Une quête noble (suite 1)

(hrp: premier passage ici: Une quête noble)


La corbeille. Ce lieu est pèlerinage pour les voleurs qui passent dans la région. Pourquoi un tel nom? Ne la voyez-vous pas, cette corbeille qui se dessine entre la forêt et le flanc de la montagne? Avec ses anses pour géants, l’une faite d’un grand tronc plié par des siècles de lutte inutile contre Eos, l’autre taillée à même la roche. Ici, on y dépose des trésors. Tout y entre, rien n’en sort. Personne n’oserait prendre possession du moindre objet. Non, ici, c’est la belle vie pour les sans-vie et les sans-âme, ces petites choses qui détiennent tant de secrets qu’elles ne livreront jamais…

Je m’assois près d’un amoncellement de dorures fanées, j’en caresse une du bout des doigts, le regard perdu dans l’horizon.

Aide moi… Dis moi où je peux les trouver… Ou je peux en trouver un. Tu sais, ils sont perdus, seuls. Donne moi un indice…

Rien. Le silence. Alors je me mets à farfouiller sans respect le tas de trésors, bafouant ses seules règles que je respectais aveuglément. Mais si un seul d’entre eux est ici, enfoui sous du métal, étouffé par des étoffes, je me dois de le trouver. Je retourne le moindre centimètre carré, sans résultat. Ils ne sont pas ici.

Je me relève, un sentiment d’échec dans le fond de la gorge. Je déteste ce goût là, et vous pouvez me croire, je ferai tout pour ne pas le garder. Puis mes prunelles s’illuminent. Là, j’en vois un! Je ne marche pas, je ne cours pas, je plonge vers lui.

Le pauvre, il est tout fripé, complètement desséché. Depuis combien de temps est-il ici? Assez longtemps pour que la boue qui le recouvre craquelle, maintenant les quelques poils qui lui restent dans un masque d’argile si fragile. Je lui donne un peu d’eau, avant de le porter délicatement dans ma besace, où il sera au chaud, où il pourra se remettre tranquillement de sa longue solitude enfin passée.

Je vais retrouver tes frères, tes sœurs. Ton calvaire est terminé, jolie petite chose…

La route sera longue, semée d’embûche. Mais ma quête vient de réellement commencer.

Houla, elle a son air pas commode, là, la Rose… Je risque de finir suspendu par les pieds, accrochée par mes propres ficelles, si je ne trouve pas quelque chose… Non, je ne le lui rendrai pas, je dois le prendre avec moi, je dois le ramener chez lui, sinon il disparaîtra définitivement.

Alors je vais lui servir une explication, à Dame Aislin. Une explication imparable, et après ça, elle-même fouillera ses trésors pour en trouver un, pour en chercher un.

Excuse mon sacrilège, Aislin. Mais je mène une quête, une grande quête. Je dois les trouver, je dois les sauver. Tous.

J’entrouvre ma besace, lui laissant apercevoir ma trouvaille.

Regarde le… complètement déshydraté, le poil collé par la boue… Et ils sont nombreux, comme ça! Des mâles, des femelles, des petits, des plus grands. On ne peut pas les abandonner à leur triste destin…

Je plonge mon regard dans celui d’Aislin. Je veux qu’elle sente ma détermination. Ainsi, peut être comprendra t’elle. Mieux, peut être m’accompagnera t’elle.

Bon sang que j’adore, quand son regard se plonge dans le mien comme ça. Je suis entrain de fondre.
Rien que pour cela, j’ai envi de tirer sur la ficelle moi.

Un peu de sérieux la rouquine.
Je regarde au fond de son sac et entrevois le … Pas très ragoûtant !

- D’accord ma mignonne ! Je vais d’aider à les trouver ! Mais moi je ne les touche pas ! C’est toi qui les gardes ! (Vraiment dégelasse ça !)
Je te suis … On va ouuuuuuuuuuu !
Dit ! … Je peux tirer sur la ficelle …. !

J’ai trouvé une première alliée. J’en suis sure, on y arrivera. On les retrouvera. On les sauvera.
Par contre, je ne vois pas ce qu’ils ont de dégueu… Bon, ok, ils sont pas super propres, mais faut dire que ça fait un bail qu’ils traînent dehors. Pas grave, je n’ai pas peur de les toucher, je les porterai.

Bon, comment on fait? On devrait se séparer, pour couvrir plus de terrain. Mais faut aussi qu’on trouve d’autres yeux… Peut être que tu pourrais aller du coté de la montagne, moi, j’me fais les marais. Parce que si tu veux pas les toucher, j’imagine que tu voudras pas patauger dans la bouillasse, même si je te garantis que ça rend la peau toute douce…

Je sais que je pourrais attendre sa réponse bien longtemps. Alors je me sacrifie. Je lui tends la ficelle, pour qu’elle tire dessus. Et nous pourrons passer aux choses sérieuses.

Au fait, quand on a fini le tour des marécages et de la montagne, on se retrouve sur le port, ok?