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 la mesnie (documents)

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Arlequin
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MessageSujet: la mesnie (documents)   la mesnie (documents) EmptyMer 26 Juil - 12:07

Ecrit par Georges Timmermans

Notes au sujet de "Sire Halewijn" suite à la lecture de l’ouvrage de M.Johan Van Hecke « Heer Halewijn in Vlaanderen en Nederland »

L’auteur, M. Johan Van Hecke est le seul, à ma connaissance, qui émet actuellement l’hypothèse, fort bien documenté, que le conducteur de la Chasse Sauvage, est « Sire Hallewijn ». Il consacre deux chapitres aux influences celtiques et germano-sandinaves mais, dans sa conclusion, il admet que la recherche de l’origine de la ballade est fort difficile. L’ hypothèses, qui selon moi est d’un grand intérêt : la chanson est le fruit de rites d’initiation féminines. L’auteur se base sur la particularité de la ballade hongroise qui porte le nom de l’héroïne centrale « Anna Molnàr ». Le chercheur Hongrois Vargyas, formule cinq éléments qui selon lui se retrouvent tous dans les chansons Halewijnnième et cela dans toute l’Europe, mais jamais ensemble. L’homme met sa tête dans le giron de la femme, la fille l’épouille, il s’endort elle regarde les anciennes victimes pendues dans l’arbre, elle pleure. Seulement, dans les versions néerlandaises (il y en a 20) il n’y a aucune trace de ces éléments malgré les assertions du chercheur hongrois. Mais les recherches établissent, que les femmes étaient les compositrices et poétesses les plus importantes de la communauté. Dans la société agraire européenne, les chansons accompagnaient le rythme des travaux, et la majorité des travaux étaient exécutés par des femmes. Elles n’avaient aucune place dans les gildes et compagnonnage, elles formèrent donc leurs propres associations. Mais l’analphabétisme chez les femmes étaient très supérieur à celui des hommes. Ceci explique que le texte de la ballade n’a jamais trouvé sa place dans un chansonnier. La première version écrite date de 1836, mais ceci n’exclut pas que l’origine en soit bien plus ancienne. Si la ballade contient des éléments germaniques et celtiques, il n’y a aucune trace d’une tradition chrétienne. Exception faite de la mélodie chrétienne qui elle est commune à la plupart des versions. (Missa in duplicibus.) La chanson d’Hallewijn a les caractéristiques d’une chanson qui s’adresse aux femmes. La femme personnage central, qui triomphe d’un rapt. Elle ramène la tête d’Hallewijn, arrivée à la porte de son père, « zi blaesde den horen als een man » (elle sonne du cor comme un homme) elle dépose le trophée sur la table, et toute l’action se termine par le banquet. La tradition orale, en Flandre est la meilleure garantie de la pureté du texte. « …mais , comme l’empreinte du thème primitif, paraît bien plus nette et plus vive dans celui-là que dans celle-ci, c’est en dernière analyse au lied néerlandais (Heer Halewijn) qu’une saine critique nous conduit, comme l’auteur commun de toute la tradition européenne »

