S'il ne vient pas à nous, j'irai à lui

Plus que quelques mètres. La route n’était pas vraiment longue, mais les distances sont relatives. Ben oui, quoi, quand on n’a que 75 cm de jambe, il faut en faire des pas… Bientôt, les ronces ne se mettront plus sur mon passage, frétillant de plaisir quand elles se recouvrent de minuscules particules de peau arrachée sans remord.

Quelle vue magnifique du haut de cette colline… J’y suis venue, chercher quelque chose, LA Chose. Je ne sais pourquoi, j’ai ramassé sur mon chemin quelques fleurs, des églantines, enfin je crois. En marchant, j’ai lié les tiges avec une brindille. Oh le beau bouquet!

Pourquoi suis-je venue chercher ici ce truc? Je ne sais pas. J’attends, je siffle. Il ne m’a rien dit, pourtant, mais j’y suis, sur la colline, avec mon bouquet d’églantine, sifflant sous le vent soufflant. Ou est-il? Viendra t’il, ce machin que j’attends?

Plusieurs heures se sont écoulées. Les églantines commencent à faire triste mine, les pétales se dessèchent comme des yeux qui auraient trop pleuré l’absence de… de « la chose ». Inutile de rester ici plus longtemps, ce que j’attendais n’arrivera pas. Pas ici, pas maintenant. J’ai attendu, attendu, elle n’est jamais venue…

Il est temps de redescendre. Varions les plaisirs, j’emprunte l’autre chemin, celui qui descend vers le Midi. Tiens, j’ai bien fait… Il fallait le voir, et je l’ai vu. Là, par terre, à coté de la grosse pierre. Un morceau de bois, tout joli, tout gravé. J’imagine qu’un voyageur s’est assis là pour se reposer, et de son coutelas a transformé une simple branche morte en un objet si précieux. Et ce petit trou, là, à quoi il sert? J’ai compris, c’est un sifflet! Quel son merv… bizarre! Entre le piaillement et le grognement. Je le garde quand même, il fera parti de mon trésor.

N’oublions pas que je suis voleuse, je ne peux donc pas partir avant de fouiller l’endroit, le voyageur a peut être égaré autre chose… Oui! Un papier… Un dessin, c’est une carte au trésor! Ah non… Mais ça peut me rapporter quelque chose. D’après l’annotation, il s’agit d’un piège, pour attraper un volatile très rare (donc certainement très cher). Hop hop hop, trois brindilles, deux branches, et le piège est en place. Sur plusieurs mètres, je répands des graines (sans savoir si elles sont comestibles, de toute façon c’est pas moi qui vais les manger), histoire de motiver le piaf. Un plongeon, et je me mets à couvert derrière la grosse pierre. Inspiration, et soufflage dans le sifflet, enfin l’appeau comme s’est écrit sur le plan d’action. à moi la Galinette Cendrée…

« Vive le vent, vive le vent… »

Je me promène le cul serré dans mon froc tout blanc (il est beau mon p’tit cul, non ? Ah… Moi j’aime bien) chantonnant et bourré comme d’hab ; la routine, une branche, celle la elle est pour ma poire.

SPLAFFFFFFFF

Inexorablement, les choses de changent pas, je prends la branche en pleine figure, mais ça ne me surprend pas. J’ai pris l’habitude d’être maltraité par les branches, allez savoir pourquoi.
Mais quand même…

AÏEEEEEEE !

Put…

Oh…

Aelis ! Qu’est-ce tu fous là ?