Concours R.P. : Dans la peau d'un autre

Texte posté pour le concours du fofo Sarwy (ben oui, il faut le cacher pour qu'il soit valide...)

C’est à moi ? Déjà ? Raaah, j’ai pas préparé mon texte, vous auriez pu prévenir, non ? Y’avait deux elfes qui attendaient dev…ah, ils gèrent la file, très bien, ok. J’improviserai, alors. Pas de problème. Je suppose. J’espère. Maman.
Bien. Donc je me nomme Sinekein, et, depuis ma plus tendre enfance, qui était très tendre d’ailleurs, peut-être même trop, je suis un centaure. Quatre pattes et deux bras, par conséquent. Enorme avantage, quand on veut apprendre à marcher, honnêtement, je vois pas comment vous faites pour tenir avec seulement deux appuis, ça doit être vachement instable non ? Y’a un elfe un jour qui a essayé de m’expliquer comment ça marchait, une histoire de centre de gravisme ou quelque chose qui ressemble, j’ai pas trop cherché à comprendre. Toujours est-il qu’être un centaure limite grandement les douloureuses chutes lorsque l’on est bébé, et évite bien des bleus. Etonnez-vous que les nains aient un caractère pourri, quand vous pensez au nombre de gamelles mangées dans leur première année ! Ca aide pas à forger une personnalité avenante, vous pensez pas ? Bref.
Être moitié cheval, ça occasionne quand même pas mal de désagréments. Je parlais de nains, j’en ai eu un avec qui j’étais copain, encore gamin. Très bien, je l’invite, il rentre dans l’écurie sans souci, merci Sin’, dis la prochaine fois c’est moi qui t’invite, O.K. Kraggi (il s’appelait Kraggi, mais on s’en moque), quand tu veux, demain ça va, ouais ça va, allez ciao à la revoyure.
Lendemain, j’arrive devant la maison de ses parents…
…et on a passé la journée dehors cause que j’avais le croupion trop bien bâti, et que papa Kraggi avait pas envie d’appeler un charpentier pour une bête après –midi. Ca paraît idiot, mais je suis sûr que j’aurais pu entretenir une amitié bien plus longue avec lui si j’avais pu rentrer dans sa baraque.
Autre problème chevalin : petit, on est très mauvais pour jouer à chat perché. Je ne compte plus le nombre de tables que j’ai pulvérisées avant de comprendre que, non, c’était pas un jeu pour moi. Pourtant, j’ai jamais été très solide, comme centaure. Même plutôt malingre, et je le suis resté, mais ça, j’en parlerai ensuite. Eh, je suis en train de vous ouvrir mon cœur, et de vous refaire tous mes soucis de quand j’étais poulain, alors un peu de respect, je vous en prie !
Bon. Je me plains, je me plains, mais ça doit pas faire oublier L’Avantage n°1, la Substantifique Moëlle du demi-homme, demi-équidé, la raison qui fait que j’aurais du mal à en changer – quoi que - , la vitesse.
Un petit humain qui doit se faire taper, ça se fait taper, point. Parfois, ça s’échappe sur quinze mètres, mais inévitablement il est rattrapé. Et là, Badaboum Aïe Aïe.
Un petit elfe, un petit nain (jeune, rooh, c’est bon, z’aviez compris), idem.
Un petit félys, ça peut grimper aux arbres si arbres il y’a. Sinon, ça subit exactement pareil.
Mais un petit centaure, ça court, ça court (ça galope pour être zoologiquement précis), et ça s’enfuit beeeeaaaaaucoup mieux. Et donc, pas badaboum, pas aïe.
C’est sans doute pour ça que je n’ai jamais fait preuve d’un courage excessif.
Et que quand il est venu le moment d’apprendre à me défendre, comme de bien entendu, j’ai choisi la solution qui mettrait le moins en péril mon intégrité physique. Le tir à l’arc.

Aux centaures, on leur propose généralement d’être guerriers – pourquoi pas, on peut tailler plus vite la route quand on voit qu’on va se faire massacrer. Inconvénient : on est une cible volumineuse. Plus dure à louper. Même si on court.
Certains font voleurs. Certes. C’est amusant de voler, mais pour ne pas entendre le tagaclop cent kilomètres à la ronde, faut être bouché. Maaaaais les nains sont souvent assez bourrés pour ne rien ouïr. Et ils ont les poches pleines (de quoi ? Ca vous regarde pas, gros dégoûtants !). Résultat : y’a plein de quat’pattes, comme dit un de mes cousins moutons qui habite dans une ferme, y’a plein de quat’pattes qui sont aussi tire-laine (c’est pour ça que j’ai parlé du mouton…tire-laine…O.K., c’était naze).

