Purification

-Merci !

J'attrappe la bête cuite qui me brûle un peu les mains et j'en arrache la chaire à pleine dent. Je n'ai pas l'habitude de faire des manières à table, alors tanpis pour les bruits de mastications, le gras sur la figure et la bave au coin des lèvres. C' EST TROP BON !! Il faut que je félicite la cuisinière.

- Merchi beaucoup ! Ch'est délichieux ! *chomp chomp miam miam slurp *

J'ai eu à peine la place dans ma bouche pour parler que j'arrache un autre bout pour combler le vide. Elle est gentille cette centauresse. Mais je crois bien qu'elle culpabilise. Faisons honneur à ça cuisine. On verra après si on peu réparer les bobos.

- Ma prochaine étape ?... c'est une bonne question.

Miw rassemble ces idées. Il lui arrive souvent de décider de ne plus s'inquiéter de rien : c'est reposant et savoir faire le vide est une étape importante pour pratiquer la divination. Aussi, elle veut éviter de réfléchir à son propre sort qui l'inquiète. Miw se méfie d'elle même, alors elle ne s'intèroge pas. Ou du moins, elle essaie.

-En fait, je passais dans le coin car il n'y a rarement beaucoup de monde dans les forêts. Je voulais m'isoler un peu. Jusqu'à ce que ton brasier géant trouble ma tranquilité ! Mais je ne regrette rien. J'aime bien ta compagnie. Mais il va falloir que je retourne au village. J'ai besoin d'acheter des truc qui ne poussent pas en forêt.

-S'il fallait détruire tous ce qui est noir...

La félyssette prend un air sérieux, un peu sombre. Elle ne croie pas en la méchanceté pure.

-Il est si facile de décendre mais tellement plus dur de remonter. Les gens qui agissent mal ont toujours leur raison de le faire.

Encore faut-il avoir gardé la raison. Miw n'a plus envie d'en parler. Elle a peur de se reconnaître. Elle détourne le regard pour ne pas montrer sa honte. Cette honte qu'elle n'a pas quand elle est seule, quand elle se contente d'être un animal dans la forêt.

Elle se rend compte qu'elle a dévié du sujet de la forêt. Elle a beau tenter d'éviter ses propres pensées, elle est préoccupée. Si bien que son discours risque de sembler incohérant. Après un silence dérangeant, Miw décide de tourner la page et de relancer innocement la discution.

- Et toi, tu sais où aller ?

De quoi elle parle ? Elle est poursuivie ? Elle fuit la Mesnie ? C'est surement ça. Ou bien c'est-elle qu'elle fuit ? Que cherche à m'apprendre le destin ? Celui qui nous a mis face à face, deux personnes hantées par la honte. Cette honte qu'on refuse de voir quitte à faire payer autruie.
Elle vient de là-bas et elle me ressemble : elle est tourmentée. En la rassurant, j'espère me rassurrer aussi.

-Si tu fuis quelqu'un en particulier, évite de te méfier de tout le monde. On n'a vite fait de devenir paranoïaque. La plupart des gens ne nous connaissent pas et n'ont rien à faire de nos existances. Occuppes toi bien de toi; ils ne le feront pas pour toi.

Je ne lui propose pas de m'accompagner : je ne me comprend pas assez pour l'instant. Je ne veux pas la blaisser de quelque façon que ce soit. Je cache ma crainte par un sourire bienveillant et amical.

-Prends bien soin de toi. Aimes toi. C'est important.

La pauvre centauresse perdue dans ces pleures me fend le coeur en deux. Je sentait que l'atmosphère m'écraser et me broiller les tripes dès l'instant où elle avais baissée la tête. Maudite empathie ! Je serait bien partie de son côté comme je le prévoiyais mais je devait d'abord soigner ce qui était brisé car le coeur fracturé de cette blanche créature résonnait à tue tête dans le mien.

Je m'approche avec douceur et pose une main tendre sur le dos de cet amie. Car c'est ainsi que je la voie déjà : comme une amie, et peut importe le temps que nous avons passé ou que nous passerons ensembles.