« Romancèro populaire de la France »
Sire Halewijn chantait une chanson ceux qui l’oyaient voulaient être auprès de lui.
La chanson fut ouïe par une fille de roi, que ses parents chérissaient fort.
Et elle alla se mettre devant son père : « O père, puis-je aller vers Halewijn ? »
« Oh ! non, ma fille, non, n’y va pas ! Ceux qui vont là ne reviennent point.
Et elle alla se mettre devant sa mère : « O mère, puis-je aller vers Halewijn ?»
« Oh ! non, ma fille, non, n’y va pas ! Ceux qui vont là ne reviennent point. »
Et elle alla se mettre devant sa sœur : « O sœur, puis-je aller vers Halewijn ? »
« Oh ! non, ma sœur, non, n’y va pas ! Ceux qui vont là ne reviennent point »
Et elle alla se mettre devant son frère : « O frère, puis-je aller vers Halewijn ? »
« Peu me chaut où tu ailles, pourvu que tu gardes bien ton honneur ! »
Elle monta dans sa chambre, elle mit ses plus beaux habits.
Que mit-elle sur son corps ? Une chemise plus fine que la soie.
Que mit-elle à son beau corsage ? Des bandes d’or resplendissant.
Que mit-elle à sa robe rouge ? De point en point un bouton d’or.
Que mit-elle à son kerel ? De point en point une perle.
Que mit-elle sur ses beaux cheveux blonds ? Une couronne d’or massif.
Elle alla dans l’écurie de son père et choisit le meilleur coursier.
Elle monta sur le coursier, et chantant et sonnant du cor, elle chevaucha par le bois.
Quand elle fut au milieu du bois, elle rencontra sire Halewijn.
« Salut, dit-il en l’abordant, salut, belle vierge aux clairs yeux bruns ! »
Ils chevauchèrent ensemble, et pendant la route maintes paroles furent dites.
Ils arrivèrent près d’un gibet où pendaient maints cadavres de femmes.
« Comme tu es la plus belle des vierges, choisis ta mort : l’heure est venue »
« Hé bien ! puisque je peux choisir, je choisis la mort par l’épée. »
« Mais ôte d’abord ta tunique : car le sang de vierge jaillit très loin. »
Et avant qu’il eût ôté sa tunique, sa tête vola à ses pieds.
Sa tête tomba à ses pieds ; sa langue dit encore ces mots ;
« Va donc dans le guéret, (et souffle dans mon cor)
« Et souffle dans mon cor, que tous mes amis l’entendent »
« Je ne soufflerai pas dans ton cor, je n’exécute pas l’ordre d’un assassin. »
« Va donc au pied du gibet, et prends là le vase d’onguent,
« Et frottes-en mon cou rouge, ma blessure sera guérie. »
« Je ne frotterai pas ton cou rouge ; je n’exécute pas l’ordre d’un assassin. »
Elle prit la tête par les cheveux, et la lava dans la claire fontaine.
Elle remonta sur son coursier, et joyeusement chevaucha par le bois.
Elle arriva à la porte de son père et sonna du cor comme un homme.
Elle déposa le trophée sur la table et toute l’action se termina par un banquet.

Nous avons découvert la chanson d’Hallewijn, en 1943, chez mes grands parents maternels, elle était interprétée par une femme.

Eléments celtiques
L’auteur affirme qu’il existe un lien entre le personnage Halewijn et le monde des elfes.
Ce lien paraît dans l’expression « elf-knighte », mais aussi dans le nom de Halewijn, qui peut s’expliquer étymologiquement comme « alve-wijn », ce qui signifie « elfenvriend » (ami des elfes). Et puis, il y a aussi la consonance entre « Halewijn » et « Halloween », la dénomination anglaise pour la Samain. … Halloween est associée à la mort …. Et c’est ici que, pour nous, se trouve l’élément le plus important de cette fête. Le chemin vers le sïdh est ouvert. Pouvons- nous alors identifier Halewijn à une figure de l’autre monde qui, le jour de la Samain, cherche un contact avec les humains pour les y entraîner ?
Johan Vanhecke cite E.Smedes qui, en 1946, et ceci pour la première fois, établit un lien entre Halewijn et la fête. Il met l’accent sur quatre aspects qu’il retrouve dans la mythologie celtique et la religion : le chant qui ensorcelle, la toilette de la fille du roi, la menace de perdre sa virginité et la tête coupée qui parle. Selon Smedes, Heer Halewijn appartient au peuple qui vit sous les tumulus, le peuple de « sidh » c.a .d. les Tuatha de Danann « qui étaient des puissants magiciens »
Smedes se base sur un ouvrage de 1691, The secret commonwealth of Elves, Fauns and Fairies de Robert Kirk.

J.Vanhecke cite encore Yeats qui semble confirmer la théorie selon laquelle Halewijn appartient au peuple des elfes « … Quand ce peuple (les elfes) est joyeux, il chante ( des chants ensorceleurs) ; bien des pauvres filles ont entendu ces chants, puis moururent lentement de nostalgie en désirant un jour les réentendre ».
La prédilection des Celtes pour la musique et la richesse de leurs vêtements se retrouve dans chaque morceau de leur littérature. Pour ces deux points, nous pouvons suivre Smedes. L’auteur met en doute le troisième point « la menace de perdre son honneur ».
Les relations entre humains et l’autre peuple sont généralement admises de commun accord et le viol n’est pas un privilège des elfes.
En ce qui concerne la décapitation, c’est un test courant pour les héros celtiques. Ex : Le chevalier vert qui demande à Gawain (en néerlandais Walewein) de lui couper la tête, à charge de revanche que l’année d’après le chevalier coupe celle de Gawain .
La liste est loin d’être exhaustive, Cù Chulain est le super champion de ce « test » , Chrétien de Troyes décrit dans « Perceval » la scène où Caradoc, le roi de Vannes, décapite la tête de Eliavres et un an après, doit subir la même épreuve, etc…)
Perceval guérit le Roi Pécheur en lui laissant voir la tête de son ennemi. Après sa première visite au château du Graal ( Graalburcht), Perceval chevauche dans un bois, où il rencontre une vierge assise sous un chêne, qui crie sa douleur, et ainsi assume son deuil, car elle tient dans ses bras le corps d’un chevalier décapité.

