Erohir Saligem

Erohir eu un léger rictus, et regarda l'aubergiste se démener. Il n'y preta plus guère attention, et reporta son regard sur la jeune femme face à lui... Il lui sourit, et porta un toast en levant légèrement son verre :

- A notre rencontre...

Il plongea ses lèvres dans le liquide rouge, et bu une gorgée... Geste qui regretta amèrement... De la piquette de basse échelle voila ce qu'on lui avait servi. Hésitant, il porta sa main sur le pommeau de sa rapière, puis se ravisa... Il détestait que quelqu'un se fiche de lui, mais un dame était en sa compagnie...
Il regarda Dragonnia à nouveau, et lui demanda :

- Dîtes moi Dame Dragonnia, j'espère que je commet pas de faute en vous invitant à... enfin... "boire" allons nous dire... C'est que je ne sais pas si vous avez quelqu'un dans votre vie, et cela m'importunerai quelque peu de devoir me battre en duel.

Il lui sourit, avec un air volontairement inquiet. Il semblait pensif à présent... Il questionna à nouveau Dragonnia :

-Je vais peut être vous paraitre discourtois et plutôt égoïste à parler de moi, mais savez vous où je puis passer la nuit dans cette cité ?

En effet, le soleil commençait à décliner fortement par la fênetre... Et les villageois rentraient chez eux après une journée de dur labeur. Tous ses hommes, enchaînés à leur vie et à leur terre, c'était cela la plus grande peur d'Erohir. Ce retrouver un jour comme eux, avec pour seule aventure les jeux à boire, sa jamais pouvoir découvrir encore et toujours plus...
Il détourna les yeux et sourit à l'elfe

Il n’y a rien à faire ce jeune homme est finalement fort sympathique. Qu’est ce qu’il a pu me faire rire lorsqu’il a trempé ses lèvres dans cette bibine infecte qu’il a pris pour du vin.

Je suis surprise par sa question. Quelqu’un dans ma vie ? Non quelle idée ! Pas question d’une attache quelconque je suis bien trop volage. Me contenter d’un seul homme, mais pourquoi faire ? Non, les elfes n’ont pas été habituées à être fidèles, il ne faut pas compter sur moi pour l’être un tant soit peu.

Voilà t-il pas que maintenant il me demande où il pourrait bien passer la nuit. J’ai bien une idée moi qui me trotte par la tête. Allons, il y d’autres solutions, il est de mon devoir de les lui proposer toutes.

Et bien non, je n’ai personne qui veille sur moi, je ne suis pas sûre que j’apprécierai d’ailleurs. J’aime être libre comme l’air, une fois ici une autre ailleurs. Je vous choque ? Ne suis-je pas elfe, les elfes sont volages et ne s’en cachent pas. Pourquoi ne pas profiter de l’existence, elle est si courte. Six cents ans de vie sont si vite passées.

Je m’arrête un peu pour juger de mon effet puis continue sur ma lancée.

Vous voulez dormir en ce lieu. Je suis sûre que cette auberge offre couvert et logis. Les matelas doivent être douillets et la compagnie ne doit pas manquer. Sinon il y a un hôtel dans la rue principale, je crois qu’il est fermé mais vous pouvez toujours tenter votre chance. Sinon …

Comment lui annoncer cela sans qu’il parte en courant ? Et bien le plus naturellement du monde bien sûr.

Sinon je peux vous héberger quelques temps.

Un petit sourire malicieux sur le visage termine ma phrase.

Erohir la regarda et se mit à rire lorsqu'elle lui parla. D'un geste presque inconsient il repoussa la coupe en argent dans lequel ce MERveilleux vin lui été servi. Il dit alors à Dragonnia, qui décidément lui paraissait de plus en plus interressante :

- Hé bien vous devez en avoir des choses à faire en 600 ans... Je n'ai que 21 ans... Je dois vous paraitre comme un enfant à peine sorti du berceau.
Je ne suis qu'un simple humain, je sais que ma mort, est pour vous plus que proche, presque imminente. Mais je ne considère pas qu'elle est commencée... Je crois déja vous en avoir parlé. On m'a pris ma vie. Mais enfin, il n'est pas temps de parler de tout cela.
Mais je crois qu'au bout de 600 ans, je serai las d'une vie aussi longue... Probablement que je ne m'étonnerai plus de rien, et si il ya bien une chose dont j'ai horreur c'est la monotonie...