Bref, je n’étais pas assez malhonnête pour être voleur – et puis on a une sale réputation après, or c’est la dernière chose que je voudrais – et pas assez cour…euh, trop prudent pour être guerrier. Ainsi fus-je rôdeur, et centaure de surcroît. Quatre membres pour courir, deux pour tuer. Je vois déjà les pervers qui se posent une autre question, je ne relève même pas.

Voyons donc les côtés agréables de mes choix. Je crois que j’ai déjà tout expliqué : on court vite et on tire de loin. Le risque de blessure est donc drastiquement réduit, ce qui n’est pas du tout pour me déplaire.
J’avais parlé de l’histoire du centre de…gravité, ça y’est, je me souviens, et bien en tant que centaure, je dois dire que pouvoir soulever de lourdes charges passivement permet d’avoir un carquois d’autant plus volumineux. Donc on reste plus longtemps à distance. Donc danger moins.

Oui, tous les morceaux se recollent.

Je suis un type logique.

Mais, bien sûr, il y’a toujours un ou deux notabene, deux ou trois sinéquanones…d’abord, dans une forêt (le rôdeur aime la forêt, public), on est moins furtif, et pour se cacher, il faut de gros buissons. Et comme partout ça pullule de sorciers abrutis qui tuent les ents à coup de boules de feu, et ben la déforestation galopante accroît encore cette difficulté pour se tapir sournoisement en attendant une proie.

D’ailleurs, je milite pour une interdiction des sorts de brasier en milieu végétal trop dense. Pour tous ceux qui veulent également se plaindre de faits du même acabit, voyez ici. Ca ne mange pas de pain.

Ensuite, être centaure, ça empêche de porter des pantalons dernier cri dont raffolent les elfes au tout petit derrière, mais ça, je supporte.

Nan, je crois que personnellement, ce qui me manque le plus, malgré toutes les précautions prises pour ne pas m’en servir, ce sont des muscles. Des triceps, biceps, et pectoraux. Pour mettre des coups de poing pendant les bagarres d’ivrogne, en gros (à ce propos : centaure = plus de sang = tiennent mieux l’alcool, ah ah). Parce que le moindre troll me casse en deux sans souci aucun. Et ça m’énerve. J’ai testé la ruade, mais en état d’ébriété avancé, on se ramasse trois fois sur quatre.

Donc oui, il m’arrive de m’imaginer en orc. Avec une peau de douze pouces d’épaisseur, une caboche vide et solide, une hache grosse comme moi, et du sang sur la lame de ma hache grosse comme moi.

Parce que si j’étais costaud, je serais sûrement méchant.

Or je ne le suis pas. Donc je suis gentil.

Logique. Je suis un type logique en fin de compte.

[Bon allez j'avoue, j'avais jété ça, mais niveau argument, je tourne en rond, puis c'est une torture, mais bon ^^ Si vous voulez me mp vos avis, au moins ce texte sera un peu utile Merci ^^]

Bon.

J’avoue.

Je suis mal dans ma peau.

Non c’est vrai, je ne plaisante pas ! Essayez de vous sentir bien quand vous fendez la foule avec quatre pattes et un corps équin. Supportez les regards parfois désapprobateurs, parfois méprisants.

Bon, bien sûr, un centaure c’est, malgré tout, vachement bien membré. Avouez ! Quatre jambes au lieu de deux ça en jette. Et c’est vachement pratique pour se tirer plus facilement.

Mais à côté de ça, on se fout un peu trop de notre gueule à nous, les centaures.

J’aurais aimé être un humainnnnnnnnnnnnnnnnnnnnn. Pour pouvoir croiser plein de femmmmmmmes !

Non, mais je vous jure ! Un humain, c’est la classe, collez lui une armure et une ou deux lames, une bonne paire de... du courage, en bref, et c’est le rêve !

Bon sang ! Si j’étais une femme, pensez bien que je craquerais sûrement pour un beau et puissant guerrier ! C’est pour ça que la nuit, quand je n’arrive pas à dormir...et bien ma foi, je l’avoue, je m’imagine avec deux jambes, et là, putain ! J’ai la classe !

Regardez cet arrière train énorme que j’ai ! Je voudrais pas faire ma femelle, mais c’est vraiment énorme ! Un humain, ou un elfe, peut-être. Non.

Surtout pas en fait. Vous me voyez avec ces grandes oreilles ? Sérieux, les elfes sont autant à plaindre que nous, avec leur antennes, et de réputation ils sont humbles, graves et sérieux...frustrés ouai ! Essayé de discuter avec un mec qui regarde vos oreilles en retenant un fou-rire !

