J'ai rendez-vous.

6 heures. Ce n’est pas une heure pour se lever. Et pourtant, je viens de sortir de mon lit. Aujourd’hui est un jour un peu particulier pour moi, je dois aller voir quelqu’un. Mais le campement où je dois me rendre étant assez loin du mien, il faut bien que je parte tôt, même si pour moi le matin, d’habitude je ne connais pas.
J’émerge lentement, habituant mes mirettes aux premier rayons du soleil, quel chieur celui là. Je me passe un coup d’eau, j’enfile mon plus bel habit de prêtre et je descends.
L’endroit est calme, normal tout le monde dort. Je me dirige dans les cuisines puis déjeunes tranquillement, parce que pour le trajet que je doit ma taper, faut que je prennes des forces. Une fois tout bien rangé, je prends mon bâton et enfin, je sors.

************************************************************

Le voyage a été pénible, mais au bout de 4 heures de marche, j’y suis enfin. Le campement des Ithryn baigne dans les rayons de l’autre enfoiré, les roulottes et les tentes n’échappant aucun bruit.

« Bon, et maintenant? C’est laquelle? Pas grave, on va toutes les faire. »

Je m’approche discrètement de la première roulotte, prenant bien soin de ne pas faire de bruit puis je jette un coup d’œil par la petite fenêtre.

« Des collants, de la bière, une perruque et ça ronfle… hum, c’est Arl ça. Au suivant. »

Je fais de même pour les 2 tentes et la roulotte qui suivent et j’y trouve d’abord Edrahen, puis Vegas et pour finir Eldahin. La caravane d’après à l’air de diviser le camp en deux et je me souviens que les filles ont un coin à elles, gardé par Ash. J’regarde donc pas celle-là, inutile, je passe directement à la suivante. Je penche la tête par la fenêtre et je fais l’inventaire. Des robes, des voiles transparents et des culottes en pagailles, je sais qui c’est, suivante.

J’arrive alors devant une habitation légèrement plus petite que les autres, déjà, c’est un signe. Je m’approche un peu et je trouve des flèches près de la porte, si je me rappelle bien, elle est archère, et pas très douée en plus. Enfin bref, je continue à avancer et là, le piège!
Je me prend les pieds dans un fil tendu devant mes pattes et je m’étale dans les ronces qui sont pas loin derrière. J’essaie de me retenir de crier, mais ça fait vraiment mal!

« Aïïïïeuuuuh ! Ahh ouhh la ! Aïïe ! Ahhh ahh ! »

Je bouge comme une mouche dans une toile d’araignée mais je m’en sort, dans un triste état certes, mais je m'en sors. J’ai les vêtements déchirés, la peau entaillée de partout et je saigne comme une tomate qu’on viendrait de découper.
Seulement si il n’y avait que ça. Un bruit se fait entendre dans la roulotte, ça se rapproche, la porte s’ouvre, là voilà…

« Aïïe… heu… bonjour Erhynn… »

Pagliaccio Nombre de messages : 490 Date d'inscription : 16/12/2005

Erhynn dort, perdue dans des songes agréables qui n'appartiennent qu'à elle seule. Ses bras, enserrant un polochon, donnent l'impression qu'elle enlace quelqu'un. Visage reposé auréolé d'un halo de cheveux blond, un léger souffle s'échappe de ses lèvres entrouvertes.

Lorsqu'un remue ménage, au dehors, se fait entendre, son souffle se bloque. Elle lâche son polochon et se retourne dans son lit, mais nullement réveillée, elle repart dans son monde onirique. Un cri, puis deux, ceux d'un homme qui sonnent comme un réveil brutal. Sursautant dans son lit, les yeux embrumés, elle se frotte ceux-ci de ses petits poings et jure d'une voix à peine audible contre le brailleur inattendu.

S'étirant, l'air bougon, moue boudeuse, elle enfile débardeur et jupette en vitesse et file d'un pas rageur pour sermonner celui ou celle qui fait tant de tapage et qui l'a sortie d'un rêve nostalgique, lourd de souvenirs de son passé.