Le plus signifiant est « le chaudron » qui avait plusieurs formes, coupe, plateau, corne à boire et furent modèles pour le graal.
Le chaudron magique est le plus intéressant sous la forme d’une corne magique. Si Halewijn est soit un esprit ou un dieu, un membre du peuple celtique des elfes, sa corne pouvait aussi bien être une corne de l’abondance, ( Autel gallo-romain découvert dans la région de Reims en 1807… laisse couler d’un sac –corne d’abondance -du grain…) qui au fil du temps s’est transformée en cor de chasse.

Wodan et la chasse sauvage.
La chanson d’Halewijn semble contenir bien des éléments celtiques. Mais cette chanson connaît une grande dispersion sur tout le territoire européen, certainement dans les régions germaniques.
Comme Bran, le dieu germanique Wodan est assisté de corneilles et de corbeaux.
Le mot celtique « Bran » signifie « corbeau » ou « corneille ».
Dans les sagas scandinaves, il s’appelle Odin.
Wodan rassemble tous les guerriers morts dans le Walhalla, en attente du Ragnarok, la fin des temps. Alors les géants, le loup Fenir et le serpent Midgard attaqueront les dieux.
Les dieux sont peu nombreux, aussi Wodan rassemble une armée, Einherjar, composée des plus grands guerriers, pour combattre et défaire la coalition des géants, de Fenir et Midgard.
Tous les jours, l’armée de Wodan, s’en va pour s’exercer au combat et chaque soir, l’armée revient au Walhalla pour se goberger de sangliers et soigner ses plaies.
Pour les germains, faire partie du Einherjar était un grand honneur. Le rite initiatique était la pendaison. La marque d’une lance, le jeûne et la pendaison, se retrouvent dans le mythe qui explique comment Wodan, acquiert la sagesse des runes en se sacrifiant à la potence : l’ygdrasil.
Odin acquiert la sagesse des runes par ce sacrifice. Sous une des racines de l’ygdrasil, se trouve la source de Mimir, la source de la connaissance.
Odin possédait aussi le statut du dieu de la poésie. Wodan connaît une chanson magique qui attirait les jeunes filles.
Il possède une armée de soldats sur laquelle il peut compter.
Le jeûne et la pendaison donnent le statut de guerrier dans le Einherjar.
Il y a l’Arbre de Vie, la source et la tête coupée qui parle (la tête de Mimirs coupée par le Wanen) Odin ressuscite la tête et discute avec elle de tous les problèmes difficiles.
L’auteur cite Kalff qui, il y a cent ans, écrit en accord avec Grimm et Böhme, que « Le roi magicien Halewijn n’est autre que Wodan, qui s’est retrouvé dans les contes et sagas populaires.
Cette hypothèse fut mise en doute par d’autres chercheurs. Mais en 1906, le lien entre la ballade et Wodan, se confirme à nouveau, pour se concrétiser dans la Chasse Sauvage.

La Chasse Sauvage
La Chasse Sauvage est le Cortège qui a lieu à une certaine période de l’année.

Pendant certaines nuits de violent orage, principalement aux changements de saisons, alors que la nature tout entière est bouleversée par le vent et la pluie.
La Chevauchée sauvage se compose en général d’animaux parfois d’origine mythologique, mais aussi de chevaux et de chiens. Cette tradition qui, suivant les pays et les provinces, porte différents noms.

Cette cavalcade fantomatique de cavaliers, menant grand vacarme, composée de morts et de vivants, est une variante de la « Wilde Heir ». Ceci est apparenté à la Einherjar et est parfois nommé le Heir enragé, qui est une forme de la « Wûrtanes Heir ». Les autres meneurs (Diderik d’Alsace, Charlemagne, le Roi Arthur et même Saint Nicolas)sont aussi des émanations de Wodan. Le remplaçant qui nous intéresse le plus est Hellequin, le meneur de la Mesnie Hellequin.

Avec le christianisme, la tradition de la Mesnie se modifie : elle se personnifie d’abord dans certains personnages bibliques (le Chariot de David en Bretagne, la Chasse d’Holopherne en Franche-Comté, la ChasseMacchabée dans le Blaisois etc.