Il eu un air légèrement effrayé en apprenant que cette gargote faisait aussi office d'auberge. Et que le seul hôtel de la ville était fermé... Il regarda Dragonnia et lui dit en haussant un sourcil prenant un air faussement sérieux :

Vous désirez alors tant que ça ma mort imminente... Je vous ennuie à ce point ?
Je crois que je préfère encore dormir au pied d'un arbre, car si j'en juge la qualité de la boisson et l'apparence patibulaire de certains clients, ou la tête d'empoisonneur du patron... Je n'aime pas tellement me battre en ville, les gardes sont très souvent alertés et ça me fait perdre un temps fou.

Lorsqu'elle lui proposa de l'héberger avec un sourire... douteux, Erohir sourit à son tour et lui répondit :

- Vous seriez prète à héberger un parfait inconnu ? Dîtes moi, vous n'êtes pas très méfiante... Ou peut être est ce moi qui le suis trop.
En tous cas c'est très aimable à vous me je me vois dans l'obligation par mon éducation de décliner votre charmante offre.

Il passa sa main dans ses longs cheveux noirs. C'était une mimique qu'il avait quand il ne savait comment agir... Il sourit à Dragonnia et ajouta :

- Je demanderai au seigneur Arlequin, si il n'y aurai pas quelque salle de libre dans la citadelle... Je pourrais aisement le dédommager de ma présence. Au pire les étoiles sont une excellente couverture.

Il sourit à nouveau, d'un manière un peu plus marquée, et dit alors :

- Que diriez vous d'une petite balade nocturne ? Ou alors je vous raccompagne chez vous... C'est à vous de voir Dame Dragonnia.

Je le regarde repousser soudain son verre de vin et l’écoute d’une oreille distraite répondre à mon invitation par une négative à laquelle je m’attendais.

Ce qui soudain attire mon regard c’est ce que fait le tavernier au fond de la salle. Que mijote t-il celui là ? Il n’y a pas de clients à servir, pas de couvert à mettre. Il est beaucoup trop tard pour que des dîneurs viennent maintenant quémander une pitance infecte.

Il devrait plutôt à cette heure penser à fermer boutique, passer un coup de balai sur le sol douteux qui raconte les péripéties de la journée, tamiser les lumières pour nous indiquer qu’il est peut être l’heure soit de partir, soit de demander une chambre pour passer une nuit agitée dans le lit malpropre qu’il aura certainement oublié de préparer.

Erohir continue à parler, je le regarde de temps en temps, il me sourie et moi je ne suis déjà plus là. Mon instinct me dit que quelque chose se prépare. Je suis maintenant sur le qui vive. Cet être abject prépare un mauvais coup c’est certain.

Je me rappelle alors le barde adossé au comptoir. J’ai une furieuse envie de me retourner, de voir s’il est encore là. Je n’ose pas bouger, cela ne ferait que montrer mon inquiétude tant à Erohir qu’à l’aubergiste qui nous surveille du coin de l’œil.

Tant pis je n’y tiens plus, je ne peux pas rester là sans savoir ce qu’il se trame. Je hèle donc le tavernier qui farfouille fébrilement dans une caisse au fond de la salle, assez grande pour contenir deux corps couchés en long.

Aubergiste, l’addition s’il vous plait.

Dans ma voix perce une inquiétude que je tente de réprimer en vain. L’aubergiste stoppe immédiatement ses recherches et sort de la caisse un couteau de boucher couvert de sang. Mes yeux agrandis d’horreur regardent Erohir pendant que je repousse violemment ma chaise et cherche désespérément mon bâton qui n’est plus à mes côtés.

Erohir se sentait étrangement vaseux. Il était prit d'un maux de tête foudroyant, mais faisait de son mieux pour ne pas le montrer... La bouche et la gorge sèches, la sensation d'être lourd, et d'être brulant comme un rocher ardent... Sa vue se brouillait légèrement, mais il parvenait encore à observer la situation... A la vue de l'aubergiste farfouillant, il ne se posa guère de question, mais ce fut le barde qui l'intriguait... Il avait un comportement étrange et semblait nerveux, comme quelqu'un qui attendait quelque chose, un signal peut être. Et là, Dragonnia posa une question à l'aubergiste. Le barde lui se mit à siffler, un sifflement aïgu, sur deux notes. Deux hommes entrèrent, ils étaient portaient un masque rouge sur le visage et des vêtements en cuir. Dragonnia se bondit hors de sa chaise, et semblait paniquée. Erohir, l'esprit embrûmé mit un peu de temps à comprendre la situation, puis il se redressa rapidement à son tour. Un regard de fou, écumant d'avidité et de rage, tel était l'homme qui auparavant était cet aubergiste mielleux. Tel était son vrai visage. Erohir écarta son cape posa sa main sur la garde de sa rapière mais ne fit aucun geste agressif. L'aubergiste brisa alors le silence...