Entrouvant la porte, elle glisse sa tête au dehors. Ses sourcils se haussent sous l'indignation qui monte en elle. Là dehors, se tient Sagat. Au vu de son apparence, vêtements en lambeaux, peau striée de marque ensanglantée, Erhynn ne doute pas un seul instant que son petit piège, pour repousser les hommes par trop curieux, a fonctionné.

Elle l'observe. Ainsi debout, nymbé d'une lumière rosatre bleutée, celle du soleil qui se lève. Il lui semble irréel et se demande si elle n'a pas quitté son rêve pour en commencer un autre. Mais sa voix d'homme gêné bien réelle lui ramène les pieds sur terre.

" Aïïe… heu… bonjour Erhynn… "

Elle ouvre la porte en entier, d'un geste de la main lui fait signe d'y pénétrer. Nullement pressée de se montrer joviale, la tête envahie par des images d'un Sagat comptant fleurette à une felys, elle pose ses poings sur ses hanches et reste muette. Elle feulera quand la porte sera close.Il serait dommage de réveiller ses compagnons à une heure si matinale...

Gêné et honteux d’avoir été trouvé dans une telle situation, j’accepte tout de même l’invitation d’Erhynn. Je passe devant elle la tête basse, elle a l’air irritée, ça va me retomber sur le coin du nez, je le vois gros comme une maison.
Une fois à l’intérieur elle referme la porte et là, silence. Oh la, ça sent pas bon! Je reste debout, histoire de me donner une contenance, même si je sais que ça ne va pas m’aider, et j’attends qu’elle dise quelque chose.

Deux minutes passent, toujours pas un mot. Elle me regarde, soit elle réfléchit à ce qu’elle pourrait me dire, soit elle me jauge, elle fait monter la température.
Je sais pas trop quoi faire, si je l’ouvre je vais m’enterrer encore plus mais si je continue à rien dire, elle va penser que je suis là pour une raison douteuse, pfff, je suis dans de beaux draps moi. Bon, on va changer de tactique, j’vais la jouer touriste. Je commence à jeter des petits coup de z’yeux par ci par là, j’admire la déco de l’endroit, je regarde par la fenêtre les rayons du soleil qui s’épaississent, enfin, j’découvre quoi. Finalement mon regard se repose sur elle, regarder partout c’est bien beau mais c’est pour elle que je suis venu au départ.

*Même au réveil elle est aussi belle que d’habitude…*

Ca y est je rêve éveillé. Faut que je me ressaisisse. Si je reste sans me défendre, elle va me bouffer tout cru.

Pagliaccio Nombre de messages : 490 Date d'inscription : 16/12/2005

CLAAAAAAAC

Le vacarme de la porte résonne comme un signal. Erhynn mains sur les hanches avance vers Emmet,sourcils froncés de mécontentement d'avoir été dérangée. Du haut de sa petite taille, elle relève fièrement la tête pour le toiser. Sa main droite quitte sa hanche pour se poser sur la poitrine du prêtre, D'une légère pression, elle le force à s'asseoir sur le lit. De sa taille, elle le domine maintenant. Moue mécontente, tic nerveux de la joue, Erhynn ne se contient plus.

"Espèce d'courtisan !!! Tu oses m'conter fleurette alors qu'tu l'fait à toutes les filles. Quelle naïve z'fait d'avoir pu croire que tu t'intéressait réellement à moi !"

Regard à droite, regard à gauche, personne. Les mots qui fusent lui sont dédiés. Il n'est pas tout blanc dans cette affaire, c'est un fait! Mais là non, elle en rajoute un peu.

Assis sur le lit, mains sur les genous, tête baissée, il n'a d'autre choix que de subir cet affront. Il fait tout ce chemin pour se faire sermonner, si il avait su...