Otto Driesen, auteur « Der Ursprung d’Harlekin », chercha des contacts avec différents folkloristes et littérateurs flamands, pour rassembler un maximum d’informations au sujet d’Halewijn. Il se doutait depuis longtemps qu’il y avait un lien entre Halewijn et Harlekijn qu’il considérait tous deux comme des émanations du diable.

Livar Kempinne qui a étudié la ballade de Halewijn avec les différentes variantes pour son doctorat arrive, après différents échanges auprès de différents philologues Finois, en 1958, à la conclusion que Halewijn signifierait : ami de Herla ou famille de Herla.

Hellequin serait la forme abâtardie de Herleking pour King Herla.(Roi britton qui reçoit, le jour de ses noces, la visite d’un faune qui l’invite à son tour.
Les trois jours d’absence du roi et de sa suite, sont trois siècles. Lui et ses compagnons ne peuvent mettre pied à terre. Depuis, ils chevauchent toujours la cavalcade de Herlething). Elle va plus loin dans ses comparaisons :

Arlot catalan
Harlot anglais
Araldo italien
Arnaud et Renaud français.

Halewijn en français, s’appelle Renaud, et « Harlot » signifie brigand, vagabond, diable et s’apparente à « False Knight ». Si Johan Vanhecke trouve que ces explications sont peu crédibles, je me permets d’ajouter que Allowin (hij die alles rooft) = celui qui rapine tout, fut dans le passé, un surnom commun. Halewijn n’est pas toujours une figure solitaire, ses amis arrivent nombreux au son du cor. L’Oste de Halewijn peut être une identification avec la Mesnie Hellequin et la Chasse Sauvage. « Dans les hurlements et la fureur de la tempête, l’on croyait entendre le Chasseur Sauvage et sa Horde, Wodan, le Dieu du vent, est aussi le Dieu des morts. » Frédérick Tristan affirme que Hallewijn est le nom d’un vent. Dans un des textes danois des plus anciens d’Hallewijn, la figure centrale masculine s’appelle Olmor ou Oldemor .Le nom le plus usuel est Ribold, et en Norvège on parle de Rolebald ou Rulleman. En Frise, le roi Rowolt vole sur un cheval blanc, en pleine tempête, par dessus la mère du Nord, vers l’Angleterre et revient sur un cheval noir. Sur l’île de Möen chasse le Grönejaette (Le géant vert), sa tête sous son bras gauche . La « Wilde Heir » s’accompagne de chariots qui, en Angleterre, s’appelle « Hurlewayne ». Les compagnons de la « Wildeheir » sont des morts tués par strangulation et portent la corde au cou. Si une personne rencontre la Chasse Sauvage, il est emporté et le matin suivant, il est retrouvé à la potence.
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MessageSujet: Re: la mesnie (documents)   la mesnie (documents) EmptyMer 26 Juil - 12:08

Petit détour par l’art de la musique

Dans la société celtique, les harpistes étaient des hommes ou des femmes-libres. La spécialisation fonctionnelle du Druide Barde aboutira dans l’Irlande médiéval à la classe des Filids. Les plus grands honneurs leur étaient réservés, car ils faisaient partie de la classe sacerdotale, et parce que la musique est une technique qui, dans son état de perfection divine, relève de la magie et de l’Autre Monde.

Médecine et sommeil
« Au cours d’une soirée familiale et princière, le roi Ailill demande à Fraech, le prétendant de sa fille Findabair, de faire donner un concert par ses trois harpistes :

« …Les harpes avaient une couverture de peau de loutre, avec des ornements de cuir parthe rehaussés d’or et d’argent. Elles étaient entourées d’une peau de daim aussi blanche que la neige avec des taches gris-foncé au milieu. Elles avaient, autour des cordes, une couverture de lin, blanche comme le plumage d’un cygne. Elles portaient des harpes d’or, d’argent et de bronze avec des figures de serpents, d’oiseaux et de chiens d’or et d’argent. Quand les cordes étaient mises en mouvement, ces figures tournaient vers les hommes. Ils jouèrent alors et douze hommes de leur maison moururent de pleurs et de tristesse.
Ces trois hommes étaient beaux et mélodieux, et cela, c’étaient les jeux de Uaithne…

…Et la première harpe d’Irlande, celle qui contient toutes les mélodies, est la harpe du Dagda, le dieu-druide. »

Un autre exemple de cette musique divine est relaté lors de la seconde Bataille de Mag Tured.