- Fu fu fu fu fu... Pour une fois que nous avons ce qui semble être des bourges... Ca nous change de ces raclures de marchands que nous avons d'habitude... Et oui messeigneurs, la prochaine fois prenez garde où vous vous aventurez. Maintenant donnez nous tout ce dont vous avez de valeur... Nous vous promettons que nous essaierons de faire vite...

Le soit disant barde sorti un glaive caché sous son manteau, et les deux hommes une hachette. Erohir s'avança de trois pas, fixant le tavernier dans les yeux sans ciller. Il savait pertinement qu'il n'avait aucune chance contre tous, et Dragonnia n'avait plus son bâton. Il essaya alors de négocier :

- Ecoutez, écoutez... Ce n'est pas des manières de menacer comme ça des voyageurs... Surtout si l'un d'entre eux est une gente dame... Posez donc vos armes, et j'oublierai ce que vous venez de faire...

Les détrousseurs firent des yeux ronds, se regardèrent et éclatèrent de rire. C'est l'aubergiste, visiblement le meneur du groupe qui brisa à nouveau le silence :

- Ah ah ah... Au moins vous avez le sens de l'humour... C'est peut être l'énergie du desespoir... Enfin, je pense qu'avec un bras en moins tu plaisanteras plus modérément. Je vois que la petite potion que je t'avais concocté ne t'a pas calmé... Allez les gars, on va leur faire la peau... On garde bien sûr le meilleur pour la fin... La dame, slurp !

L'homme passa sa langue sur les lèvres et son regard de fou en disait long sur ses intentions. Il fit un signe de main à ses hommes qui se rapprochèrent. Erohir ferma les yeux et tenta de se poser, de faire se remettre de la drogue qu'il avait ingurgité. Il dégaina sa rapière, le la porta devant son visage. Il ouvrit brutalement les yeux, et dit alors, avec un ton glacial :

- Vous avez gagné, vous m'avez mis en rogne... Dragonnia... Je suis désolé, dès que vous avez un ouverture allez vous en, je les retiendrais le plus longtemps possible. Ne vous inquietez pas...
Bien. Messieurs, c'est à nous...

Il salua respectueusement ses adversaires en s'inclinant légèrement. Il regarda Dragonnia, lui sourit et attendit que l'ennemi fasse le premier pas...

Du bruit derrière moi…

Inutile de me retourner, je savais déjà que ce n’était pas les secours. Mon intuition ne m’avait donc pas trompée, nous étions tombés dans un piège. Le pas précipité des bandits accourus au signal du barde me fit comprendre qu’ils étaient deux derrière moi. Le barde devait toujours être au bar, peut-être s’approchait-il dans notre direction.

L’aubergiste quant à lui était si proche que je sentais son haleine avinée souiller le peu d’air encore salubre de cette taverne minable. Inutile de chercher, mon bâton n’était plus à côté de moi, inutile d’espérer un quelconque secours venant de l’extérieur, cette auberge était suffisamment à l’écart de la rue pour que personne n’entende nos cris aussi forts soient-ils.

Une porte dérobée bien trop loin pour avoir une chance d’y arriver vivants, Erohir qui semblait drogué, ce verre sur la table, en quelques secondes j’avais pris ma décision. Je ne laisserai pas Erohir se faire égorger, je n’étais pas une lâche, nous sortirons de cette demeure tous les deux sur nos pieds, ou aucun d’entre nous n’y échappera.

Je pris d’une main assurée le verre rempli d’eau pour le jeter dans le même mouvement à la figure du tavernier. J’aurai voulu que ce soit de l’acide et que ce liquide insipide lui brûle les yeux. Il ne fit que l’aveugler quelques secondes, juste le temps pour moi de briser le verre au sol et de prendre les tessons les plus gros pendant que je poussais les autres du pied sous la table.

Cette arme nécessitait un contact rapproché et pour cela j’avais ma petite idée. Sans réfléchir plus longtemps, je pris la chaise qui se trouvait derrière moi et la propulsa vers l’assaillant le plus proche. L’attention de l’aubergiste fut accaparée une seconde, une seconde de trop, une seconde pour agir, une seconde pour me faufiler derrière lui et brandir le morceau de verre coupant sous la gorge.