Bref. Pour en revenir au sujet, si j’étais humain, je serais heureux. Vous vous rendez compte ? Z’ont la classe ces machins ! Bon après, j’avoue, si j’étais humain, je garderais quelques trucs de centaure, mais je ne m’étendrai pas. Par contre, je sais pas où c’est que ça coince...ça doit être dans les gènes. C’est vrai, regardez, vous les humain, vous les saurus, d’ailleurs faudra qu’on parle de vos écailles après...Bref, quand vous êtes sur votre monture, un machin qui déboule sur le chemin et pan ! C’est le bordel et vous vous retrouvez le cul par terre !

Bah moi, pareil...

Pareil que le cheval hein, j’me casse quoi, radical, je cherche pas à comprendre. ‘On s’casse puis on réfléchit. Et au b’soin, on y retourne’. Ca, c’est ma devise. Bon, j’vous cache pas que généralement j’envoie une flèche en éclaireur. S’il n’y a plus de bruit, j’en envoie une autre, pour être sûr. S’il y a eu un cri, j’en envoie une autre, pour achever l’machin.

Quoi ? Quand est-ce que j’y vais ?

Hé bien heu...faut jamais revenir en arrière, c’est c’que l’on m’a dit il y a bien longtemps.

Et n’allez pas croire que je fuis. Comme qu’y dirait, j’opère un repli stratégique.

Enfin, si j’avais été humain, et que, de surcroit, j’avais été courageux, j’aurais été guerrier. Savez, ces mecs, le cheval balise, mais eux pas. Alors ils sautent à terre et défonce l’intrus.

Dans le fond, c’est un peu la même tactique, faut pas se leurrer. Ils agissent, puis ils analysent.

Après...je vois pas comment on peut être guerrier quand on est un centaure. Imaginez le truc, le mec vous attaque d’une taillade verticale, pof, vous esquivez, et là il vous coupe en deux dans la longueur ! Ce serait con quand même. Après voleur...j’ai toujours coupé une bourse par ci par là, mais se faufiler discrètement quelque part, quand on est un centaure, faut s’attaquer à une cabane d’ermite, et encore ! Magicien, n’en parlons pas. Je vis dans une forêt quoi, si je la fait cramer, je suis dans la mouise !

Non...vraiment, si j’avais eu à choisir, j’aurais été un courageux humain...et parce que j’ai une bonne âme, j’aurais même pu être beau. Mais j’ai été lésé.

Tant pis, on s’y fait ! Pis au moins, le mec qui vole ma bourse, je vais lui arracher les siennes !

( v'là mon rp...perso je le trouve pas argumenté et un peu...j'sais pas comment dire, insipide, mais bon...)

Chaque matin je m’éveille, pensant à la journée qui va se dérouler devant moi, me demandant quelles arabesques brodées au fil d’or viendront troubler le tissu épais et régulier du funeste ou délicieux tapis du destin déployé sous mes pieds de guerrière. Et chaque soir je me couche, ressassant les évènements de ma journée, contant dans mon esprit fatigué toutes les tâches que j’ai accomplies, bonnes ou mauvaises, nonchalantes, peut-être, désintéressées, sûrement, et je me dis « et si…. »

Et si je n’avais pas été une elfe guerrière ?

Et si chaque matin au saut du lit, je ne me vêtais pas de cette armure de cuir solide et ajustée, taillée pour la guerre, et que je ne bouclais pas autour de ma taille ce ceinturon décoré de métal coulé couleur argent … ? Et si, je ne m’appliquais pas ensuite à poncer et affûter mon épée et mon sabre, avec amour et attention, et qu’ensuite je ne bénissais pas cette si belle arme elfique, baptisée Erendal, celle qui fait ma fierté, de mes doigts écartés desquels brillaient une lueur laiteuse et opalescente, créée par ma conviction d’incanter ?
Allongée sur le dos sur ma couche de bruyère violette, les yeux rivés sur le plafond mais ne voyant que les images de ma propre imagination, les mains glissées par-dessous ma tête, j’invente et je crée, je m’imagine et je vole dans cet univers dont moi seule a le secret…

Ce monde entre rêve et réalité, cette vie parallèle, fruit d’un mélange de ma réalité de guerrière et de mon rêve de…

De…

Que suis-je dans mes rêves ?

