Douceur et compréhension à laquelle je tente de me raccrocher du bout de mes doigts rouillés et de mes souvenirs diffus. Une impression de retour au bercail, de cheminée allumée et accueillante qui appelle, et de porte qui se referme derrière soi, rempart inexpugnable aux tourments extérieurs.
Mais quand c'est à l'intérieur que se situe le tourment, comment le chasser de cet endroit qui fut mien, qui fut moi, enraciné désormais et se jouant de mes nerfs? Recherche, interrogation sans fin et lorsqu'une tentative de réponse, non, de possible chemin mais un semblant de réponse apparaît, porte close et barrière rabattue qui ramène sans cesse au point de départ.
Et mes doigts se rouillent et n'arrivent pas à traduire ma pensée. Quelque chose les en empêche, frontière entre l'intérieur et l'extérieur, recherche désespérée d'une unité perdue en route. Quand l'âme se dissocie du corps, quand l'esprit rejette le corps et la substance du corps, quand le corps lui-même ment l'esprit, lorsque l'un et l'autre se narguent et se taraudent, évoluant l'un autour de l'autre comme deux fauves prêts à s'entre-dévorer... Puis quand la honte, le refus, les bonnes résolutions mille fois prises et mille fois rejetées pour un prétexte ou l'autre, quand le prétexte lui-même devient justifié en apparence, quand la peur d'autrui de mêle à la perte de confiance, quand tout ceci mêlé se traduit physiquement et qu'il finit évacué. Corps qui se déchire en refusant sa matière.
Les mots ne trouvent plus de sortie. Même la confiance créatrice et le bien-être que je ressentais ici ne tiennent plus lieu d'exutoire.
J'ai tellement mal à l'âme que je pourrais même la vomir elle même dans ces foutues toilettes.