Nous étions maintenant à même d’engager une conversation d’égal à égal, non de supérieur à inférieur, le supérieur étant toujours celui qui tient l’autre par la barbichette.

Et donc vous disiez, monsieur le tavernier, que vous vouliez nous faire un présent. Et bien soit, que votre ami le barde se donne la peine de nous l’apporter. Mais pourquoi donc appeler autant de bras, le butin est si important qu’il ne peut être porté par un seul homme ?

Et bien soit faites à votre guise messieurs, puis quittez les lieux. Ma main, certes légère, n’a pas l’habitude de certaines mouvements et pourrait devenir alors si gauche qu’elle pourrait entailler la peau si fine de notre hôte.

Ce disant, je regardais Erohir du coin de l’œil l’enjoignant de ne surtout pas bouger, pas tout de suite du moins.

Erohir n'avait pas tout compris de la scène qu'il c'était produite... Il était ébahi par l'elfe, elle qui semblait aussi frèle qu'une feuille que l'autonne appelle... Elle avait agi à une vitesse vertigineuse, ses réflexes étaient foudroyants, et elle n'était même pas armée... Il l'avait sacrément sous-estimée... Un instant il douta de lui même... Si Dragonnia était aussi forte, il valait mieux se mefier de ses autres compagnons d'armes... Ses pensées revirent au présent, et à la situation délicate à laquelle ils faisaient face. Il avait vu Dragonnia lui faire signe de ne pas bouger, mais obéir aux ordres ce n'était pas dans les habitudes du guerrier... Il préférait agir selon ses voeux, et à sa manière... Erohir sentait ses forces lui revenir, mais ce n'était pas aujourd'hui qu'il vaincrait quatres hommes armés prêt à en découdre... Son esprit moins embrûmé, il observait la scène sous ses yeux, pour tenter de trouver un solution. C'était exactement comme une partie d'échec mal engagée, l'adversaire avait encore son roi, le tavernier; un fou, le barde ; et ses deux tours, les autres malfrats. Il fallait trouver un moyen de s'en sortir... Et rapidement.
Cette idée Erohir la connaissait depuis bien des années, un règle de combat infallible qu'il avait apprise... Il ne voyait plus que cela à faire... Etrangement, il se mit à rire, d'un air franchement moqueur :

- Hun hun hun... Je ne savais pas que cette ville regorgeait de gens aussi stupides... Vous savez dès mon plus jeune âge, j'ai été bercé dans l'art de la guerre... La lutte des forts contre les faibles.
Chez les loups seuls les forts dirigent la meute, les autres dépendent entièrement de leur chef.
Je ne vais pas tourner autour du pot plus longtemps , vous allez voir...

Un sourire carnassier se dessina sur ses lèvres, il fit un clin d'oeil à l'elfe à côté de lui, et avec une rapidité étonnante, lui arracha le tavernier des mains.
Sa rapière sous sa gorge, il lui murmura à l'oreille :

- Je crois que tu t'es trompé de victime aujourd'hui... Tu es tombé sur pire que toi. Rassure toi, cela ne t'arriveras plus hun hun hun...

Sa lame glissa et entailla l'homme. Une véritable fontaine de sang aspergea les autres détrousseurs. Erohir avait la tête levée vers le ciel, les yeux fermés, et semblait savourer ce moment, cette pluie morbide... La corps sans vie de l'agresseur chuta au sol, dans un mare de sang. Les autres malfrats essayaient d'enlever le sang de leur visage, oubliant le reste... Erohir détourna les yeux du ciel, et jeta un regard méprisant au corps de sa victime :

- C'est bien, reste à terre ! C'est ta place...

Il regarda Dragonnia, visiblement surprise, puis plongea tour à tour son regard haineux dans celui des autres hommes. Il passa sa langue sur ses lèvres, et porta sa lame face à son visage. Il murmura deux mots, avec un ton machiavélique

- Au suivant...

[HJ : Là je te laisse faire, ils peuvent très bien partir en hurlant (peu probable), ou attaquer comme des bourrins, un peu perturbés. (le plus "logique" pour moi ^^) Faut pas non plus qu'Erohir ait raison hein !
Un bon coup de massue dans sa tête est bien possible ! ]

Dès l’instant où mon regard s’est posé sur lui j’ai su qu’Erohir allait me gâcher le travail. Comment ai-je pu croire un instant qu’il accepterait, lui, le mâle dominant, de rester simple spectateur !

