L'eau comme compagne (Hammam)

Quoi de mieux qu’un bain chaud pour retrouver la forme ? Ces derniers jours ont été plus qu’épuisants. Quand j’y repense, c’était bon… Tous ces… Et ces… Hummmm…

J’ai abandonné ma cape sur le sol dès que j’ai passé la porte. Un pied, puis l’autre. Mes chevilles encouragent le reste de mon corps à venir se faire caresser par cette eau aux milles essences. Quelles sont ces huiles qui y ont été déversées? Qui a bien pu imaginer ce mélange harmonieux, invitant à la lasciveté? Tant de questions auxquelles je me satisfais de n’avoir aucune réponse. Et ce silence délectable.

Je m’étonne moi-même. Ce n’est pas dans mes habitudes de chercher la solitude, le calme. L’eau a maintenant atteint mes hanches. Elle joue avec ces courbes que je n’autorise à personne. Pourtant, j’imagine qu’elle est ses mains, que le trait humide qu’elle laisse est la marque de ses baisers. Je m’y abandonne toute entière, à cœur ouvert.

Ma peau se fait satin. Mes doigts dessinent des arabesques à la surface de l’eau. Les yeux fermés, j’imagine être en sa compagnie. Mais il n’y a personne. Tant mieux, je peux lui dire tout ce que je souhaite.

Un bruit. Un tout petit bruit lointain. Il n’en fallait pas plus pour me sortir de ma rêverie. L’eau du bain est redevenue ce qu’elle est. Elle ne se fait plus câline. Je l’ai aimé un instant, cette solitude. Mais il fallait s’y attendre, j’ai toujours préféré être accompagnée.

Je la quitte non sans regret, elle qui l’a incarné le temps d’une baignade éveillant tous mes sens. Je reviendrai, ici, seule ou en sa compagnie. Et l’eau n’aura plus que son propre rôle à jouer, nous entourant de sa douceur et de ses essences.

Comme quand je suis arrivée, mes chevilles lui rendent son étreinte. Mes pensées se sont envolées vers la salle que je vais rejoindre. Qui est là bas? Elle? Lui? Je marche lentement, laissant mes empreintes mouillées sur les pierres chaudes. Si jamais quelqu’un voulait m’y suivre… J’en ai oublié ma cape. Inutile en ces lieux, de toute manière.