Boisson alcoolisée... qui veut ?

Ce type à l'air d'être fait ! En le voyant, je renonce à commander. Je tiens pas l'alcool et je suis en train de penser avec effroit que je pourrais devenir pire que lui en seulement deux ou trois verres.

Est-ce que c'est moi qu'il regarde ou une projection du vide qu'il a entre les oreilles ?

Je vous voulais un peu de réconfort en commandant une bonne bière mais le voir a suffis à me rendre la bonne humeur. Je vais me contenter d'un verre de lait.
Je suis un peu amusée de ses yeux qui tanguent et de cette position molle et ratatinée. C'est pas bien de se moquer... mais c'est pas très grave et il n'en saura rien... sauf s'il m'a vu sourire et me cacher le nez.

Il est tellement ivre qu'il ne me voit surement même pas. Alors je sirote mon lait du bout des lèvres tout en gardant un oeil pas tout à fait discret, sur le sujet.
J'espère quand même qu'il ne va pas vomir...

Mince, il m'a vu ! Je pensais pas qu'il voyait encore.
Je lui réponds, un peu gènée de mettre faite prendre :

-Ya pas de mal. Vous avez une sacrée descente pour quelqu'un qui ne boit pas.

Je replonge le nez dans mon verre. On ne sait jamais, il pourrait oublier que je suis là.
Oh non, mon verre de l'ai ne me cachera pas !
Et puis finalement, un type bourré seul dans un bar qui ne bois pas souvent et qui à l'air désolé de son état, c'est surement pas tout à fait annodin. Ce qui réveille chez moi un trait de caractère un peu trop marqué : je suis curieuse.

Et si ça se passe mal, au pire Liûie s'en chargera. Un de plus, un de moins... C'est pas comme si c'était un proche, c'est juste un pochtron occasionnel.

-Et vous fêtez quoi ?

Je ne vouvois que très rarement mais là, je préfère garder de la distance.
J'ai comme l'intuition qu'il ne fait pas vraiment la fête. Comment ça "c'est évidant" ?! Je sais que je suis hyper sensible sur ce qui émane des autres mais j'ai tout à fait le droit de n'avoir rien sentit... même si c'est pas vrai !

Je savais qu'il répondrait un truc dans ce genre. Je l'ai peut-être un peu blessé. Maintenant, il faut enchainer.

-J'ai décider que je n'avais plus envie d'oublier, ce soir. Et puis, c'est bon le lait, ça calme. De toutes façon, il y a des choses qu'on a beau essayer d'oublier et qui reviennent très vite au galop.

- Vous trouvez cet état agréable ? C'est que vous devez manquer de choses agréables, plus agréables que cette demi perte de conscience et la gueule de bois le matin.

Mais qu'est-ce qui me prends de lui dire ça ? J'ai pourtant pas bue, moi ! D'une , ça ne me regarde pas et de deux, je ne suis pas sure que ça aide quelqu'un.
Pauvre bonhomme... Mais j'ai pas envie d'être compatissante non plus ! Bah, c'est comme d'habitude ça, je suis incapable de savoir vraiment ce que je veux, surtout ces derniers temps.

Danahel sourit tristement.



« Je crains de ne pas être le seul dans cette taverne à avoir à oublier. Bah. Malheureusement, la tristesse touche tout le monde, sans faire de distinction de race ni de classe. Comment faire pour ne vivre qu’au présent et oublier le passé ? Je ne pense pas qu’une seule personne sur cette terre a la réponse… Pourtant je pense que je pourrais gommer tous les souvenirs qui me rongent… Comme vous mademoiselle, vous pourriez également gommer les souvenirs qui vous tracassent. Seulement, je pense que c’est un fardeau de l’être vivant que de se souvenir… Se souvenir à jamais…

Je vais donc être obligé de vivre avec ses souvenirs. »

Le mage regarda la demoiselle gentiment :

« Je ne sais pas pourquoi je vous embête avec ça. Apres tout, chaque personne dans ce monde a sa pars de regret. Personne ne doit échapper à cette malédiction… »

-... et le but n'est pas de trouver qui est le plus malheureux sur cette terre.

J'aurais pu lui répondre qu'on ne peut pas gommer ce qui est toujours d'actualité mais ce n'est pas le moment de me faire plaindre.
Même si sa peine est peut-être mince comparée à d'autres, ça doit lui faire mal et s'il n'a jamais eu aussi mal, peut-être que pour lui, c'est insupportable.

C'est qu'il a l'air d'avoir de l'espris. Il n'est peut-ête plus aussi saoul.

Maudite soit cette empathie et cette gentillesse que tantôt je cherche chez moi et que tantôt je fuis. Son regard me fait mal. Il a l'air tout fragile.
C'est peut-être instinctif mais je ne veux pas le laisser comme ça et tant pis si il se fait dévorer par ma bête.

-Si tu as des regrets, tu devrais te construire quelque chose de mieux que ce que tu as perdu. Et en attendant il vaut mieux t'occupper l'esprit et le corps plutôt que de touiller tes déboires dans un bar. Je t'emmène marcher ? Une bonne balade ya rien de mieux pour faire circuler les idées noires. Je peux t'emmener dans des coins sympas et comme je vois encore clair à cette heure là, je ne nous perdrais pas. Occupper les jambes, ça range la tête.

