L'étendue de ma mémoire remonte à la création, alors que je n'étais qu'une idée de Gendräzeth, la Troisième.
Je me souviens de mon arrivée en Osëfyen, de ces êtres si beaux. Le plus faible de tous possédait la puissance de créer un Univers qui lui appartenait, un Univers à son image. L'heure de la Grande Guerre était encore éloignée et je profitais de mes hôtes en toute quiétude, je n'avais pas de date pour effectuer ma mission, la mission la plus vile que je n'ai jamais du accomplir.
Je me rappels de ces bribes d'étoiles qui filaient à toute vitesse de toutes parts de la voute de pensées. Je me rappels m'être rapproché de ce puit de lumières de couleurs concentrées, je me rappels d'avoir croisé des yeux translucides baignés d'un halo immaculé, je me rappels comme sa clarté est venu se méler à mes Ténèbres, comme elle m'a apaisé.
Je me rappels de toi Alessa.
Je me rappels de cette colère que je t'ai insuflé, de cette force que je t'ai donné, de cette partie de mon être que je t'ai offert. Je me rappels que j'ai choisis celle dont la grâce à touché mon être pour atteindre le Tahäl et le corrompre.
Alessa.
Ma Mère voulait que je devienne l'un des éléments de votre monde, que j'apporte notre sentiment, que le mal pose le pied sur le sol de brume de l'Osëfyen et c'est toi que j'ai choisis. Tu possédais cette puissance dans le regard, cette onde toute prête à recevoir mon enseignement, ce désire de puiser dans ma force. Et je t'ai tout donné, j'ai refaçonné tes angles pour les durcir.
Mais ce n'est pas tout Alessa.
Je suis le Seigneur des Cendres, je suis Arkör le Troisième Seigneur Twärvalien, l'envoyé d'un Monde d'Ombres et de Douleurs. Je ne devais pas flancher et pourtant j'ai oublié qui j'étais en ta compagnie, tu as su remodeler mon esprit dans les décors de ton Univers. J'ai puisé dans ta force de pensée pour ériger ces barrières qui font de moi ce que je suis devenu, tu es le Bras Armé de l'Osëfyen, je suis la Lame du Twärvalyen.
Ma mémoire ne flanchera pas cette fois-ci, je suis libéré et je me souviens. Je me souviens de ces longues heures bercées par tes chants, je me souviens de ces danses aériennes et entremêlées dans le scintillement de la nuit Osëfienne. Alessa, je me rappels de ton accueil, de ton enseignement, je sais pourquoi j'ai aimé les tiens, je sais pourquoi j'ai voulu les protéger alors que je n'étais que le mal, le sexué sauvage et impitoyable, conquérant des Treize Mondes.
Je sens ta main sur mon épaule au moment ou j'aurais du flancher et insuffler les ondes de l'Abërhyen en Osëfyen pour le détruire de l'intérieur. Je sens les caresses de ton être de psychés me mener devant les plus grands pour m'accueillir en frère. Je me rappels de l'échos des voix de l'Osëfyen s'élever comme des voix d'Anges Orïdhiens, je me rappels de cette allée de chants et de cette place à vos côtés. Je me rappels avoir trouvé mon égale dans tes yeux et pourtant ; en toute quiétude, apaisé.
Lorsque ma Mère a repris contrôle de mon mental et a dirigé mes gestes une partie de moi est restée Osëfienne, une partie que l'on ne pouvait détruire sans me détruire, sans te détruire, une nouvel forme d'idéal et de création, la seule que je connaisse, un métissage dans l'Univers pourtant imperméable. C'est à toi que les tiens valent leur salut, tant qu'ils ne savaient pas. J'étais le maître, j'étais le chef d'orchestre.
Et puis ils ont su, ils ont senti, ils ont compris, parce que je me suis libéré de ce poids, je t'ai permis d'entrer au plus profond de moi comme tu l'avais fait avec moi, pris de compassion pour ce Monde si beau et tellement plein de nuances et d'imagination. Tu m'a touché Alessa, par tous mes sens tu as su déverouiller ma volonté, tu es la seule et j'ai aimé les tiens plus que les miens encore pendant une période de mon existance.