Ses yeux se ferment, lentement,une goutte venant glisser sue sa joue. Il se relève alors d'un coup, un sentiment mélé de colère et de honte lui dévorant les tripes.

"Oui, j'ose! Tu es la seule à qui j'ai dit ces mots, que tu le croies ou non!"

Il avait l'avantage physique à présent, sa carrure surplombant la petite rodeuse.

Il fit un pas vers elle, l'index pointé dans sa direction, les sourcils froncés par ce sentiment d'injustice qu'il avait au fond de lui.

"La naîveté ne vient que de ce que l'on veut croire. Si tu avait pensé sérieusement que je m'interressais à toi, tout ça n'aurait pas lieu..."

Il lui tourna le dos, croisant les bras, le remord l'emplissant de toute part.

Erhynn le regarde, interloquée par son comportement. Jamais elle ne l'avais vu s'emporter auparavant, et elle reçut ces mots cruels à ses yeux comme une flèche en plein coeur. Il lui tourne le dos... Elle ose esquisser un geste du bras vers lui mais se retient de le toucher, et ramène son bras vers elle qu'elle laisse pendre le long de son corps. Elle regarde une dernière fois la haute stature longiligne de l'elfe, sa masse de cheveux bleutés, et se laisse glisser sur le sol.

Assise à terre, le dos en appui contre le rebord de son lit, elle attrape ses genoux de ses bras et enfouit sa terre dans le creux formé. La traiter de naïve, c'était la qualifier de sotte sans cervelle. Et cela lui faisait mal de savoir que Sagat n'avait vu que ça en elle. Ses poings se crispent à en devenir blanc, elle se mord les lèvres pour ne pas hurler. On la juge sans la connaître vraiment, on ne perçoit que la zozotteuse rigolotte, et pourtant elle est bien plus que cela... Ne plus y penser... oublier... Faire le vide... oublier ces mots qui se cognent contre les murs de son esprit. Pourquoi faut-il se faire du mal alors qu'il est si simple de dire je t'aime ? Ce monde la pervertit, peu à peu son âme devient aussi laide que la leur...mort, intrigue, méchanceté... Ne l'avait-on pas mise en garde ? Son monde à elle était si pur, si beau...

Et là surgissent des paroles tant entendus dans sa jeunesse qui lui reviennent en tête. Des voix inondent sa tête, des voix familières. Erhynn fait tout pour les chasser en pensant à autre chose mais n'y arrive pas.

...Ce monde est cruel Erhynn... GRrrRRrr si tu y vas tu ne serrrra plus jamais ma fille... Tu dépériras la-bas Erhynn... Erhynn !!! Noooooon !!!! c'est interdit !!! ... Je te sens malheureuse ma puce... Erhynnn reviens à nous... GrrrRRrRRr ne t'avait-on pas prrrrévenu, ma fille ? ...

La jeune hybride, laisse couler les larmes sur son visage. Il est temps de retourner d'où elle vient. Ce monde n'est pas pour elle. Les gens d'ici sont si différents, si lunatiques par moment. Elle n'est pas à sa place au point de se sentir mal à l'aise. Une voix fait écho à ses pensées "je ne me sens pas à ma place". Erhynn revoit le visage de son auteur. Comme elle aimerait l'amener dans son monde, l'arracher à ses démons. Mais jamais il ne trouverai sa place, car ce n'est pas chez lui.

Erhynn d'un revers de la main sèches ses larmes, en renifflant. De ses mains elle prends appui sur le sol et se relève prestement. De son chemin elle se souvient, et celui ci n'est pas bien loin. Aussi décide-t-elle de partir sans rien hormis son arc. Un dernier regard à Sagat, celui qui l'aura le plus décue, et la voilà déjà main sur la poignée de porte...

Sa main sur la poignée.

La porte s'ouvre devant elle.

