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 Comme une brise sur les sommets

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Alquäloth
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Alquäloth


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Comme une brise sur les sommets Empty
MessageSujet: Comme une brise sur les sommets   Comme une brise sur les sommets EmptyVen 15 Mar - 14:41

Herbe, gravier, herbe, caillou, affaissement, gravier, herbe

Un moment déjà que les courbatures et les muscles assoupis se sont éveillés, la première demi-heure n'est jamais la bienvenue. La semelle des baskets a trouvé son rythme de croisière, le souffle s'est posé et se calque sur un tempo régulier, flux et reflux, en quatre temps, en course afghane, les chevilles s'adaptent au terrain, l'hypnose de la progression fait son œuvre.

J'ai une plume qui gratte le papier de mes pensées. Comme toujours, quand je cours, quand j'évolue dans ces paysages que je chéris, sentiers de pierres et steppique de moyenne montagne, qui s'élèvent tranquillement jusqu'à venir chatouiller le pied des mélèzes. L'écriture déroule déjà son fil dans ma tête, elle me surprend toujours, m'emmenant là où je m'y attends le moins au rythme du dénivelé que j'engrange dans mon sillage. Le regard sur la pointe des orteils en montée, elle me promène, d'une pensée à l'autre. Je sais où mes enjambées m'entraînent, j'ignore où mon esprit vagabondera. Pas de boussole ni de GPS pour lui, il rebondit sur l'adret, vient saluer l'ubac, puis survoler les crêtes enneigées des Ecrins qu'on aperçoit au loin et où je n'irai pas, je ne suis pas une fille de la neige. Il divague librement, s'accroche à une branche, effleure la courbe d'un promontoire, repère un rocher, a envie de s'y lover.

Pierre, épines, feuilles, boue, gravier, herbe

Les pensées m'attirent dans mon monde à moi, mon nid, mon refuge. Mon monde à mi-chemin entre le terrestre, les montagnes, la pierre et la verdure, et l'onirique, le lieu où mes rêves prennent corps, où je vois des chimères dans les branches des pins tordus et des elfes derrière les rochers. Il me ramène aussi ici, à ce lieu virtuel, ce lieu qui m’a portée, m’a réconfortée, m’a sauvée en quelque sorte.  La course se poursuit dans les méandres de mon imagination, se porte vers ces personnes que je n’ai jamais vues, et pourtant tellement incarnées. Courir pour penser, pour s’offrir cette parenthèse, ce répit dans le trivial, cette immersion dans la poésie. La machine à transcrire directement les pensées sur papier n’existe pas alors il faut bien attendre la fin de course pour lui donner de la consistance, mais une fois rentrée, déchaussée et bien assise, elle n’est plus que l’ombre de ce qui a été si vrai et si présent durant quelques heures.

Neige maintenant, le froid qui rentre dans les chaussettes, le sourire de savoir qu’on affleure le sommet et que l’inconfort ne sera que passager. La petite brûlure des cristaux qui fondent sur la peau, le rebond de la semelle contre la croûte humide et fraîche, les petites projections étincelantes qui jaillissent sur les bas-côtés. Où êtes-vous maintenant ?

L’envie d’écrire qui me talonne, je ne cours contre personne si ce n’est contre le temps qui va impitoyablement déliter les mots dont j’essaierai de me souvenir, plus tard. Le besoin impérieux d’incruster ces mots quelque part, de laisser ma trace comme mes semelles impriment leur empreinte dans le terrain parfois boueux. Je ne serai pas en avance au travail, il faudra que je me dépêche, abréger la douche, tronquer le repas. Mais l'urgence est bien là, trop pressante, écrire pour donner corps et substance aux pensées, avant que le temps ne tue tout, avant que l’immatériel ne reprenne ses droits. Dans une heure, je serai au travail, je revêtirai ma casquette d’éducatrice et je ne penserai plus à tout cela, je le sais bien. Alors écrire, avant que la réalité ne me recloue au sol, vivre encore quelques minutes ces instants suspendus.

Dans cinq ans, dans dix ans, je vous avais dit. Presque quinze, désormais, mais le besoin d’écrire est toujours présent au bout de mes doigts, dans ma chair et dans mon cœur. Ecrire pour sauver les souvenirs, pour arrêter la course des années, pas pour revivre et regretter. Les regrets et la tristesse n’ont plus lieu d’être, juste l’expression, et le partage, peut-être. Cela n’aura duré que quelques mois, à l’époque, j’avais imaginé tellement plus avant de retrouver les dates. C’était tellement suffisant, en réalité, pour s’incruster dans mon être et me faire avancer. J’avance toujours, différemment. Quelques mois quand on a treize ans, c’est presque une vie entière. Je vous attends, de toute mon âme. Les mots blottis au creux de mon cœur valident chaque jour un peu plus cette frénésie depuis que j’ai retrouvé ce lieu, ces écrits, vos récits et les miens. Existe-t-elle encore un peu, par moments, chez vous, cette petite folie qui nous pousse à nous écarter du réel par moments, de prendre la tangente et de s’éclipser dans l’imaginaire ? C’est mon petit secret, ma petite bulle, inviolable, bien rangée au fond de moi. La ressentez-vous encore ?
Je brûle que mon esprit soit tout entier tendu vers vous, impossible de croire que vous ne pouvez l’entendre. A force de me concentrer, peut-être… Une infime chatouille, une caresse, un appel, l’écriture. Mon monde ne demande qu’à se gorger d’imaginaire. Mais pour l’instant, il doit s’en retourner à la réalité.

Une prière, un souffle.
Imperceptible.
Le nuage d’une pensée qui virevolte. La petite piqûre qui vous fait vous souvenir.
Les pas m’ont ramenée à la maison. Il est temps.
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