Connue que douze ans, connue toute une vie, en partant tu as emporté une partie de la mienne. Si chère à mon coeur et pourtant, on t'a arraché à moi. On m'a arraché à toi. On nous a séparées, toutes les deux, et j'ai pleuré, oh oui, j'ai pleuré. J'ignore combien d'eau salée j'ai déversé par mes yeux brûlants de douleur, mes yeux aveugles à cette pensée dont je savais l'issue, et qui me prédisait ta mort...J'aurai voulu me crever les yeux d'un poignard pour ne pas te voir gisant sur ce lit d'hôpital, dans cette chambre qui pue le plastique et la maladie, je m'en rappelle de cette odeur, oh oui, je m'en rappelle...et elle me faisais peur. Si j'avais eu mon mot à dire, je ne serais pas venue te voir mourir sous ses couvertures dans lequel tu étais entortillée...je n'aurai pas assisté à ta mise en terre qui a désséché mes yeux, je n'aurai pas regardé ton visage d'une pâleur cadavérique, et ta peau qui jaunissait avec le temps, et ta tête rendue si petite sans ses cheveux dans ce cercueil...et encore maintenant je me pose la question. Pourquoi moi, pourquoi nous ? Pourquoi je ne suis pas assez forte pour franchir la grille du cimetière, celle qui me sépare de ton corps, enterré depuis plus d'un an ? Et j'ai peur, peur que tu m'en veuilles car je ne suis jamais venue te voir et fleurir ta tombe, moi, ta propre fille, j'ai l'impression de t'avoir abandonnée...Je détourne le regard quand on me parle de toi, je fuis dans ma chambre pour me cacher le visage dans mes mains, mais je ne pleure pas...J'ai peur, c'est tout. Je ne sais pas si tu me vois, si tu m'en veux, trop de questions qui se bousculent dans ma tête sans pouvoir sortir, je ne sais pas à qui m'adresser, je sais pas, je sais pas...
Je ne vais pas déballer tout ce que j'ai sur le coeur ici, car un post ne suffirait pas...mais je ne sais plus rien...
Mon deuil n'est pas encore fini.
J'ignore encore quand il se terminera.