Sur le dos d’un cheval galopant si vite que le paysage autour de lui en semble flou, une elfe brandit une épée aussi grande que son buste. L’arme est très belle, finement décorée de moulures rouge et or sur la lame…Des caractères elfiques, à n’en pas douter, formant des mots de garde et de bénédiction. Le cheval n’est entravé d’aucune bride, d’aucune selle, harnais ou n’importe quoi, il n’y a que lui, sa robe, et le corps de sa maîtresse, et ses muscles saillants qui roulent sur son fin pelage luisant, et les paroles chuchotées de l’elfe, et le contact établit entre lui et elle…Elle lui parle et il obéit. Aucune soumission, juste une franche amitié les liant. La guerrière est lourdement armée et ses protections sont de cuir et d’acier. Bientôt, trois petites formes se dessinent à l’horizon…Se précisent…Elles viennent droit sur le tandem, hurlant et soufflant…Voici les trois humains que La Chasseresse poursuivait depuis trois jours et trois nuits maintenant. Mais ils viennent par ici, décidant d’affronter la mort en face plutôt que d’être tués par derrière. Bien, ils devront en subir les conséquences…

Le cheval s’arrête net. L’elfe n’en ait pas troublée, elle fait corps avec lui. Elle met pied à terre d’un bond, lance un mot de commandement à son cheval qui recule de quelques foulées. La tête haute, le menton fier, elle jauge ses adversaires du regard. Et dans l’attente de l’assaut, elle adresse son regard le plus perçant à l’humain du milieu. C’est là qu’il choisit d’attaquer.
Sa formidable épée s’abat lourdement sur l’elfe qui esquive…Les deux autres hommes entrent dans la danse…Elle vole entre les coups, ne les évitant que de peu mais riant de l’impuissance de ses adversaires…Elle est si frêle, si mince, elle tourne et virevolte au milieu des flammes d’acier qui cherchent à la pourfendre. L’avantage des elfes…Mais l’issue du combat et proche. Elle rit. Un rire franc et purement joyeux, sonnant comme une musique ou une cascade qui clapote allègrement dans sa mare brillante. Elle s’amuse…Quelques minutes après, elle est de nouveau à cheval. Les humains n’ont pas senti la douleur, elle était trop brève, trop précise…et la mort trop rapide pour être douloureuse. Mais la guerrière a quand même encaissé quelques coups, au coude, à la hanche, à l’épaule droite, son sang sort de quelques estafilades…Les blessures grandissent, s’ouvrent, le flot de sang redouble et dessine des fleurs cramoisies sur l’herbe verte. Les à-coups du trot du cheval la font souffrir, elle se mord la langue mais gémit quand même…Sa vie s’échappe en même temps que son sang. Et elle s’effondre sur le dos de sa monture qui n’a rien remarqué. Elle est morte. Si ce n’est pas le cas, c’est tout comme. Oui, c’est tout comme, et on dirait même qu’elle s’évapore…Comme si elle fusionnait avec son cheval…Comme si ses jambes se plaquaient contre les flancs de la jument jusqu’à ne faire qu’un avec eux…Comme si les contours de son buste se confondaient avec ceux de l’encolure et de la tête de l’équidée… Comme si ses armes s’affinaient jusqu’à devenir de minces baguettes, sur lesquelles se tendraient une corde de lin…Comme si elle devenait elle-même…Centaure et rôdeuse.
Après quelques foulées de galop malhabiles, elle se rend compte que ses plaies de sont refermées, une nouvelle vie commence, elle est heureuse et elle batifole au-dessus des buissons, poussant même l’euphorie jusqu’à se rouler dans l’herbe avant de se relever tant bien que mal pour se mettre à galoper à toute vitesse jusqu’à ce que ses pattes ne puissent plus la porter…Elle trace derrière elle un sillon rougeâtre, résultat de ses tirs à l’arc précis et ajustés, silencieux, francs et droits…

Elle a trouvé son idéal, mais un bourdon géant la colle d’un peu trop près et son murmure incessant la distrait…

La réveille.

J’abat une main rageuse sur la mouche qui vient de me réveiller. J’étais si bien dans ce rêve…Il paraissait si vrai, peut-être l’était-il…
J’ignorai que c’était là le destin que je choisirai si je devais quitter mon corps. Peut-être une résurrection exaucera-t-elle mes vœux ? Mais j’ai quitté le monde onirique, ne gardant qu’un souvenir de rêve comme témoin de cette liberté nouvelle et attirante.

Je suis bien...Entière...Et pourtant, ma moitié reste inaccessible. Que j'aime ces rêves, que je désire la revoir, encore une fois...
Me revoir...Nous revoir...Nous sommes moi, je suis elle. Nous sommes, c'est tout. Elle est celle qui ne vit que dans mes rêves. Mais je crois qu'elle existe...Oui, ma soeur, tu existes...Ne me dis pas non, je ne te croierai pas !

( HRP : Hey dites, qu'est-ce qu'ils ont faits du topic du Concours dans la Place Publique ?!?! )

Caché pendant les délibérations surement