Il avait le choix pourtant. Sur les quatre forces opposées, une seule était neutralisée, une seule à ma merci. Il a fallut qu’il l’a choisisse…

Qu’il me l’arrache des mains pour le récupérer, soit, je pouvais le comprendre, mais de là à l’égorger, alors là, j’en tomberai par terre.

Il se trouve que ce n’était pas le moment de perdre son sang froid. Notre seul moyen de nous sauver étant à terre, en train de se vider de son sang, nous n’avions plus qu’à prier sainte mère ou nous transformer en poussière d’étoiles.

Ne pouvant réaliser la seconde alternative, c’est donc vers la première que je me ruais … juste avant que je ne m’aperçoive que le démon qui était en moi ne pouvait autoriser une telle hérésie.

N’ayant plus le choix, je décidais de tenter le tout pour le tout, c'est-à-dire agir en dépit du bon sens. Une génuflexion pour récupérer le couteau du boucher en train de pisser son sang, un rictus de dégoût pendant que je tentais tant bien que mal de l’essuyer sur son plastron dégoulinant de crasse rougeâtre, et me voilà armée correctement.

Trois hommes en furie déboulant dans notre direction, c’est toujours impressionnant, et je fus certes impressionnée. Sachant que notre bel héros souhaitait en découdre avec nos bons amis, je décidai de lui laisser le beau rôle et me mis en retrait derrière lui.

Hmmm pas si mal la place finalement…

D’ici je ne raterai rien du spectacle. Mon couteau bien en main, j’attendais avec impatience que la partie d’échec continue. A noter toutefois que cette partie était fort singulière, d’habitude le roi mort indique la fin des hostilités, là ce serait plutôt l’inverse…


[hrp : Mon bon ero, à toi de jouer ^^]

[Hrp : Let's Show Time ! ^^]

Voyant Dragonnia se saisir d'une arme, il regarda les trois hommes restants. Il leur fit un signe de lla main et s'inclina légèrement. Il leur sourit puis dit :

- Bienvenue... Dans mon monde. Permettez moi de vous accorder une petite danse !

Erohir faisait cela plus impressionner par son assurance... Au fond de son coeur il était loin d'être sûr de lui. Il se prépara à passer à l'assaut.
La lame de sa rapière posée sur son épaule, pas de doute, il s'agissait de la garde de la Dame.
Les deux détrousseurs qui lui faisaient face chargèrent, leur épée à la main. Comme le jeune homme l'avait pressenti, ils étaient totalement désordonnés. Mais ils étaient deux. Erohir para le premier de justesse, ses réflexes avaient été sévèrement touchés par cette drogue. Le second, il dû lui envoyer un coup de pied violent dans le bras pour ne pas être découpé. Il attaqua à son tour, un coup de taille rapide au niveau du visage de l'agresseur qu'il avait paré. Mais il rata sa cible, et manqua de se faire couper le bras par l'autre, revenant à la charge. Une fine gerbe de sang... Le premier coup venait d'être porté. Erohir était au sol, avec une blessure importante à l'epaule gauche.
Il n'avait pas été assez rapide.
Il fit un roulade arrière pour se mettre hors de portée de leurs coups. Durant quelques instants la scène resta figée, les deux voleurs regardaient le guerrier avec un sourire béat. Le barde restait pour le moment en spectateur... Heureusement.
Il riait de la detresse apparente d'Erohir, déjà blessé.
Ce dernier se redressa, et regarda ceux qui lui faisaient face.
Il passa sa langue sur ces lèvres, comme délectant ce moment...
L'approche silencieuse de la Mort...
Il fit un immense sourire et leur dit :

- Hum ? C'est une blague ? Laissez moi donc vous apprendre... La Valse des Morts...

Le guerrier pris un étrange posture, exactement la même qu'un danseur. Il fit légèrement tourner sa lame , puis ferma les yeux encore un fois.
Tour à tour, ils se ruerent, mais cette fois Erohir fut légèrement plus rapide. Il réussi à esquiver le premier dont la lame frola la gorge du jeune homme.
En parant le second, il fit un pas de côté et passa dans le dos de son adversaire, tel une ombre... Il le décapita sans perdre une minute, et donna un coup de pied dans sa tête. Celle ci roula aux pieds de son allié. Il se retourna lentement et lança un regard horrifié à Erohir, mêlé de dégoût et de haine... Erohir était impassible, le visage sans aucune expression, figé, le regard fixe vers le sol. Il murmura :

- Vous m'ennuyez...