Il pleure. Il pleure plus qu'il n'a jamais pleuré dans sa vie. Pour elle, il pleure. Il porte ses mains à son visage, cachant sa laideur, pas celle qu'on peut voir, non, il cache cette abomination qu'il est intérieurement. Il se serait tuer pour avoir tenu pareils propos. Tous ces mots, blessants, humiliants, qu'il avait pu prononcer. Ces mots, ce n'était pas lui. Il ne savait pas d'où ils venaient. Ils étaient sortis, sur le coup de la colère, de nul part, trahissant ses pensées envers elle, montrant malgré lui une sombre image, qu'il pensait à jamais enfouie dans son être.

Les larmes coulaient sur son visage, parcourant un chemin tout tracé, avant de terminer sur le sol, dans un bruit qu'elle ne pouvait entendre, enfin il l'espérait.
Ses sanglots le trahissaient pourtant, soupirs effrénés entre deux coulées de larmes.
Il voulait la retenir, c'était là sa seule pensée. Qu'elle reste, avec lui, qu'ils vivent ici ensembles. Mais comment?
Il ne pensait pourtant pas fauter. Loin de lui cette idée. Jamais il n'avait voulu lui faire de mal. Ses jeux avec ces dames n'étaient dans le but que d'attirer son regard sur lui, faire ressortir entre toutes choses, l'intérêt qu'elle lui portait, attendant un signe, un mot, qu'il n'avait jamais reçu.
Peut-être ne l'avait-il simplement pas vu, ce déclic qui les aurait réunis. Peut-être était-il déjà trop proche d'elle pour voir ces messages si lointains. Ses sentiments avaient-ils troublé sa vue, à tel point qu'il ne distinguait plus ces attentions qu'elle avait envers lui?

Il tomba à genoux, ses bras pendant le long de son corps, les poings serrés. Il pleurait toujours, d'ailleurs, il n'aurait pu s'arrêter pour rien au monde. Ses sanglots se faisaient de plus en plus forts, elle ne pouvait plus les ignorer, préférant ne pas se retourner, pour garder un minimum de fierté face à lui.
Son cerveau s'embrumait, ses pensées s'effaçaient, une à une, pour ne laisser place qu'à une image, un sourire, elle.
Elle l'avait hanté depuis son arrivée. Depuis ce jour où il avait foulé la terre de ce campement, depuis le moment où il avait posé les yeux sur elle.
Il frappa le sol de son poing. Puis recommença une seconde puis une troisième fois, s'ouvrant la main sur le plancher ciré, le maculant de son sang impur. Mais rien à faire, cette image, ce minois qu'il appréciait tant ne voulait pas disparaître, il ne disparaîtra jamais.

Il baissa la tête vers le plancher, impuissant, des gouttes salées venant s'abattre sur le sol, tels les lames qui transperçaient son cœur.
Son cœur? L'avait-il oublié? Cette pensée l'oppressa plus que toutes autre. Si seulement il avait écouté son cœur.
Sa conscience proclamait ses droits, lui bourrant le crâne de choses futiles comme la timidité et le manque de confiance en soi. Si il avait écouté son cœur, qui essayait tant bien que mal, de se frayer un chemin parmi tout ces sentiments qui l'envahissait chaque jour.
Il l'aurait entendu. Il aurait entendu cet appel, qui lui criait de ne pas se poser tant de questions, de laisser le temps faire son oeuvre. Mais c'était plus fort que lui.
Alors au lieu de vivre heureux, parmi ces amis et près d'elle, il était partit s'enfermer dans ce monde, son monde, rempli de tristesse et de mélancolie, qui lui rappelait sans cesse qu'il était seul, seul au monde.

Le vent souffla dans ses cheveux, des larmes abondaient dan ses yeux, il voulait crier, à cet instant, mais il ne pouvait plus. Vidé de tout ce qu'il possédait, il n'était plus rien et elle allait partir.
Un geste de la main, inutile, une pensée pour elle, l'étant tout aussi, il est là, l'homme le plus tiraillé de ses terres, sur le sol, et elle s'en va.

Sa main sur la poignée.

La porte se referme derrière elle.

"Erhynn. Je t'aime."

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