Je souris sur cette dernière réplique qui parait stupide mais qui pourtant est vrai. C'est un des moyens que j'utilise le plus pour me mettre les idées au clair, sauf que quand je parts en forêt, j'y vais plutôt seule. Il a de la chance sur ce coup là.

J'aimerais bien oublier, moi. Mais ce serait peut-être imprudant. Enfin, inutile de lui ajouter mon problème en plus des siens. En plus, il pourrait prendre peur.
Sans me poser plus de questions, je prends ça main et nous sortons.

Dehors, les étoiles sont nombreuses. Je n'aurais aucun mal à trouver mon chemin. Mais quel chemin prendre ?
Je réfléchis quelques minutes à notre destination. Je ne peux pas l'emmener n'importe (il ne vois pas dans le noir, il n'a pas de griffes pour monter dans les arbres...). Bien, alors ce sera la plaine près du lac, mais pas trop près à cause des moustiques. Il n'y a pas vraiment de chemin pour y aller et c'est surement pour ça que l'endroit reste intacte... et il n'y aura pas de témoins si jamais la bête veut faire des siennes.

-Le soir est frais. Marchons et nous aurons plus chaud.

Je l'invite à me suivre sur des sentiers effacés jusqu'à ce qu'il ne reste que quelques buissons et de l'herbe sous nos pieds.

Son bien être m'est des plus agréable. Ca soulage de le voir comme ça.
Il m'a tout l'air d'un sacré rêveur ou d'un sorcier : le chant des étoiles ?

« Ne vous inquiétez pas, je n’aurais aucun geste déplacé envers vous cette nuit, sauf si vous le voulez. »

Je ris, moi aussi, à sa blague. Il s'imaginait peut-être que je pouvais craindre quelque chose en l'emmenant là d'où personne ne peut nous entendre. S'il savait : il a sûrement plus à craindre que moi.
Enfin, je ne pense pas que la bête frappera ce soir. Je ferais mieux d'oublier un peu et de passer du bon temps, comme lui.
Son calme me met plus en confiance. Je soupir un grand coup et me laisse happer par le silence du ciel.

La nuit est belle... mais un peu humide. Je me sentirais mieux à l'abris, devant un bon feu. Mais il a l'air bien ici.
Je ne vais pas allumer un feu, ça gacherait l'éclat des étoiles (en plus, quand je me met à faire du feu il y a souvent un gros bout de nature qui disparait ).

J'aimes pas l'herbe mouillé et il fait bien frais. Mais j'ai pas envie de rester debout.

Alors je choisis de poser mon derrière de poids plume au chaud sur ses jambes, accompagnant mon geste d'un sourire sympathique, comme si c'était normal pour tout le monde (on ne sais jamais, les humains sont souvent offusqué d'un rien, comme d'une posture inhabituelle). En plus, ça lui tiendra chaud aux pieds.

Ainsi installée suffisament confortablement, je profites de l'apaisement, les yeux mis clos et le ronronnement vibrant.

Il arrive à s'endormir dans l'herbe mouilléé ? Il doit être bien fatigué.
Je pourrais le laisser là et aller là où c'est plus confortable comme dans mon grenier. Mais il risquerait de ce faire bouffer par une bête dans son someil. Et puis... on est pas si mal que ça ici. Sa chaleur m'invite à rester. Je n'ai plus envie de partir.

Alors, je m'installes. Tout en délicatesse, je m'affesse, m'abaisse, et viens me lover contre lui, des pieds au milieu du torse (même allongée de tout mon long, je n'arrive pas plus loin, pas avec mon mètre et demi).
Sa respiration me berse. On a toujours plus chaud quand on dort à deux.
Je m'endors sur cet humain, les deux fermés et seulement une oreille dressée par prudence.

Je m'étire un peu, ravie d'avoir passé une bonne nuit. Toujours délicate pour ne pas le gèner, je tends une main pour chercher son épaule. Mais son épaule me semble bien plate, dur et ... avec de l'herbe dessus ?
Mais où est-ce qu'il es ? J'ouvres les yeux et tout ce que je trouves en guise matelas est cette herbe applatit qui porte encore son odeur.

Il n'est peut-être pas très loin. En tout cas, ça sent la bonne grillade.
Une fois levée, je le retrouves là à quelques pas à côté d'un sanglier qui rôtis sur le feu.
Cet homme est bien gentil. Il m'a laissé lui dormir dessus, a réussi à se lever sans me réveiller (comment il a fait ?) et est en train de préparer le petit déjeuner. Je me demande s'il cache d'autres qualités.

-J'ai dormis comme un loir. Ca fait longtemps que tu es réveillé ? Doué en chasse à ce que je vois.

C'est rare de me voir sourire comme ça au réveille. C'est vraiment une bonne matinée.