Contrairement à tout à l'heure il restait placide, c'était totalement neutre à tout ce qui l'entourait, même au barde qui s'approchait de lui, une dague à la main.
Troublé par l'ivresse du combat ou la drogue qu'il avait ingurgité il ne vit pas la Mort se profiler. Ce n'est que lorsque le coup était en passa d'être porté qu'il réussi à survivre à l'attaque... Pour le moment. La lame était plantée profondément dans son bras gauche, la douleur le dévorait... Mais le barde était béat et retira sa lame rapidement. Le jeune homme ne bougeait pas, comme paralysé. Mais la réaction ne fut pas très longue. Sans un cri, si même un murmure, le jeune homme bougea. Mais son tatouage se mit à devenir rouge, il saignait.
Un aura étrange se dégageait de lui. A la fois brûlante et glacée, un coeur dans la tempête et le tourment... Le barde recula d'un pas ou deux pour frapper à nouveau.
Son acolyte face à Erohir fit de même. Ils allaient frapper ensemble. Erohir releva le tête. Il avait les yeux clos, une larme roula sur sa joue gauche et se mêla à son sang.
Il ouvrit les yeux et frappa. Il trancha le pied de l'ennemi qui lui faisait face, puis se jeta vers l'avant. Son adversaire frappa, et toucha Erohir. Il lui entailla le mollet.
Erohir se redressa avec beaucoup de peine. Mais son adversaire chargeait de nouveau, avec la ferme envie de tuer l'étrange guerrier.
La rage l'aveuglant, il ne vit pas Erohir lui placer un long coup d'estoc dans la poitrine. C'était fini...
Un bruit sourd et c'était terminé, le barde avait rendu l'âme.
Etrangement Erohir souriait à Dragonnia. Il ne lui en voulait pas de ne pas l'avoir aidé, au contraire, c'était son combat... Il lui dit alors le plus naturellement du monde :

- Je crois que je vais devoir vous inviter à dîner un autre jour...

Il vacilla et tomba, juste à côté d'un des détrousseurs qui agonisait. Erohir avait perdu énormément de sang, il allait peut être mourir aujourd'hui... Peut être allait il rejoindre les siens ?
Il avait toujours ce mystérieux sourire aux lèvres... Le phénomène de tout à l'heure n'était pas anodin... L'esprit de sa famille était encore empreint en lui, les Morts lui avaient donné la force. Peut être l'aideraient-il à se relever... Ou à les rejoindre. Il lui fallait accepter de l'aide depuis bien longtemps si il voulait survivre... Dragonnia était la seule à pouvoir l'aider...

[Hrp : Là tu as la possibilité d'entrer dans le coeur d'Erohir ]

[HRP : voyons s’il est facile de rentrer dans ce cœur]


Lorsque les assaillants se sont approchés de lui je suis restée immobile, sans rien faire, sans essayer le moindre geste pour l’aider. Je l’ai laissé se débrouiller, lutter avec acharnement. Je savais pourtant qu’à trois contre un, il était quasiment impossible de survivre.

J’ai fermé les yeux quand j’ai vu le sang rougir ses habits noirs, j’ai reculé lorsque son visage a prit la couleur de la mort. Sa joue se stria de marques rouges, son sang, celui qu’il versait pour me défendre pendant que je le regardais se faire tuer.

Je l’avais fait exprès je lui en voulais trop. De quoi ? Je ne sais plus. Si ! Je sais, je lui en voulais d’être si beau et pourtant d’avoir un cœur si dur. Je lui en voulais de m’avoir repoussée. Non ! De ne pas m’avoir compris.

Et maintenant, maintenant qu’il vacillait devant moi, le visage livide, je sus. Je sus qu’il ne m’était pas possible d’imaginer la vie sans lui. Ne plus pouvoir le regarder, ne plus savoir ce qu’il fait, s’il est heureux ou malheureux. Ne plus jamais voir son sourire se dessiner sur son visage, ne plus entendre sa voix qui me parle tout bas.

Qu’importe s’il ne m’aime pas, qu’importe si je dois vivre et le voir au bras d’une autre, qu’importe si je dois souffrir si je le sais heureux.

Ses dernières paroles s’enfoncent dans mon cœur et le font pleurer des larmes de sang pendant que mes yeux restés secs le regardent s’effondrer. Je reste immobile ne voulant pas y croire, attendant qu’il se relève et qu’il se mette à rire en me disant qu’il s’agissait d’une blague.

