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 Maelström dans l'album photo

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Alquäloth
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Alquäloth


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MessageSujet: Maelström dans l'album photo   Maelström dans l'album photo EmptyMer 6 Fév - 22:22

C'est moi.
Oui, c'est moi, la petite blonde à couettes qui mange un cookies dans le cerisier.
Avec quelques années de moins, mais c'est moi.
Je reconnais mon visaqge, je reconnais le cerisier, je ne reconnais pas le cookie mais je me souviens du souvenir, ranimé par la photo.
Pourtant, c'est pas moi.
Je suis pas si vieille, mais je me sens mille ans.
Creusée, mais ça se voit pas.

La tour, à Lyon, et l'appartement avec l'aquarium et les poissons qui se bouffaient entre eux. L'autre abruti tout plat et noir qui était ventousé aux vitres, ignoré des autres poissons, mais qui me faisait rire. Les pigeons qui étaient rentrés par une fenêtre, dans l'appart. La bande de marmots dont je faisais partie, qui gigotaient autour du piano, pour aller jouer quelques notes tour à tour. Hurlant ou rigolant à pleines dents, passant de l'un à l'autre en deux secondes. Et les commentaires déplacés mais innocents qui fusaient de ma bouche ignorante sur les parents de ces petits squatteurs de mon salon. L'unique arrestation, au bas de l'immeuble. L'école maternelle, les maîtresses terrifiantes et la sieste qui ne marchait jamais, le gymnase ou je dansais le merdredi après-midi, et où je m'amusais pendant les cours de sport, mais je me rappelle plus du nom qu'on leur donnait.

Les week-ends, à la campagne, dans la petite maison, loin de la pollution. Les après-midis folles passées dehors. Les skis attachés aux pieds, mes déplacements maladroits dans le jardin recouvert de quinze centimètres de neige et les igloos et les innonbrables bonhommes de neige construits. Les soirées d'été passées à guetter les chevreuils dans la montagne, avec les jumelles. Le trampoline des voisines sur lequel je bavais. Les Noëls là-bas où des monceaux de cadeaux s'entassaient au pied du sapin surchargé, l'étoile au sommet, les pantoufles déposées dessous. Quand ça avait encore un sens, qu'on laissait une soucoupe de cacao chaud et une carotte sur la table, pour le père Noël et ses rênes. Les anniversaires avec le gâteau typique au chocolat recouvert de glaçage blanc, toute la famille autour de la table qui applaudissait que les bougies étaient soufflées. La tarte aux pommes parfaite. Les matinées de Pâques à courir après les oeufs en chocolat dans le jardin. J'arrivais à peine aux hanches de mon père, toute petite. Encore maintenant, mais moins. Mais plus. Mais pas pareil, plus pareil, plus jamais pareil.

Encore moi, toujours blonde avec un palmier sur la tête, des collants blancs et une robe " qui faisait grande dame " avec son tout petit décolleté, poussant des cris de joie sur une balançoire.
Et pourtant c'est pas moi. C'est plus moi.
Ma mère qui rit aux éclats. Qui me regarde en préparant un gâteau d'anniversaire en me souriant. Et moi aussi je souris, jubilant d'avance de manger ce gâteau. Et pourtant c'est pas elle, c'est plus elle. Ca peut pas être elle.
Une des seules photos où on voit mon père, le plus souvent, il est derrière l'appareil. Ici, il tient une paire de rames et nous on s'extasie sur la barque qui glisse sur le lac. Il ne connaît pas encore sa future copine, cette femme que je peux pas voir, que je peux pas considérer comme celle qu'il aime maintenant. Les brassards orange énormes sur mes bras tout minces. Ma casquette horrible que j'adorais. Les énormes lunettes hideuses de ma soeur qu'elle adorait. Le maillot de bain " en peau de crocodile " de maman. Papa derrière l'appareil photo. Mais c'est pas moi, c'est pas elles, c'est pas lui. C'est pas nous. C'est plus nous. Ca peut plus être nous.

J'aimerais revenir en arrière, à ma naissance. Tout ce que je faisais avait une signification, même quand j'étais déguisée en printemps pour le carnaval, avec des fleurs en papier crépond cousues sur un grand pyjama blanc. Revenir en arrière, une toute petite fille. Puis grandir un peu, pas trop, que ça s'arrête juste avant que ça fasse mal. Puis reccommencer, redevenir un bébé qui va grandir. Revivre ces photos pour que ce soit elle, pour que ce soit elle, pour que ce soit lui et que ce soit moi. Revivre pour que maman soit vivante et papa heureux, pour que ma soeur récupère ses grosses lunettes moches et moi ma casquette affreuse. Revivre pour que Noël et Pâques soient magiques, qu'on mange à nouveau de la tarte aux pommes et du gâteau glacé au chocolat. Revivre pour que mon père ne connaisse jamais, qu'on ne connaisse jamais l'intrue. Revivre pour être heureuse et pour que ma gorge arrête de se nouer sans bruit.
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