Il n'est peut-être pas aussi doué que je le pensais finalement.
C'est beau le feu. Mais l'ennuis, c'est que ce qu'il prend, il ne le rend jamais comme avant. Si seulement on pouvait "débruler", ça m'aurait épargné bien des reproches et réparé pas mal de boulettes et coups de folie.

Je vois les flammes grandir sur ce qui aurait dû être notre repas et je n'ai qu'une envie, celle de les faire grandir d'avantage. Mes yeux s'allument. Je tique un peu du droit. Mais ça, il vaudrait mieux éviter.

Mon estomac qui grogne m'aide à me reprendre.
Mais je crois que j'étais trop omnubilée. Il m'a semblé qu'il m'avait parlé.

-Je hein quoi ? Danahel ? Euh, oui, moi c'est Miw. On va chercher à manger ?

Je suis un peu gènée et pressée de laisser le feu tentateur hors de ma vue. Je part devant en espérant qu'il ne sera pas trop vexé du fait que je ne l'écoutais pas, et qu'il voudra bien me suivre.

-Le FEU ?

Juste un coup d'oeil en arrière alors que ma voix semblais plus affamer qu'interrogée. Le seul mot du "feu " avait suffit à faire monter l'étincelle à mes yeux. Je crainds qu'il n'ait apperçut mon sourrire nerveux d'hallucinée.

Je me met à accélérer comme pour le semet mais tout de même pas assez. Puis d'un coup, je m'arrête pour réfléchir.

Avec tout ça, j'avais oublié vers quoi je courrais.

-Ah oui ! C'est vrai. Manger !

Mince, j'ai pensé tout haut. C'est nerveux ça.

-Euh... vous l'avez trouver par où, le sanglier ? Il n'était peut-être pas seul.

Je parts dans la direction qu'il m'indique. Mais je sents son regard qui pèse dans mon dos. Il semble bien concentré. Il est surement curieux. Il faut dire que mon attitude visant à cacher ne fait qu'attirer les questions. Je ne suis vraiment pas discrette sur ce coup là.

A mesure que j'avance, je me décrispe. C'est sans doute le fait de me dépenser. A cavaler comme ça, il est normal que mes nerfs se calme.
Mais... c'est pas comme d'habitude... normalement, ça me détend, mais pas comme ça. Ce n'est pas normal et pourtant, ça ne m'inquiète pas. Ca m'inquiète tellement peu que je m'arrête pour y réfléchir sans me préocupper de ce qu'il pourrait en penser. Je stop la marche puis m'assois pour mieux me concentrer.

Du coup, il a eu tout le temps de me rattrapper. J'en proffite pour l'interroger innocement, comme s'il s'agissait d'un banal sujet d'étude.

-C'est bizarre, d'habitude quand je cours, ça ne me calme pas temps que ça. Il y a un truc bizarre. Ca vient de moi où toi aussi tu le sents ?

Mais j'y penses : il me semble qu'il est mage (je l'ai peut-être entendu malgré-moi car je ne me rappelle pas bien du moment où il me l'a dit). Si ça se trouve... Nan ! Il n'a pas l'air d'être du genre à jeter des sorts sur autruis et sans conscentement.
Mais c'est-on jamais ? Il était peut-être si curieux qu'il voulait que je me calmes et que j'arrêtes ma fausse fuite. Ou bien voulait-il simplement que je me sente mieux ? Je suis plutôt pour cette deuxième solution qui me semble moins pessimiste (mieux vaut quelqu'un d'attentionné plutôt qu'un manipulateur).

Je me tournes vers lui, d'un air presque accusateur. Oui, je peux le lire dans son esprit (pour une fois, je ne m'inquiètes pas de respecter la pudeur qui m'interdit d'utiliser mes pouvoirs pour lire dans les pensées). Maintenant, j'en sui sure : il m'a jeté un sort. Il a du cramp !

-Tu aurais pu me demander la permition. C'est bien gentil de me relaxer par la magie mais à ce point là... Je suis peut-être trop sensible pour ce sortilège.

Il y a une autre pensée que j'ai captée en surface ( je n'allais pas me permettre de creuser d'avantage : ça ne se fait pas et c'est risqué ).

-Tu veux savoir quelque chose. Je ne te reprocherais pas cette curiosité, j'ai souvent la même. Mais je vais peut-être te laisser poser les questions au lieu d'aller les chercher dans ta tête.

Je le fixe en attendant l'interrogatoire... s'il ose me l'adresser. Il n'est surement pas sous le même charme que celui qu'il ma donné.

Je reste pensive un petit moment devant ses paroles. Je soupçonne l'hypocrisie mais ce n'est pas dans mes habitudes de blamer dès les premières et secondes impressions. Le doute... toujours le doute...
Ses paroles sont sages. Mais sont-elles aussi sa pensée ? Je n'irais pas le vérifier.

Je baisse le nez, un sourrire un peu triste en repensant à ma condition.


-Dis moi, ton sort, il fait effet combien de temps ?

Je ne suis pas sure qu'il me soit si utile que ça. Bizarrement, c'est quand l'agitation est au plus haut que j'apprend quelque chose, que je commence à comprendre. Le calme que je réclame tant ne mais souvent d'aucune aide et je dois me faire violence pour voir un peu la lumière.