-Tu te sens seule ? Si tu a besoin de soutien, je suis là.

Ma voie devient tremblente. La douleur est partagée. Mais si la source ne peut pas l'enrailler, c'est uniquement sur mon le courage que semble reposer la guérison. L'une d'entre nous doit rester forte. J'ai de bonnes pensée à partager. Je prend le risque de m'impliquer.

-On peut tous devenir meilleur, mais on a parfois besoin d'aide. Surtout ne désespères pas. Laisse moi au moins le temps de te montrer ta valeur.

Mes bras tentent d'enlasser le corps équin, mais ils sont trops petits pour faire le tour. Deux larmes échappent de l'océan bleu de mes yeux et viennent se perdre dans la fourrure immaculée.
Je me reprend en un soupir et un curieux sourire se dessine sur mon visage un peu humide. J'ai oublié quelque chose :

-Au fait, tu peux me rappeler ton nom ?

Je ne peux m'empèche de rire un peu. La question est décalée. j'ai l'impression d'avoir appris beaucoup de chose de mon amie et poutant, je ne connais pas le premier truc qu'on demande en faisant connaissance : un nom. J'ai un peu honte mais cette honte est amusante et vient détendre l'atmosphère.

Mission accomplie... un peu malgré moi. J'ai l'impression d'avoir rendue la joie à mon amie. Et en plus de son sourire, j'ai gagnée son nom. Boa,... un peu court comme nom. Je suppose que ça s'écrit avec autant de lettres que pour le mien. Mais quand même...

-C'est un diminutif ?

Peu importe la taille de son nom, ses émotions sont très grandes. Pourtant, une telle réaction ne me choque pas. Elle est comme un compliment. Ca faisait longtemps que je ne voyais plus mes qualités et que je cherchais à cacher mes tourments dans les bois.

Un câlin... cette douce sensation de chaleur que je ne connaissais plus que de moi-même en me recrocvillant pour me protèger du froid. Ca peut paraître peu mais ce bref contacte m'a comme débarrassée de toutes ses sensations de froid, d'humidité, d'inconfort visqueux, abrassif et rèche... bref, tout ce qu'on peut ressentir dans une forêt en saison humide avec une mince fourrure pour seul protection. C'est comme de partager un nouveau souffle de vie.

Après ces quelques jours passés ensembles, je vais peut-être pouvoir revenir à la civilisation. Peut-être que "Miw la violente sauvageone" est repartie. Mais je sais qu'il faudra que je reste sur mes gardes : l'animal que je suis est capable d'un dévouement aveugle mais aussi, je le crains, d'assouvir ses plus bas instincts.

C'est tout de même avec bon espoir que nos chemins se séparent.

Le temps avance à train paisible. Peut-être trop paisible. Tout semble figé. Je ressent toujours cette ombre tapis en moi. Je préfère la garder dans la foret avec les autres bêtes sauvages. Mais parfois, il y a des passants et leur méfiance même réveil l'instinct de prédateur. Après tout, c'est de leur faute : il faut être fou pour s'avanturer seul dans la forêt.
Dire que je me cherche encore des excuses. Mais comment assumer ça ? Où est la moral ? Peut-être que je n'en veux pas.

Que dirait Boa ? Je prend toujours soin de laver les souillures de mes victimes. Elle est si sensible, je ne veux pas qu'elle me voit comme ça.
Les jours passent presque semblables emportant toujours les mêmes secrets.

Des secrets, tout le monde en a, même Boa. Ses paroles ne les mentionnent pas mais son coeur a des fuites et quelque chose de lourd filtre à travers. Peut-être trop lourd à porter. Mais tout le monde a ses secrets et les notres sont biens gardés.
Je voudrai savoir comment l'aider mais je ne peux pas prendre se que je ne donnerai pas. Pour l'instant, elle n'a cas faire le premier pas et on verra.
Le temps passe encore mais il est toujours trop tôt. Quand pourrons nous poser nos fardot ?