, jouer de moi, amusé de mes déboires, et son rire, ce rire qui n’a de sens que pour lui, cet oiseau de malheur, je le hais mon merle moqueur mais pas aujourd’hui, pas ici.

J’ai attendu son rire et pour une fois, j’ai aimé qu’il rit, même si c’est de moi que ses cris idiots se faisaient l’écho.
Je l’ai suivi, courrant d’un souffle second, j’ai parcouru des lieux à en perdre haleine accroché à son vol, éperdu de son envole.
Quand enfin son vol s’est posé sur une branche, apaisant son battement d’ailes, je me suis effondré épuisé.
J’ai repris mon souffle le visage couvert de sueur et devant moi, j’ai vu un château majestueux, en tout cas, c’est comme ça que j’ai voulu qu’il soit, comme elle, majestueux.

Mais, je n’ai pas osé aller plus loin, non je n’ai pas osé. Ici, je ne sais pas si elle existe, je ne sais pas si je rêve encore et si elle est dans ce rêve ou dans cette réalité étrange, ce monde que je ne connais pas et qui ne m’a pas engendré.
Pourtant, je sens sa présence.

Et si je me trompe ? Si elle n’est pas dans ce château que je m’invente beau et majestueux ? Et si son seul occupant est un gnome malodorant, désagréable et à l’haleine d’un putois !

J’ai posé mon sac fait de rien et rempli de peu, de quelques affaires sans intérêt, des briques et des brocs, rien de flamboyant. Je porte la misère dans ce monde comme on porte un manteau de soie ailleurs et loin d’ici.
Je me suis assis près d’un feu de peu aux flammes modestes et j’ai regardé le ciel perché sur les tours hautes du château, j’ai joué du regard avec ce nuage taquin qui effleurait une tour et puis s’amusait à boucher les yeux des derniers rayons du soleil.
J’ai attisé mon feu de broutille quand ses derniers rayons se sont perdus entre les feuillages d’un arbre.
J’ai ajouté des bois morts de s’ennuyer ou de l’avoir trop attendu, et j’ai attendu à mon tour espérant ne pas mourir d’ennui.

Je t’attends Marquise..
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