J’eu beau attendre, guetter le geste qui me confirmerait qu’il était encore en vie, rien ne vint. Le couteau quitta ma main et tomba sur le sol dans un bruit métallique rompant le silence qu’il s’était fait soudain.

Je fis un pas vers lui pour m’arrêter. Il m’était trop difficile de m’approcher, de mettre ma main sur son cou pour m’apercevoir que son cœur avait cessé de battre. Mais de le voir là, vider son sang, le mêler à ceux de ces brutes qui l’avaient tué, c’était plus que ce que je pouvais supporter.

Je me précipitais vers lui, lui souleva la tête délicatement et la posa sur mes genoux. Mes doigts effleurèrent son tatouage et retirèrent de la plaie ouverte une mèche de cheveux couverte de sang. Son épaule continuait à saigner abondamment, tachant ma robe pendant que je caressais son visage d’une main tremblante.

Ses cheveux étalés sur le sol me ramenèrent quelques heures seulement en arrière, quand je l’ai vu pour la première fois. Il était à côté d’Arlequin, il était de dos, et la seule chose que je voyais de lui c’était son profil lorsqu’il tournait la tête pour regarder autour de lui, cette cité où il était venu pour y trouver des amis. Et moi, je l’ai tué.

Alors que mes pensées avaient rejoint le passé, mes doigts s’attardèrent sur son cou et sentirent un faible battement. Je fus surprise par ce signe de vie auquel je ne m’attendais pas. Mon cœur se mit à battre violemment dans ma poitrine comme s’il voulait aider le sien à retrouver le rythme de la vie pendant que je déchirais fébrilement le bas de mon jupon pour confectionner un pansement de fortune pour son épaule meurtrie. Le tissu se mit à se colorer aussitôt placé sur la blessure et de blanc il devint rouge.

Pendant que d’une main je soutenais sa tête, l’autre continuait à caresser sa joue. Je ne savais plus quoi faire d’autre que de regarder ses yeux fermés en espérant que ses paupières se soulèvent et me montre son regard qui me manquait déjà

Je voulu frôler du bout des doigts ses lèvres inertes figées dans un sourire. Elles étaient si douces et pourtant déjà si froides. Des larmes s’écoulèrent sur mes joues lorsque doucement j’y déposa un baiser, un baiser volé que je garderai dans mon cœur là où personne jamais n’ira le dérober.

Je quittais à regret ses lèvres pour murmurer les mots que mon cœur ne pouvait plus garder pour lui.

Erohir, je t’en supplie ne meure pas. Reste avec moi …

[HRP : J'essaie de faire à la première personne...]

Ténèbres... Elles arrivent... Elles m'appellent...
La douleur à fait place à un sentiment étrange. Se sentir flotter, serein, paisible, en paix avec soi même. Est ce ce qu'on appelle la Mort ? Je ne sais le dire...
Après tout... Mon heure est peut être arrivée... J'aurai échoué dans ma vengeance, mais je serai enfin libre...
Si seulement elle n'était pas là... Dragonnia...
J'entends sa voix au loin, elle essaie de me retenir dans mon envol. Ma vie à passé comme le vent sur la plaine, la pluie sur un rocher... Qu'ai je fait ? Je ne sais...
Ma fin n'est pas venue. Ce n'est pas possible. Pas déjà... Dragonnia a raison... Je dois me battre.
Je dois resister à cette sombre sirène.
Je dois vivre...
J'ouvre lentement les yeux et je la vois. Si belle, si forte et à la fois si fragile. Une larme se mèle à mon sang... J'approche lentement ma main de son visage.
Sa peau est douce, mais froide, si froide. Je lui murmure quelques mots :

- N'ayez crainte belle Dragonnia... Je ne peux pas encore mourir... Je me l'interdis. N'ayez crainte, de plus je ne sais que faire le mal en ce monde. Ma vie est une insulte à la Vie elle même...

Je n'ai même plus la force de continuer à parler... Je suis au bord du précipice, prêt à sombrer dans l'oubli. Un chaos étrange se crée à côté de moi. Deux hommes en armure viennent d'entrer

- Capitaine !! Regardez cette boucherie !! Encore un coup de ces sales voleurs !
Là il y a encore des gens en vie !

Le jeune soldat semble légèrement paniqué, mais aussi excité comme une puce. Son capitaine, un homme à la quarantaine grisonnante, le calme un peu :

- Silence soldat... Encore... C'est la deuxieme fois ce mois ci que ça m'arrive... La guilde des voleurs s'entretue. Il y a une lutte pour le pouvoir en son sein...