Ces prisons que je vous ai offert, cet abris en Särwyen, cette fuite de votre Monde condamné était la meilleur chose que je pouvais faire, je ne voulais pas vous voir détruit lors de l'arrivée de la Légion des Ténèbres, c'était inconsevable de vous voir corrompus, de voir rayée votre nature de l'Univers. Votre essence est tellement belle, Alessa.
Alessa, j'ai utilisé ton pouvoir pour choisir ce receptacle et cette vie de Princesse, j'ai utilisé ta force pour poser le pied sur le Särwyen quelques années avant que la Guerre n'éclate entre les Mondes, avant que le secret du Treizième ne se répande comme une trainée de poudre pour mettre l'Univers à feu et à sang. Notre dessein est le plus sombre qui ai existé, nos armées étaient prêtes des siècles avant de débarquer, notre plan était scellé et scellait avec lui le destin des habitants de l'Univers.
Je n'ai hélas pas trouvé la force de t'ôter tous tes pouvoirs, j'ai veillé sur toi, j'ai érigé ces barrières de flammes autours de toi, j'ai donné à tes yeux cette couleur grise et l'ai teinté d'acier. J'ai laissé à tes cheveux la couleur du feu et j'ai souffler ton nom à l'oreille de ceux qui devait t'élever dans cette nouvelle vie en mémoire de notre métissage, Alycendre.
Alors que je frappais par ailleurs, visitant, imposant et rasant d'autres Monde, une partie de mon âme se tenait toujours prêt de toi, glissée dans ton Ombre et prête à t'offrir toute sa puissance, bien plus encore que je n'en avais conservé, une véritable force primesautière capable de se décupler par la seule force de ta pensée, une caresse sombre venue du tréfond des Ténèbres. A chaque coup que je portais, à chaque coup que je recevais j'étais prêt à quitter la bataille, me présentant derrière toi et déployant mes ailes pour détruire ceux qui barrerait le passage de La Guerrière aux Cheveux de Feu. Je ne voulais pas t'oublier, je ne le pouvais pas, même ma créatrice n'y est jamais vraiment arrivé. J'ai vu dans tes yeux le reflet de tes semblables et je les ai aimé Alesssa, je les ai aimé tout comme toi, je les ai toujours protégé et j'ai souffert en Twärvalyen auprès des miens pour vous préserver jusqu'au dernier moment.
Mais je vous ai trahi.
Ma nature même était corrompue, je ne suis né que pour détruire. La destruction, c'est ce qui me fait vivre, c'est qui déploie mes ailes dans mon dos et abat sa poigne sur ceux qui se mettent en travers de notre chemin. La destruction c'est ma...c'est mon autre raison de vivre, en parfaite incohérence, ce sont ces deux faces mon être, la tienne et la mienne.
Alors que je prévoyais l'invasion du Gëhyen par la Grande Porte Sacrée des Enfers, alors que je veillais sur le couple de Princes Démons sous mon autre identité, alors que je n'étais que Lad le Moine Githzeraï, mon âme veillait sur vous en Särwyen, elle était le crépitement que vous entendiez bien avant notre arrivée, elle était cette partit de sang de vos contes et de vos songes, elle était cette mélancolie, elle était tous ce que notre mélange avait créé en moi.
Et aujourd'hui que je me tiens devant toi et que tes lances de feu s'abattent sur mes ailes je ne peux réfreiner des larmes de braise qui roule sur mes joues noircies par la suie, les flammes sauraient-elles devenir mon linceul, celles qui m'ont animé après mon passage Osëfyen.
Alessa les Flammes et la Destruction se marient tellement bien. Les Flammes laissent place aux Ombres, entends cet appel des Ombres. Mes yeux n'étaient pas de feu lors de ma création Alessa, mais tu les as toujours connu ainsi, mon regard s'est posé sur toi avant que le tiens ne se porte vers moi.
Je crois que c'est à cet instant là.
Alessa...
Hurlement sans fin noyé dans les hurlements du Twärvalyen. Hurlement de colère, hurlement de douleur. Le plus Ténébreux des hurlements.
ALESSAAAAAAAA !
![[Les Ithryn Luin]](https://i.servimg.com/u/f20/09/01/83/41/echiqu10.gif)
Sujet: Ombres et Flammes