« Lug, le Dagda et Ogme allèrent cependant à la poursuite des Fomoires qui avaient emmené le harpiste du Dagda…Ils atteignirent la maison du banquet …La harpe était là, accrochée au mur. C’est dans cette harpe que le Dagda avait lié toutes les mélodies …La harpe quitta le mur, tua les neuf hommes et vint vers le Dagda. Il leur joua alors les trois airs par lesquels ils reconnaissaient les harpistes : le refrain du sommeil, le refrain du sourire et le refrain de lamentations… »

La fontaine de santé.« La « fontaine de santé » est confiée, dans la Seconde Bataille de Mag Tured, au dieu-médecin Diancecht qui, parce qu’il est médecin, est aussi un druide .

« On fit alors ceci : mettre du feu dans les guerriers qui avaient été blessés là afin qu’ils fussent plus brillants, c’est-à-dire Octriuil, Airmed et Miach, chantaient des incantations sur la source dont le nom est Santé. Leurs hommes, blessés mortellement, y étaient cependant jetés tel qu’ils avaient été frappés. Ils étaient vivants quand ils en sortaient. Leurs blessures mortelles étaient guéries par la force de l’incantation des quatre médecins qui étaient autour de la fontaine »

Christian –J. Guyonvarc’h-Françoise Le Roux.
Les Druides.
On retrouve un autre aspect de cette magie dans d’autres contes gallois ou dans Les Quatre Branches du Mabinogi

« Les Irlandais commencèrent à allumer le feu sous le chaudron de résurrection . Ils jetaient les cadavres dans le chaudron jusqu’à ce qu’il fut plein, et ils se relevaient le lendemain matin sous forme de combattants aussi bons qu’avant, mis à part le fait qu’ils ne pouvaient parler. »

« Petite histoire d’un géant »
C’est au alentour de 1550 qu’est attesté pour la première fois le Reuze de Dunkerque représenté traditionnellement par un géant d’osier. La légende qui prévaut veut que le Reuze était le surnom d’un certain « Allowyn »- ou « Hallewijn » - un chef de guerre venu de Scandinavie (un Viking donc) avec ses guerriers, pour envahir les Flandres.
En débarquant, Allowyn se blessa avec son épée. Saint-Eloi le recueillit, le soigna et-bien entendu – le baptisa. Il aurait fini ses jours à Dunkerque, qu’il défendit après avoir épousé une fille du pays. Bien plus tard, les habitants de Dunkerque auraient érigé, au milieu du XVI° siècle, pour célébrer sa mémoire, un géant d’osier.

La chanson de Bovon/Bovi/Bava/ (ou Op-Signorke) et Merswind

« Equitabat Bovo per silvam frondosam
Ducebat sibi Merswinden formosam
(Bovo chevauchait à travers les feuillages de la forêt.
Il emportait la belle Merswind)