Il avait plus parlé pour lui que pour son subordonné. Il jetta alors un oeil à Dragonnia et Moi, puis s'avança.

- Vous n'avez rien madame ? Laissez nous faire, nous allons nous occuper de votre ami. Si il n'est pas trop tard... Aidez moi Soldat ! Nous allons l'amener à la caserne...

Là dessus le soldat rétorque :

- Mais mon capitaine... Il sera mort d'ici là... J'ai une idée... Pourquoi ne pas aller à la maison abandonnée, là ou vivait la vieille folle ?
Elle est à quelques pas d'ici, dans les hauteurs.
J'ai la clé sur moi.

- Bien vu soldat... Allons y... Je vous laisse nous guider. Je vous en prie madame, ne restez pas là...

[i]Rapidement ils me prirent par les bras. Je n'étais plus là, j'avais perdu conscience. A travers les rues, je n'entendais que le bruit lointain de leurs pas.
Je suis totalement perdu, ma vie ne m'appartient plus.
Mon destin n'est plus entre mes mains... Mais l'espoir renait en moi. Peut à peu la vie reprend ses droits.
La douleur envahit mon corps tout entier, je suis donc vivant... Lentement j'ouvre les yeux. J'ai froid et mon corps est meurtri, mais je suis encore en vie.
Je suis encore nu, mais cette fois ce n'est plus dans les limbes à attendre la sombre inconnue. Je tourne la tête et elle est là... Si belle et triste... Dragonnia...[i]

[Hrp: Tout ce termine ici, j'espère que ce n'est pas notre premier et dernier rp...]

Erohir…. Je pleure agenouillée sur le sol couvert de sang. J’aurai pu l’aimer, ensemble nous aurions comblés nos solitudes, soignés nos plaies, pu enfin regarder l’existence avec des yeux nouveaux, ceux de l’amour.

Mais la mort m’arrache encore quelqu’un, une fois de plus, une fois de trop. Elle est encore là à tourner autour de moi, à m’éviter comme une pestiférée et à détruire ceux qui m’entourent, tous ceux qui osent poser leur regard sur moi, me parler, me faire croire que le monde est beau.

Je caresse son visage immobile et pleure ma solitude. Lui s’en va et moi je reste seule, seule à nouveau, seule pour toujours. Les larmes roulent sur mes joues pendant que je le regarde tenter désespérément de me rassurer, de nier la mort alors qu’elle est déjà là penchée sur lui. Ses yeux ont déjà perdu tout leur éclat, sa voix est déjà quasiment inaudible, il s’en va et je ne sais pas comment le retenir.

Dehors des bruits. Je les hais ces gens qui viennent perturber les derniers moments qu’il me reste avec lui, je les hais ceux qui me forcent à me relever, à m’éloigner de lui pendant qu’ils l’emportent loin de moi. La porte reste ouverte derrière eux. Ils l’ont emmené, c’est fini…

J’aurais pu m’écrouler sur le sol, continuer à pleurer toutes les larmes de mon corps, j’aurais pu crier, maudire cette vie qui me prend tout et me laisse là dans le froid qui prend possession de la pièce, pendant qu’elle, cette mort honnie, elle rit de mon désarroi. Je ne sais même pas s’il me trouvait jolie…

Je reste immobile parmi les cadavres, dans la nuit qui enveloppe l’auberge où nous devions diner, apprendre à nous connaître. Je regarde la table, son verre qui garde encore l’empreinte de ses lèvres, je regarde le sol où son corps est tombé, là où son sang se mélange avec la lie.

Je ne peux plus supporter ce spectacle.

Je pose les pieds l’un devant l’autre, lentement, comme un enfant qui fait ses premiers pas. Je traverse la salle et poursuis dans la rue.

Je pars….

Le vent me fouette le visage, veut me retenir, la pluie vient se mélanger avec mes larmes mais rien n’y fait, je ne peux continuer comme cela. Jamais plus, jamais plus la mort ou qui que soit d’autre ne pourra régir mon existence.

Et toi démon qui est en moi, je te renie !
Tu sortiras de moi, je te le promets !
Et vous aussi damnés,
Enfants de la mort, je vous maudis !

Je pars et personne ne m’empêchera de crier du haut des collines que je vivrais malgré vous, malgré tout… Je pars et ne me retourne pas.

[hrp : Personne ne peut prédire l'avenir. Au revoir à tous ]