Dans les Légendes du Mt Saint-Michel, Etienne Dupont relate qu’à l’occasion de la veillée de Noël, une bande d’hommes qui avaient passé le temps à chanter et à boire dans le cimetière de l’église de Kölbigh (en Saxe orientale), avaient refusé d’assister à la messe. Un des danseurs, probablement leur chef, porte le nom de Bovon. Le prêtre les maudit et les condamna à danser et chanter jusqu’à la nuit de Noël suivante : « leur ronde infernale dura donc un an …les agités n’éprouvaient ni le chaud ni le froid, ils étaient insensibles aux pluies et aux orages » la légende précise que Merwind, la fille du curé( !) faisait partie de ce groupe de danseurs et, lorsque son père voulut l’arracher de force à la ronde infernale, son bras se détacha du corps. Dans le « Le Charivari », Henry Rey-Flaud rapporte un faux curieux ; il s’agit du récit d’un certain Thierry, l’un de ces danseurs, qui aurait rédigé le récit de son malheur pour le colporter à travers l’Europe. Cette légende aurait, selon lui, pour origine un phénomène de « danse de Saint-Guy », qui se serait déroulé dans ce cimetière vers 1020. L’histoire initiale aurait ensuite été enrichie et augmentée de circonstances merveilleuses… Mais cette explication matérialiste ne peut expliquer que ce thème légendaire se retrouve dans toute l’Europe…Gaston Paris note qu’il existait en Saxe orientale, en Lorraine romane et en Angleterre, des chansons lyrico-épiques, composés « de brefs couplets, rimés et munis de refrain qui, avec battements de pieds et frappements de mains, accompagnaient les caroles ». Il est possible que la Chanson de Bovon et Merswind existait dans le pays où fût rédigé le document relatant la légende des danseurs maudits. Mais rien n’indique que cette chanson ait été chantée à Kölbigh . Gaston Paris précise que « les héros en sont de hauts personnages (Bovon est chevalier), comme dans toutes les chansons de ce genre, qu’elles soient françaises, allemandes, scandinaves, écossaises ou anglaises ; ces chansons ont pu être chantées par des gens du peuple, mais elles n’ont été composées ni par eux , ni pour eux » ?
Bovon, tel Sire Halewijn, est-il un des avatars des meneurs de la « chasse sauvage » ? Pour Henry Rey-Flaud, « le Bovon de la chanson, meneur de la ronde infernale et ravisseur de la belle Merswind, n’est pas un inconnu et il reparaît dans le folklore, avec toujours cette même fonction de séducteur infernale » L’auteur illustre son propos par le témoignage d’un moine danois sur les accouchements en Dacie (aujourd’hui la Roumanie) : « la coutume voulait que lors d’un accouchement les femmes du pays venaient pour assister celle d’entre elles qui était en travail et qu’elles menaient alors des danses déchaînées avec des chansons qui défiaient les lois…elles ramassaient des branchages qu’elles tressaient en faisceaux pour en faire une sorte de mannequin représentant un homme : elles ajustaient alors des bras de verdure à ce mannequin. Elles lui mettaient un chapeau sur la tête et le ceignaient d’une ceinture, puis elles l’appelaient Bovi. A ce moment elles reprenaient leur ronde de plus belle. Et deux femmes, soutenant Bovi chacune d’un côté, l’entraînaient alors dans leurs sauts et leurs chants… » Ce patronyme Bovi, ou Bavon, est attesté dans tout le domaine germanique aux XII°, XIII° et XIV° siècle pour signifier, le jeune homme, le garçon. Au Pays-Bas, sont équivalant porte le nom de d’Op-Signorke, c’est un mannequin qui, depuis des siècles, accompagne les cortèges folkloriques (au moins depuis 1647). Il porte aussi le surnom de « Vuilen Bras » c’est-à-dire un individu peu recommandable à la fois époux volage , noceur, qui bat sa femme.
Mais , la morale chrétienne ayant passé par là, cette poupée masculine n’est plus un pantin entre les mains des femmes, il est dans les fêtes folkloriques porté dans un grand drap par quatre hommes (et non plus des femmes…), et , de temps en temps, il est jeté en l’air et repris dans le drap par des porteurs. Il ne répond plus à leurs attentes et leurs prières « Chante Bovi ».

En conclusion
La combinaison de tous ces éléments nous fait conclure que la Chanson d’Halewijn et les légendes qui y sont associées décrivent les rites initiatiques d’une confrérie guerrière. Seulement, dans ces rites, il n’y avait pas de place pour les femmes. Pourtant, les faits de base reviennent à chaque fois : la tête décapitée, l’autre monde, la source, le cor, la musique, le gibet, la concordance des noms. Mais, si on connaît peu de choses des rites héroïques antiques masculins (Fiannas, et autres « mannerbund ») on ignore quasiment tout de leur équivalent féminins. Tout au plus sont parvenus jusqu’à nous les lointains échos d’affrontements entre des héros ( comme Cuchulain, Héraclès ou Siegfried) avec des guerrières plus ou moins magiciennes (Scatach, Amazones ou Walkyries). Il est possible que l’existence dans le monde païen de ces femmes « viriles » et sexuellement libérées, ait été occulté, censuré, par des censeurs chrétiens.
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MessageSujet: Re: la mesnie (documents)   la mesnie (documents) EmptyVen 11 Aoû - 18:50

La Chasse Sauvage
Par Tof et Véro © 2006



Tof :

Pas très loin de chez moi passe une « Grimlingweg » c’est à dire un chemin emprunté par la Chasse Sauvage.

Cette chasse sauvage est connue dans tout l’occident, elle fait partie de la mémoire archaïque européenne. On se la représente sous la forme d’une armée de morts, ou un cortège de revenants, à la tête de laquelle se trouvent différents personnages mythiques comme Hellequin, Odin, Charlemagne ou Arthur.

Cette troupe de guerriers célestes et nocturnes fait partie de la plus vieille mythologie européenne. On a fait de ces chasseurs imaginaires des revenants qui traversent le ciel certaines nuits en hurlant au son d’étranges musiques, et malheur à celui qui les croise.

Tout au long du moyen-âge on raconte qu’un tel a disparu parce qu’il a croisé de nuit la Mesnie Hennequin et qu’il a été entraîné soit par la violence, soit par la fascination. Parfois on ne revoyait plus jamais l’imprudent et parfois on le retrouvait pendu (on se souvient qu’Odin s’est pendu à l’arbre du Monde) à proximité de l’endroit où il a rencontré la Mesnie.

Dans un manuscrit du XIIème siècle on décrit ainsi cette Mesnie : « Un grand nombre de personnes ont vu et entendu les chasseurs. Les chasseurs étaient noirs, grands et répugnants et leurs chiens étaient sales et tous noirs avec de grands yeux. Ils chevauchaient des chevaux noirs…La nuit, les moines les ont entendus souffler dans leurs cornes. Des hommes dignes de confiance les ont vus la nuit et ont affirmé qu’il y avait bien vingt ou trente personnes qui soufflaient dans leur corne ».

Dans la culture française, c’est la Mesnie Hellequin. On en retrouve des descriptions et des gravures dans de nombreux ouvrages du XIIème siècle. Dans ces livres cette troupe de démons est conduite par Hellequin, le Grand Veneur (en forêt de Fontainebleau par exemple) ou l’Homme en Noir.

Si on cherche une étymologie à Hellequin on tombe sur deux pistes. Certains voudraient faire provenir Hellequin de Elfenfrind (ami des elfes) alors que d’autres y voient une déformation de Charles Quint.

Par chez moi, c’est plutôt la fureur sacrée de l’armée d’Odin accompagnée d’une meute de chiens hurlants et à la langue de feu que l’on croise certaines nuits de pleine lune à la lisière de certaines forêts et dont le cri de guerre et « Wot Wot Wot ». Cette sarabande démoniaque est à la chasse aux âmes pour renforcer encore cette armée de seigneurs damnés qui errent pour l’éternité dans les forêts. On raconte que dans cette troupe on retrouvait deux groupes bien distincts, les « Berserkr » (guerriers furieux) et le « Ulfhednar » (guerriers-loups). On dit que les Ulfhednar sont des loups-garous et sont invulnérables.

Lorsque plus haut je disais pas loin de chez moi, je pensais à la voie qui relie Hausbergen à Mundolsheim, deux villages qui doivent (selon certains) leur nom aux deux corbeaux d’Odin Hugin (d’où Hugisperga qui a donné Hausbergen) et Munin (d’où Munoltsheim qui a donné Mundolsheim).

Par-là bas il y avait un Grimlingsbrunnen (un puits de Grimling, c’est à dire de Wotan / Odin) et il y a toujours une rue Grimling.

L’Alsacien Jean Geiler de Kaysersberg a écrit en 1516 au sujet de la Chasse Sauvage : « Celui qui meurt avant le terme que Dieu a décidé devient l’un d’entre eux. C’est le cas de ceux qui s’engagent dans l'armée et sont poignardés, pendus ou noyés, ils devront rester sur cette terre longtemps après leur mort, jusqu’à ce que Dieu décide que le moment est venu ».

En Alsace, ce n’est pas toujours Odin / Wotan qui dirige cette troupe maudite, parfois c’est une femme qui guide les âmes. Dans ce cas on a affaire à Frau Perchte ou Frau Holle. Souvent l’armée est alors composée d’enfants qui eux aussi sont morts avant que leur heure ne soit venue. Cette armée là, seuls les enfants peuvent la voir, mais ils ne risquent rien, elle ne leur fera pas de mal et ils ne sont pas enrôlés de force, au contraire Frau Holle est plutôt gentille avec eux puisqu’elle leur offre des présents (souvent un peu de nourriture) et certains ont fait de cette pratique l’origine de la Christkindel, cette dame tout de blanc vêtu qui amène des présents aux enfants sages en Alsace le soir de Noël (on n’a pas de père Noël nous).

Dans la mythologie saxonne, Odin/Wotan rassemble tous les guerriers morts dans le Walhalla pour former son armée Einherjar. Tous les jours, ces guerriers s’entraînent au combat et le soir l’armée revient pour soigner ses plaies et pour profiter du banquet qui les attend.

Au début du siècle dernier en Alsace, il y avait encore à proximité du solstice d’hiver, une sorte de défilé carnavalesque où les participants masqués (« Grimnir » signifie « le masqué » et peut rappeler les « guizers » anglais qui eux aussi vont masqués en processions) et déguisés en personnages fantomatiques ou en animaux, faisaient le plus de bruit possible. Ils faisaient le tour du village et s’attardaient plus spécialement à proximité des maisons qui ont connu un décès dans l’année. Le soir, les danseurs de Grimling se retrouvaient dans une Grimlismatt (pré de Wotan / Odin) pour festoyer et nommer un roi de la fête.

Les frères Grimm parlent eux de Wutendes Heer (l’Armée Furieuse) qu’ils font dériver de Wotan’s Heer (l’Armée d’Odin). Ailleurs on retrouve cette Mesnie sous les noms de Mesnie Furieuse, Hoste d’Hellequin, Menée Hennequin, Chasse Infernale, Chasse Furieuse, Chasse Arthur, Chasse Maligne, Chasse Maudite, Chasse d’Holopherne, Chasse Macchabée ou Familia Herlequini…

Véro :

J’ai essayé d’approfondir un peu le sujet de la chevauchée sauvage, mais il y a tellement d’orthographes différentes pour la désigner que ça complique singulièrement les choses. Voici toutefois le fruit de mes recherches.

Comme vous le saviez déjà elle a lieu essentiellement entre noël et la fête des rois, mais il y a un équivalent en été.

Elle est constituée de chevaux et de boucs que chevauchent des esprits, en tête desquels le Diable en personne (ou Wotan, c’est selon), il est accompagné de l’épouse du vent, avec ses cheveux rouge feu (ou de Dame Holle, c’est selon). Ils se déplacent à grand bruit et ce n’est qu’au jour naissant qu’ils se disperseront (quoi que certains les aient vus en plein jour…. C’est selon.)

C’est l’épouse du vent qui est chargée de veiller au grain, ainsi dès le premier chant du coq dira-t-elle « un coq blanc a chanté » et le diable répond « un coq blanc ? ça m’est bien égal », puis « un coq rouge a chanté » « un coq rouge est un coq mort » et enfin « un coq noir a chanté » « un coq noir ? il est temps d’y aller » et tous disparaîtront dans une eau courante ou les eaux profondes d’un lac.

Pendant le temps qu’ils hantent les lieux il vaut mieux ne pas sortir de chez soi. Si toutefois vous ne pouviez faire autrement il y a quelques moyens de leur échapper. Soit vous vous couchez par terre, face contre terre, les bras en croix, de préférence du côté droit de la route (dans le sens de la circulation de la chasse), sans rien laisser dépasser à plus de 30 cm du sol (la chasse passe grosso modo à cette altitudes), soit vous vous asseyez sur une souche d’arbre portant les trois croix laissées par les bûcherons (mais attention si les trois croix n’ont pas été faites de 6 et seulement 6 coup de hache ça ne marche pas), faute de quoi vous serez emporté ou bien tout ce qui dépassera des 30 cm sera déchiqueté. Et ceux qui en sont revenus avaient les cheveux blanchis par l’effroi !

Seuls les enfants nés un dimanche de nouvelle lune peuvent voir la chasse sans dommage.

Quant à vos animaux domestiques, et particulièrement les chiens noirs, ils ne pourront pas résister à l’appel de la chasse, même si vous les attachez, même si vous les enfermez. Ils reviendront au matin, après deux ou trois jours, couverts de bave et de sueur.

Cette chasse ne peut emprunter que certains trajets. Parmi ses participants se trouve Berchta, encore appelée Holda, ou Frau Holle, elle emporte les âmes des enfants morts sans avoir été baptisés. Ceux-ci ne seront délivrés que si un humain leur adresse la parole. Pas facile quand on est face contre terre ! Il est arrivé que Berchta ait prévu d’emporter un nourrisson mourant, mais comme elle ne peut prendre qu’un seul chemin, parfois le curé, ou une sage femme, prend un raccourci et baptise l’enfant avant son passage. En voilà un qu’elle n’emportera pas.

Et le meneur, lui, l’homme sauvage, comme on dit parfois, est décrit comme étant grand, mais avec de petits pieds, accompagné de 6 chiens à 3 pattes, il porte un grand chapeau, orné d’une plume noire, et sa voix est profonde et caverneuse. Il emporte avec lui les âmes damnées, il leur cloue des fers à cheval sur les genoux et les fait courir à 4 pattes. On le sait de façon certaine car il est arrivé qu’on trouve des fers sur des chemins qui ne sont pas empruntés par les chevaux habituellement.
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